LE SHIISME, PROLONGEMENT NATUREL DE LA LIGNE DU SAINT PROPHETEainsi, contrairement à ce que pourrait croire un profane ou un musulman non averti, c'est le premier courant, celui de l'«observance du texte» ou du «respect scrupuleux de la sunnah du prophète» qui constitue l'origine, le noyau et la base du chiisme.(7) par conséquent, la première constatation que l'auteur nous invite à faire, c'est que le chiisme est né d'un courant islamique attaché au respect scrupuleux de la sunnah du prophète (p), et opposé à un autre courant islamique tendant à faire prévaloir son opinion personnellehé face aux directives prophétiques. après le décès du prophète (p), alors que le courant de l' «opinion personnelle face au texte du prophète» - celui de la saqîfah - accéda au pouvoir et devient de ce fait majoritaire dans la ummah; l'autre courant, celui de l' «observance du texte» estima que le respect de la sunnah lui imposait l'obligation de considérer l'imam ali ibn abî tâlib (p) comme le successeur légitime du prophète (p), et devient - du fait de son opposition au pouvoir - le courant minoritaire au sein de l'État islamique. ainsi l'imam ali (p) et ses descendants d'ahl-ul-bayt se transformèrent peu à peu en symbole de l'attachement à la sunnah prophétique et de la ligne islamique légitimiste. les partisans de cette ligne ou de ce courant islamique seront appelés les chiites (les partisans de al i(p). comme on peut le constater, les termes «sunnisme» et «chiisme» par lesquels on oppose généralement les héritiers respectifs des deux courants initiaux, ne correspondent pas à la réalité historique et sont improprement conçus et utilisés, surtout lorsqu'ils sont définis l'un par rapport à l'autre ou l'un par opposition à l'autre. en effet, on a généralement tendance à définir le chiisme comme le courant des partisans de l'imam ali (p) et le sunnisme comme la tendance des partisans de la sunnah. or, si l'on définit le terme «sunnisme», dérivé du mot «sunnah» comme l'attachement à la sunnah, les chiites ont plus d'un titre de s'en réclamer et de le revendiquer. car, comme nous venons de le voir, la «raison d'être» du chiisme, c'est d'abord l' «observance du texte» et le refus de s'en écarter; de là son opposition au courant de la saqîfah. ensuite les chiites ne sont les «partisans de ali (p)» que parce qu'ils sont attachés à la sunnah et que ce dernier symbolise, incarne et traduit cet attachement. c'est dire que l'attachement à l'imam al i(p) est un trait secondaire et non essentiel du musulman chiite. il est subordonné à l'attachement à la sunnah du prophète. enfin, faut-il rappeler que de même que l' «observance du texte» ne se limite pas, chez les chiites, à la désignation de l'imam ali (p) comme successeur du prophète (p), mais s'étend à toutes les stipulations de la sunnah, de même le recours à donc les appellations «sunnisme» et «chiisme» par lesquelles on désigne généralement les adeptes des deux courants originels précités, contribuent à entretenir le malentendu et les préjugés, à fausser la signification réelle de l'attachement à la sunnah et à cultiver un terrain favorable à la propagation des contre-vérités. aussi faudrait-il assigner aux deux termes leur signification réelle qui correspond à la vérité des faits: le «sunnisme» peut être défini comme l'orthodoxie loyaliste, c'est-à -dire la tendance dominante et caractérisée par sa loyauté envers le pouvoir califal établi; par opposition au chiisme, courant légitimiste, considérant l'imam ali (p) (et la ligne qu'il représente) comme le seul successeur légitime et légal du prophète (p). cela étant dit, il convient de noter que sayyed mohammad bâqir al-sadr ne cherche guère à opposer dans ce livre le chiisme au sunnisme - d'ailleurs ce dernier terme n'y figure point - mais seulement de corriger la désinformation et dissiper les malentendus afin de permettre aux masses de musulmans de s'unir autour de la charia représentée par le coran et la sunnah auxquels elles sont toutes solidement attachées. en soulignant quelques hadith du prophète (p) et quelques témoignages de certains califes, l'auteur fournit au musulman des repères qui lui permettent de rechercher la vérité lui-même à travers toutes les références historiques de l'islam, sans tenir compte des préjugés et des idées reçues et tendancieuses que les auteurs de ces références pourraient lui suggérer. de nos jours, alors que des voix malveillantes s'élèvent çà et là pour remettre en question les sources mêmes de la charia, beaucoup de musulmans s'interrogent sur le passé, le présent et l'avenir de l'islam! mais n'est-il pas plus logique et plus équitable de regarder plutôt du côté de l'application qu'on a faite de la noble charia? n'est-ce pas le devoir le plus élémentaire de tout musulman. l'auteur n'entend point inciter le musulman à épouser le rite juridique chiite plutôt qu'un autre, mais tout simplement à connaître et respecter les préceptes du message dans leur intégralité, ou tout au moins, à avoir le courage de rendre justice à ceux qui se sont acharnés à les observer, malgré toutes sortes de répression et de vexation qu'ils ont subies des siècles durant. si nous refusons de souligner objectivement les erreurs de nos prédécesseurs, comment nous serait-il possible de corriger nos propres défauts et errements aujourd'hui?
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