Le Dialogue au Regard de l’IslamNous présentons, ci-après, les termes et les vocables les plus marquants qui signifient la notion de dialogue : 1. At-tahâwur (le dialogue) : c’est l’échange verbal à caractère interactif entre les interlocuteurs. Ce mot est un nom d’action dérivé du verbe "hâra, yahûru" qui signifie "retourner". Ce verbe est mentionné dans le Saint Coran, dans le verset qui évoque "celui qui recevra son livre derrière son dos", lequel "pensait que jamais il ne ressusciterait"(4). Le dialogue implique l’interaction de deux parties entretenant un échange verbal : un locuteur et un allocutaire, ou un émetteur et un récepteur. Le but est de parvenir par le biais de cet échange à une opinion commune ou à une conclusion partagée assise sur des préalables et principes acceptés des deux parties. Ceci étant, le dialogue ne peut se maintenir et se poursuivre que si l’un des interlocuteurs est d’accord avec l’autre et le suit dans la progression et les conclusions de son raisonnement. Toutefois, dès lors que la conversation se transforme en affrontement, en opposition ou en controverse, les deux parties se trouvent en situation de polémique (jadal). Dieu le Très-Haut a dit : * "Et il avait des fruits et dit alors à son compagnon avec qui il conversait : ‘je possède plus de biens que toi, et je suis plus puissant que toi grâce à mon clan’"(5). Le Très-Haut a dit également : * "Son compagnon lui dit, tout en conversant avec lui : ‘Serais-tu mécréant envers celui qui t’a créé de terre, puis de sperme et enfin t’a façonné en homme ?’"(6). * "Allah a bien entendu la parole de celle qui discutait avec toi à propos de son époux et se plaignait à Allah. Et Allah entendait votre conversation, car Allah est Audient et Clairvoyant"(7). 2. Al-Jadal, al-Jidâl, al-mujâdala : notions qui signifient la dialectique, la discussion, le débat, la polémique et la controverse. Elles impliquent une conversation fondée sur la capacité d’argumentation et visent essentiellement la persuasion par la preuve, pour parvenir à édifier celui qui est incapable de percer l’essence d’une chose. Il s’agit là aussi de confrontation d’arguments et de dialectique pour convaincre l’allocutaire et rectifier ses informations. Prise dans cette acception, la discussion pourrait éventuellement s’accompagner de différend et de querelle en ce sens que la partie antagoniste y est pleinement engagée. Pour l’essentiel, la dialectique tire son origine du dialogue. Ainsi, pour Platon, le dialecticien ou le polémiste est "celui qui a une bonne maîtrise de la question et de la réponse". Et c’est là une parfaite définition du dialogue. Dans le même paradigme sémantique, on parle aussi de l’éristique (al-jidâl) qui se définit comme l’art de la controverse, bien que son acception, comme nous le verrons plus loin, se rapproche davantage de la dispute, de la contradiction et de la querelle. La notion de polémique (al-mujâdala) qui figure dans le Saint Coran comme titre de la sourate 58, exprime plutôt la réciprocité dans la controverse. Sur le plan lexical, tous ces termes dérivent du verbe "jadala" qui veut dire "se disputer, se quereller avec, prendre à partie, être en litige avec..". Le terme "al-jadal" dans le sens de dissidence et d’antagonisme d’opinions qui peuvent parfois conduire à un conflit ou à une dispute d’envergure. C’est ce qui est notamment mentionné dans deux nobles versets coraniques où Dieu le Très-Haut a dit respectivement :
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