LE SHIISME, PROLONGEMENT NATUREL DE LA LIGNE DU SAINT PROPHETEon attribue aussi ces propos à l'imam ali: «j'avais deux entrées chez le prophète, l'une pendant la nuit, l'autre pendant la journée». al-nisaî, rapporte cet autre témoignage de l'imam ali: «si je posais des questions au prophète, il me répondait, et lorsque je me taisais, c'est lui qui commençait (à m'instruire)(52) ». al-hakim, lui aussi, a rapporté ce même témoignage. toujours selon al-naçaï, om salam jurait que ali était le dernier des musulmans à voir le prophète et disait: «le matin du jour où le messager de dieu a rendu son âme, il attendait le retour de ali qu'il avait envoyé pour une commission, je crois, et il a demandé trois fois: ali est-il revenu? celui-ci est arrivé avant le lever du soleil. lorsqu'il est entré, nous avons compris que le prophète avait quelque chose de confidentiel à lui dire. c'est pourquoi nous sommes sortis de la maison. c'était dans la maison de aïcha. j'étais la dernière à sortir de la maison, et je me suis assise juste derrière la porte. parmi les assistants, j'étais la plus proche d celle-ci. j'ai vu ali s'approcher de lui. il était le dernier à voir le prophète. celui-ci s'est mis à lui confier ses secrets et lui faire des confidences». dans une célèbre oraison, l'imam nous décrit son lieu, unique en son genre, avec le messager-dirigeant et le soin particulier avec lequel celui-ci le formait t le préparait (à la tutelle de l'appel): «vous connaissez ma proche parenté avec le messager et ma position particulière auprès de lui. il me mettait dans son giron lorsque j'étais tout petit. il me serrait contre sa poitrine, m'entourait dans son lit, me faisait toucher son corps et sentir son parfum. il mâchait les aliments avant de me les mettre dans la bouche. il ne m'a jamais entendu mentir, ni ne m'a jamais vu commettre une faute dans mes actes. je le suivais comme le petit chameau suivait sa mère. chaque jour il m'apprenait davantage de sa morale et m'ordonnait de suivre son exemple. chaque année, il m'amenait à harâ, où je le voyais, alors que personne ne pouvait en faire autant. en ces moments-là l'islam réunissait sous un même toit, le messager, khadija et moi, le troisième. j'y voyais la lumière de la révélation et du prophète, et j'y sentais le vent de la prophétie». tous ces témoignages et bien d'autres nous donnent une idée de la formation missionnaire que le prophète assurait à l'imam ali en vue de l'élever au niveau de la direction de l'appel. de même la vie de l'imam ali après la disparition du messager, nous fournit de très nombreux indices révélateurs de cette formation doctrinale spéciale dont elle reflète les traces et les résultats. ainsi, l'imam ali s'affirmait comme le refuge et la référence, auquel recourait le califat chaque fois que celui-ci se trouvait confronté à un problème dont il ne connaissait pas la solution. et si l'on ne connaît, dans l'histoire de l'expérience islamique sous les quatre califes bien dirigés(53), aucun cas où l'imam ali ait en recours à quelqu'un pour lui demander quel est l'avis de l'islam sur telle ou telle autre question, on peut citer en revanche des dizaines de cas dans lesquels les califes au pouvoir étaient acculés à faire appel à lui, malgré les réserves qu'ils avaient à ce sujet. si nombreux sont les indices qui montrent que le prophète préparait l'imam ali spécialement pour lui confier la direction de l'appel après sa disparition, il y a autant d'indications qui prouvent que le messager avait rendu public son plan (de succession) et qu'il avait désigné publiquement et officiellement l'imam ali pour assurer la direction intellectuelle et politique de l'appel. en témoignent, hadith al-dar, hadith al-thaqalayn, hadith al-menzilah, hadith al-ghadir... ainsi que des dizaines d'autres hadith prophétique. ainsi, le chiisme est donc né dans le cadre de l'appel islamique comme l'expression de la thèse prophétique que le messager avait présentée, sur ordre de dieu, afin de protéger l'avenir de l'appel. par conséquent, le chiisme n'était pas un phénomène accidentel sur la scène des événements, mais le résultat nécessaire de la nature de la formation de l'appel, de ses besoins et des circonstances originelles qui ont imposé à l'islam d'engendrer le chiisme. en d'autres termes, ces circonstances et la nature de la formation de l'appel imposaient au premier dirigeant de l'expérience (le prophète) d'en préparer le second dirigeant (l'imam ali) afin que celui-ci, ainsi que ses successeurs, assurent son développement révolutionnaire, oeuvrent en vue de réaliser son objectif d'extirper toutes les séquelles et racines du passé préislamique (jâhilite), et d'édifier une ummah digne de se hisser au niveau des exigences et des responsabilités de l'appel. deuxiÈme partie : comment se sont constituÉs les chiites?
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