La rencontre de Mûsâ (as) et de Khidhr (as) selon le Coran et les hadiths



Le mot huqub / حقب désigne une longue durée, que certains ont évaluée à 80 années. Lorsque Mûsâ (as) emploie ce mot, il exprime ceci : « Je n’abandonnerai pas mes efforts avant d’avoir découvert ce que j’ai perdu, quel que soit le nombre d’années que cela prendra. Â» (voir sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 60) Dans cette phrase, c’est le mot aw / أو qui est utilisé, ce qui dénote la présence du doute. Il se peut que ce soit là le signe que dans la phrase antérieure, à savoir « Quand ils eurent atteint le confluent des deux mers » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 61), un terme venant en face du mot huqub / حقب, et qu’en réalité Mûsâ (as) exprime au jeune qui l’accompagne : « Soit je parviens à atteindre rapidement le confluent des deux mers, soit je vais devoir attendre très longtemps avant de l’atteindre. Â» Avec l’assurance donnée au sujet du confluent, il apparaît que c’est cette première éventualité qui se réalise, et voilà qu’ils atteignent leur objectif en peu de temps. ‘Allâmeh Tabâtabâ’î déclare : « Le mot huqub / حقب désigne le temps qui passe, et si cela n’était pas le cas, il appuierait la notion de suppression, alors qu’ici, il est bien question de longue durée. Â» Ainsi, le sens du verset est le suivant : « Moïse dit à son jeune serviteur : ‘Je n'aurai de cesse que je n'aie atteint le confluent des deux mers ; devrais-je marcher durant de longues années.’ » (13) (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 60).

Divergences à propos du poisson utilisé par Mûsâ (as) et son compagnon

A partir de l’ensemble des propos énoncés précédemment, il apparaît visiblement que Mûsâ (as) recherche quelque chose d’important qui a été perdu, une chose qu’il recherche durant la pleine lune. Il a affermi sa résolution et pris la décision de ne pas s’arrêter tant qu’il ne l’aurait pas retrouvée. La chose perdue que Mûsâ (as) est chargé de retrouver comporte une grande influence sur son destin et ouvre un nouveau chapitre dans sa vie. Il est effectivement à la recherche d’un savant capable de lever les voiles qui scellent son regard, de lui montrer des vérités nouvelles et d’ouvrir devant lui les portes des savoirs et des sciences. Quoi qu’il en soit, « Quand ils eurent atteint le confluent des deux mers, ils oublièrent leur poisson qui reprit librement son chemin (sarab) dans la mer. Â» (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 61). Selon ce que dit Râghib dans son Mûfradât fî ghârib, sarab / سرب signifie soit descendre une pente, soit la pente elle-même. ‘Allâmeh Tabâtabâ’î précise : « Le mot sarab / سرب désigne la doctrine, la religion. Sarab / سرب et nafaq / نفق représentent la voie que l’on creuse sous terre, invisible au commun des mortels. C’est comme si la voie que le poisson de Mûsâ (as) a empruntée pour se rendre jusqu'à la mer était semblable à un tunnel dans lequel on entre et où l’on disparaît. Concernant le fait que ce poisson qui a visiblement été emporté pour servir de nourriture soit un poisson frit, salé ou frais et qu’un miracle le ramène à la vie, lui permettant de retourner dans les flots et de nager, des controverses ont eu lieu entre les exégètes. Â»

‘Allâmeh Tabâtabâ’î poursuit : « A partir des deux versets qui suivent, nous pouvons déduire que le poisson cité est un poisson salé et/ou grillé, ce qui va de soi puisqu'il est leur nourriture de voyage, il ne pouvait donc s’agir d’un poisson frais. Â» Pourtant, ce poisson grillé recouvre la vie lors de l’étape où les deux voyageurs se reposent, se jetant lui-même à la mer. Le jeune homme qui accompagne Mûsâ (as) est témoin de sa résurrection et le voit nager dans l’eau de la mer. Cela dit, il oublie de le dire à Mûsâ (as), tandis que Mûsâ (as) oublie de lui demander où se trouve le poisson. Et le passage : « ils oublièrent leur poisson Â» (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 61), indique que Mûsâ (as) a oublié qu’il y a le poisson dans le panier alors que son compagnon a lui, oublié de lui dire que le poisson est revenu à la vie et qu’il s’est jeté à la mer. C’est là la conclusion à laquelle sont également arrivés les exégètes. Or, nous devons rappeler que les versets discutés ne précisent pas si le poisson en question est revenu à la vie après avoir été mort. Cette exégèse provient uniquement de ce qui ressort de la phrase : « ils oublièrent leur poisson Â», et des mots que son compagnon adresse à Mûsâ (as) : « j’ai oublié le poisson… Â» (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 63). On en déduit qu’ils ont posé le poisson sur une pierre, au bord de la mer, et qu’il y est tombé, et/ou qu’une vague l’a emporté, et que, plongé dans les flots, il a disparu. Les hadiths confirment ce sens donné aux versets, car on y lit que c’est la perte du poisson qui représente le signe de la rencontre avec Khidhr (as), et non son retour à la vie. Dans certains livres exégétiques, il est également question de la présence de la source de la vie à cet endroit. Un peu de l’eau de cette source aurait éclaboussé ce poisson qui aurait ainsi recouvré la vie. Il existe également l’éventualité que le poisson n’était pas complètement mort, car il se trouve des poissons qui, une fois hors de l’eau, restent vivant durant une période assez considérable. Si durant cette période ils retournent dans l’eau, ils retrouvent leur vie ordinaire.

Réponse à une difficulté concernant l’oubli et son rapport avec Shaytân (14)

En s’appuyant sur ce passage du Coran : « ils oublièrent leur poisson Â», une question se pose : un prophète comme Mûsâ (as) peut-il donc se trouver sujet à l’oubli ? De plus, pourquoi le compagnon de Mûsâ (as) attribue-t-il son oubli personnel à Shaytân ?

La réponse est celle-ci : il n’y a aucun problème au fait que Mûsâ (as) puisse être sujet à l’oubli concernant des questions n’ayant aucun rapport avec les lois divines et les questions de propagande religieuse, c'est-à-dire relevant de la vie ordinaire (en particulier dans un cas où il est soumis à un examen). A côté de cela, l’attribution à Satan que fait son compagnon peut être dû au fait que l’histoire du poisson est liée à la recherche de ce savant, car Satan use d’insinuations et cherche par ce moyen à retarder la rencontre avec ce savant. Il est probable que les premières mesures aient commencé par lui (Yûsha‛) et l’aient conduit à manquer d’attention, à ne pas accorder le soin nécessaire en la matière. Il est également possible que l’oubli est attribué à tous les deux parce que lorsque le responsable d’une chose, le titulaire d’une charge est sujet à l’oubli, cet oubli est attribué à toutes les parties, de telle sorte que l’on dit généralement : « Nous avons oublié Â», alors qu’en réalité, celui qui a oublié, c’est celui qui est en charge, c’est le responsable.

‘Allâmeh Tabâtabâ’î déclare : « Dans la phrase : ‘j’ai oublié le poisson’, il s’agit d’un état de fait, et ce fait est le suivant : ‘Maintenant, j’ai oublié le poisson’. La preuve de cet état de fait, comme d’autres l’ont également dit, est donnée par cette phrase : ‘me l'a fait oublier’, dans : ‘Seul le Démon me l'a fait oublier pour que je n'y pense pas’. (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 63). Ainsi, il est clair que lui-même n’a pas oublié le poisson, mais seulement oublié de mentionner ce qui lui est arrivé, et c’est ce fait qu’il a oublié de raconter à Mûsâ (as). Si la question de l’oubli est attribuée à Shaytân et à ses altérations, cela ne pose pas de problème, et l’impeccabilité des prophètes (as) n’est pas incompatible avec la déformation satanique, car les prophètes (as) sont impeccables pour ce qui relève de l’obéissance à Dieu (dont fait partie la nonchalance en matière de soumission à Dieu), mais ils ne sont pas immunisés contre le tourment et la persécution de Shaytân qui n’ont même rien à voir avec l’impeccabilité. Au contraire, le noble Coran confirme que ce type d’atteinte est employé par Shaytân à l’endroit des prophètes (as). Nous y trouvons par exemple : ‘Mentionne notre serviteur Job : Il cria vers son Seigneur : Le Démon m’a atteint par une souffrance et un châtiment. Â» (sourate Sâd ; 38 : 41).

La rencontre entre Mûsâ (15) (as) et son Excellence Khidhr (16) (as)

Dieu dit à la suite des versets précédents de la sourate Al-Kahf (La caverne), sourate 18 : « Ils trouvèrent un de nos serviteurs à qui nous avions accordé une miséricorde venue de nous et à qui nous avions conféré une Science émanant de nous. Moïse lui dit : ‘Puis-je te suivre pour que tu m'enseignes ce qu'on t'a appris concernant une voie droite ?’ II dit : ‘Tu ne saurais être patient, avec moi.’ ‘Comment serais-tu patient, alors que tu ne comprends pas ?’ Moïse dit : ‘Tu me trouveras patient, si Dieu le veut, et je ne désobéirai à aucun de tes ordres.’ Le Serviteur dit : ‘Si tu m'accompagnes, ne m'interroge sur rien avant que je t'en donne l'explication.’ Â» (versets 65 à 70).



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