LE SHIISME, PROLONGEMENT NATUREL DE LA LIGNE DU SAINT PROPHETE- que omar était conscient de la gravité de la situation le jour de la saqîfah(17), et des complications que pourrait créer la désignation improvisée d'abû bakr au califat, puisqu'il a déclaré à ce propos: «c'était une erreur et allah nous en a évité les conséquences fâcheuses»(18); et puisqu'abû bakr lui-même a justifié sa hâte à accepter du prophète, par la gravité de la situation (créée à la suite de la mort du prophète) et de la nécessité de lui trouver une solution rapide, en déclarant (lorsqu'on l'a blâmé d'avoir accepté le pouvoir): «le messager de dieu a rendu l'âme alors que les fidèles n'avaient pas assez de recul pour oublier la jâhiliyyah. c'est pourquoi, mes amis m'ont chargé de cette responsabilité».(19) si tout cela est donc vrai, il est tout naturel et évident que le précurseur et prophète de l'appel islamique, était encore plus conscient que tout autre de l'islam après sa mort, et qu'il comprenait mieux que quiconque la nature de la situation et les exigences de l'action de transformation révolutionnaire qu'il exerçait auprès d'une umma qui venait de quitter la jâhiliyyah de fraîche date, selon l'expression d'abu bakr. 2- la seconde hypothèse absurde qui expliquerait la prétendue passive du prophète vis-à -vis du sort et de l'avenir de l'appel après sa mort, c'est de penser que, bien qu'i fût conscient du danger que comporte cette passivité, il ne fit rien qui pût prévenir l'appel de ce danger, et ce parce qu'il aurait considéré l'appel dans un esprit intéressé, se contentant de le protéger tant qu'il vivait lui-même, afin d'en tirer profit et de jouir de ses avantages, sans guère se soucier de la suivre de l'appel après sa propre disparition. hypothèse d'autant plus insensée que, même si l'on dépouillait le prophète de sa qualité de messager de dieu et que l'on oubliait qu'il était en contact permanent avec la providence pour tout ce qui concerne l'appel, même si nous nous contentions de le considérer comme un dirigeant missionnaire, pareil à l'autres dirigeants de message, cette hypothèse ne pourrait s'appliquer à lui, dirigeant missionnaire inégalé dans le dévouement qu'il montrait pour l'appel, dans la fidélité qu'il lui vouait et dans les sacrifices qu'il lui offrait jusqu'au dernier moment de sa vie. toute son histoire en porte témoignage. même lorsqu'il était sur son lit de mort et que sa maladie s'aggravait sérieusement, il n'a cessé de se préoccuper d'une bataille dont il avait établi des plans et pour laquelle il avait préparé l'armée de usâmah. c'était de son lit de mort qu'il ne cessait de donner les ordres suivants, entrecoupés de pertes de conscience répétées: «prépares l'armée de usâmah! mettez-la sur pied de guerre...»(20). si le prophète s'est montré si préoccupé par l'un des aspects militaires de l'appel, alors même qu'il s trouvait sur son lit de mort, et tout en sachant qu'il mourrait avant d'avoir cueilli les fruits de cette bataille, comment peut-on concevoir qu'il ne se souciait pas de l'avenir de l'islam et qu'il n'établissait pas des plans pour le prévenir des dangers qui le guetteraient après sa mort? enfin, un seul faut survenu lors de la dernière maladie du messager suffit à prouver que celui-ci n'avait pas choisi cette première voie et qu'il était à mile lieues d'adopter une attitude passive vis-à -vis de l'avenir de l'appel, d'ignorer le danger d'une telle attitude ou de ne pas s'en soucier. ce fait, tous les Çihâh (ouvrages spécialisés reproduisant les hadiths(21) authentiques) des musulmans, sunnites et chiites, l'ont rapporté: il s'agit de ce que le prophète a dit au moment de mourir, en présence de plusieurs témoins dont omar ibn al-khattâb: «apportez-moi l'épaule (la planche) et l'encrier pour que je vous écrive une lettre (testament) grâce à laquelle vous ne vous égarerez pas».(22) ce gestes du guide, dont l'authenticité fait l'unanimité des musulmans, montre clairement que le prophète pensait aux dangers qui planaient sur l'avenir et qu'il était profondément conscient de la nécessité d'immuniser la umma contre la déviation et de protéger l'appel des risques de relâchement t d'écroulement. donc, en aucun cas on ne peut envisager l'hypothèse d'une attitude passive de la part du prophète à l'égard de l'avenir de l'appel. la deuxiÈme voie la seconde voie que le prophète pouvait choisir vis-à -vis de l'avenir de l'appel, c'était d'adopter une «attitude active»(23) et de préparer un plan pour sa succession, qui consisterait à confier la tutelle de l'appel et la direction de l'expérience(24) à la ummah elle-même, laquelle serait représentée, selon le système de choura (concertation), par la première génération doctrinale qui comprenait l'ensemble des muhâjirine et des ançâr. cette génération qui est la représentante de la ummah serait le fondement du pouvoir et l'axe de la direction de l'appel dans le cours de son développement.
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