LE SHIISME, PROLONGEMENT NATUREL DE LA LIGNE DU SAINT PROPHETE4)- les incidences sur les musulmans, des confrontations qu'ils ont eues avec «les gens du livre» et avec les différentes cultures religieuses qu'ils côtoyaient. en effet, ce contact permanent entre l'islam et les idées que propageaient les adversaires du nouveau message, en l'occurrence les adeptes des cultures religieuses antérieures, constituaient une source d'inquiétude et de troubles constants, et ont conduit, comme on le sait, à la formation d'un courant de pensée israélite qui s'est infiltré, involontairement ou par malveillance, dans beaucoup de domaines de la pensée. il suffit de jeter un coup d'oeil scrutateur sur le noble coran, pour découvrir l'ampleur du contenu de la pensée contre-révolutionnaire, et combien la révélation prenait soin de la souligner et de réfuter. 5)- le but que le grand educateur (le prophète) poursuivait sur le plan général et pendant cette période était de former une base populaire saine avec laquelle la nouvelle direction du message pouvait traiter (de son vivant et après sa disparition) et poursuivre l'expérience islamique. le but (transition) du prophète à cette époque, n'était point d'amener la ummah au niveau où elle pouvait se charger elle-même de la direction de l'appel, c'est-à -dire à un niveau où elle aurait assimilé parfaitement le message, en une connaissance jurisprudentielle profonde et intégrale de ses statuts (du message) et une fusion complète avec ses conceptions. la détermination du but pour cette période de la façon que nous venons de signaler, était tout à fait logique et s'imposait par la nature de l'action de changement. car il n'était raisonnable de fixer un but que selon les possibilités pratiques existantes, et il n'y avait de possibilités pratiques dans un cas comme celui auquel était confronté l'islam, que dans les limites que nous avons soulignées, étant donné que le fossé moral, spirituel, intellectuel et social entre le nouveau message et la réalité corrompue qui prévalait à l'époque ne permettait pas d'élever la ummah au niveau où elle pouvait diriger elle-même, directement, le message. c'est ce que nous expliquons dans le point suivant pour démontrer que, soumettre la direction de l'expérience de la transformation à une régence assurée par l'imams d'ahl-ul-bayt et le califat de l'imam alî, était une nécessité qu'imposait la logique de l'action révolutionnaire tout au long de l'histoire. 6)- une grande partie de la ummah, lors de la disparition du prophète, se constituait de ce qu'on appelle les musulmans de la conquête, c'est-à -dire ceux qui s'étaient convertis à l'islam après la conquête de la mecque et une fois que le nouveau message était le maître de la situation, politiquement et militairement parlant, dans la péninsule arabie. ces musulmans-là , le prophète n'a pu avoir que peu d'échanges avec eux, pendant la courte période qui s'étendait entre la conquête de la mecque et sa disparition. de même, ce peu d'échanges qu'il a eus avec les dits musulmans, il les a eus surtout en tant que gouvernant, en raison de la nature de la phase que traversait l'État islamique. c'est pendant cette phase que l'idée des «cours à rallier»(47) était apparue et a trouvé sa place dans la législation de la zakât et dans d'autres domaines. or, cette partie de la umma n'était pas séparée de ses autres parties. au contraire, elle y était intimement liée, elle les influençait et en subissait les influences. au vu de ces six points, nous pouvons constater que l'éducation prophétique était très fructueuse, qu'elle a réalisé une transformation inégalable et qu'elle a formé une génération répondant au but du prophète de constituer une base populaire, prête à entourer la direction de la nouvelle expérience et à la soutenir. c'est pourquoi on remarque que cette génération accomplissait bien son rôle de base populaire irréprochable tant que le prophète assurait la direction du message. et si cette direction avait conservé, après le décès du prophète, la voie que dieu lui avait tracée, la base aurait continué son rôle parfait. mais cela ne signifie en aucun cas que celle-ci était effectivement préparée à assurer elle-même la direction de la nouvelle expérience. car une telle préparation aurait nécessité chez cette génération plus de fusion spirituelle avec le message, plus de foi en lui, une plus large connaissance de ses prescriptions, ses conceptions et ses différents points de vue sur la vie, une plus grande épuration dans les rangs des musulmans afin de se débarrasser des hypocrites, des intrus et des éléments subversifs, et des «coeurs à rallier» (al-mu'allafa qulubulum) qui constituaient encore une grande partie de cette génération - que ce soit par leur nombre ou par les positions historiques qu'ils qu'ils occupaient - et exerçaient des influences d'autant plus négatives que le noble coran le relate lorsqu'il parle des hypocrites, de leurs complots et de leurs attitudes. certes, cette génération comptait quelques très bons éléments tels que salmân, abû tharr, 'ammâr, etc. auxquels l'expérience islamique a pu donner une formation missionnaire d'un niveau sublime en les fusionnant dans son creuset. mais la présence de ces quelques très bons éléments parmi la vaste génération en question ne prouve pas que celle-ci ait atteint dans son ensemble le degré de formation qui justifie qu'on lui confie la mission de diriger l'appel sur la base de chourâ. même chez ceux qui ont atteint un haut niveau d'endoctrinement parmi cette génération, la plupart ne possédaient pas les qualités requises qui permettent de supposer leur aptitude missionnaire à diriger l'expérience sur le plan intellectuel et culturel, et ce malgré leur dévouement et leur attachement profond et sincère à l'islam. car celui-ci n'est pas une théorie humaine susceptible de se préciser intellectuellement avec la pratique et l'application et dont les concepts peuvent se cristalliser à travers l'expérience. l'islam est, avant tout, un message divin dans lequel les prescriptions et les notions sont prédéterminées, et que dieu a pourvu de toutes les législations générales que l'expérience nécessite. pour diriger donc cette expérience il faut absolument assimiler toutes les limites et tous les détails du message, et avoir une conscience profond de toutes ses conceptions. autrement, on risquerait d'interpréter d'une façon personnelle ses axiomes et ses postulats, ce qui pourrait conduire l'expérience à subir des revers dans son cheminement, risque d'autant plus grave que l'islam et le message divin final ou «le sceau des messages divins», et que de ce fait, il doit s'étendre à la longueur du temps et dépasser les limites de «temporel», du «régional» et du «national». c'est pourquoi, il ne faut pas que sa direction qui constitue le fondement de cette étendue, soit basée sur le principe de «l'essai et l'erreur», lequel principe comporte le risque de l'accumulation des erreurs (à travers l'étendue du temps), et par conséquent de la naissance de failles et de l'écoulement de l'expérience. on peut formuler les conclusion que nous venons de tirer, de la façon suivante: l'action éducative que le prophète a exercée sur un plan général auprès des muhâjirine et des ançâr n'était pas de nature à préparer une direction consciente, intellectuelle et politique pour l'avenir de l'appel et la poursuite de l'opération du changement entrepris par le messager, mais à édifier une base populaire consciente, susceptible de soutenir la direction de l'appel, du vivant du prophète et après sa mort. toute supposition visant à faire croire le prophète avait oeuvré en vue de confier la direction et la tutelle de l'appel directement après sa disparition à la génération des muhâjirine et des ançâr, accuserait implicitement le plus grand et le plus clairvoyant guide missionnaire de toute l'histoire des expériences révolutionnaires (de transformation), d'être incapable de distinguer de conscience requis au niveau de la base populaire de l'appel, du degré de conscience requis au niveau de la direction de l'appel ou de son imamat(48) (avant-garde) idéologique et politique. iii - l'appel est une opération de transformation et un mode de vie nouveau. il comporte donc la reconstruction de la ummah t l'extirpation des racines et des séquelles de la jâhiliyyah (la société préislamique). la ummah islamique - dans son ensemble - n'avait vécu cette opération de changement que pendant une décennie tout au plus. or, cette courte période ne suffit pas normalement et selon la logique des messages doctrinaux et des mouvements révolutionnaires (de changement), à former, chez la génération qui n'a vécu que pendant dix ans l'expérience du changement, un niveau de conscience, d'objectivité, de libération des séquelles du passé, et d'assimilation des données du nouveau message, susceptible de la qualifier pour la tutelle du message et la responsabilité de poursuivre sans dirigeant l'opération du changement. pour que la ummah ait pu atteindre le niveau qui la qualifie pour assurer cette tutelle, elle avait besoin d'une plus longue période de régence. c'est là la logique de tous les messages doctrinaux. mais cette affirmation ne traduit pas seulement une simple déduction. elle exprime aussi une vérité que les événements survenus après la mort du prophète-dirigeant corroborent et qui est apparue au grand jour, un demi-siècle (ou même moins) plus tard à travers l'exercice du pouvoir (la direction ou la tutelle de l'appel) par la génération des muhâjirine et des ançâr. en effet, un quart de siècle à peine après que cette génération s'est chargée de la tutelle de l'appel, le «califat bien dirigé»(49) et l'expérience missionnaire ont commencé à s'écouler sous les coups violents des anciens ennemis de l'islam - mais opérant cette fois-ci de l'intérieur et non pas de l'extérieur de l'appel - qui avaient pu s'infiltrer progressivement dans les centres d'influence, et s'emparer insolemment et violemment de la direction en profitant de son inconscience. ils n'ont pas tardé à obliger la umma, ainsi que sa génération d'avant-garde, de renoncer à sa personnalité et à sa direction. il s'en est suivi que la direction du message s'est transformée en une propriété héréditaire qui bafouait la dignité des fidèles, assassinait les innocents, gaspillait les biens de la umma, suspendait les peines prescrites, gelait les dispositifs de la loi, disposait à sa guise des destinées des musulmans, que les dépouilles (al-fay') et les biens sont devenus une ferme privée des quraych, et le califat, un ballon avec lequel jouaient les gamins des omayyades.
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