La rencontre de Mûsâ (as) et de Khidhr (as) selon le Coran et les hadithsLeur voyage maritime terminé, ils descendent du bateau. « Ils repartirent tous deux et ils rencontrèrent un jeune homme. Le Serviteur le tua (faqatalahu). » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 74). Le mot faqatalahu / Ùقتله dans cette phrase, se réfère à la lettre fâ’ / Ùاء sur la condition idhâ / اذا, et le mot qâl / قال est la rétribution de cette condition. Ceci est l’un des points que l’on peut déduire de l’apparence du discours. Il est clair que l’essentiel du sujet et le point d’orgue du discours consistent à exposer la protestation de Mûsâ (as), et non à exposer l’acte meurtrier. On retrouve la même chose dans le verset suivant : « Ils repartirent tous deux et ils arrivèrent auprès des habitants d'une cité… si tu le voulais » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 77). Il saute aux yeux, au contraire du verset précédent qui dit : « Ils partirent tous deux et [lorsqu'] (idhâ) ils montèrent sur le bateau, le Serviteur y fit une brèche. Moïse lui dit… » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 71) que la rétribution de idhâ / اذا, ici, est la phrase « y fit une brèche », et que la phrase qui suit : « Moïse lui dit » est à part, que c’est une nouvelle phrase. Par conséquent, ces versets entendent raconter l’histoire où Mûsâ (as) a par trois fois, l’une après l’autre, protesté auprès de Khidhr (as), et n’entendent pas raconter trois histoires avec, dans chacune d’elle, une objection de Mûsâ (as). Aussi, c’est exactement comme si l’on disait : « Il s’est passé ceci, et Mûsâ (as) a protesté auprès de lui, il s’est passé cela, il a protesté une seconde fois, puis une troisième fois également quand il s’est passé ceci. » Ainsi, le but du discours est d’exposer les trois objections de Mûsâ (as), et non les actes de Khidhr (as) et les objections de Mûsâ (as) qui construiraient trois histoires distinctes. Réaction et objection de Mûsâ (as) face à ce meurtre Une nouvelle fois, Mûsâ (as) sort de ses gonds, le spectacle effrayant du meurtre d’un enfant innocent, sans aucune justification, n’est pas une chose face à laquelle Mûsâ (as) peut se taire. Le feu de la colère enflamme son cÅ“ur. On dirait que la tristesse et l’insatisfaction ont embrumé son regard, à tel point qu’il oublie son engagement encore une fois. Le voilà qui proteste, d’une protestation plus véhémente et plus directe que la première, parce que ce fait est plus effrayant que le premier : « N'as-tu pas tué un homme qui n'est pas un meurtrier (nafsan zakiyyan) ? Tu as commis une action blâmable (nukran) ! » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 74). Le mot ghulâm / غلام désigne un jouvenceau, qu’il ait atteint la puberté ou non. Quant à savoir si le jeune homme que le savant tue ici a l’âge de la puberté ou pas, c’est un débat couru parmi les exégètes. Certains prennent l’expression nafsân zakiyya / Ù†Ùسا زكية (un être humain pur et innocent) comme élément prouvant qu’il n’est pas pubère. ‘Allâmeh Tabâtabâ’î déclare : « Le mot zakiyya / زكية, dans la phrase ‘N'as-tu pas tué un homme qui n'est pas un meurtrier ?’ a pour sens pur, et désigne la pureté vis-à -vis du péché, parce que cet individu tué par Khidhr (as) est un enfant qui, du fait de l’emploi du mot ghulâm / غلام, n’a pas atteint à l’âge de la puberté, tandis que cette question de Mûsâ (as) a la forme du désaveu. » Certains considèrent l’expression bighayri nafs / بغير Ù†Ùس comme preuve qu’il n’est pas pubère, parce le châtiment n’est permis que pour un individu pubère, cela étant, il n’est pas possible d’en juger de manière catégorique à partir de ce que dit le verset. ‘Allâmeh Tabâtabâ’î ajoute : « La phrase bighayri nafs / بغير Ù†Ùس a pour sens : ‘sans qu’il ait commis un meurtre ayant justifié sa propre exécution’, parce que cet enfant impubère n’a tué personne. » Maintes fois, cette phrase a été évoquée pour attester que le premier nafs désigne d’une part un jeune homme pubère, c'est-à -dire que celui que tue Khidhr (as) est pubère, tandis que le mot ghulâm / غلام est inconditionnel, et désigne autant le pré pubère que le jeune pubère. Par conséquent, le verset donne : « As-tu tué un homme sans péché et qui méritait d’être tué ? » Nukr / نكر signifie vil et désapprouvé, et ce qu’il reflète est plus fort que le mot imr / إمر employé au sujet de la brèche pratiquée dans le bateau. Cela est aisément justifié, car si le premier acte met en danger des gens qui s’en rendent aussitôt et qui s’emploient par conséquent à se mettre hors de danger, le second acte a toute l’apparence d’un crime. Allâmeh Tabâtabâ’î nous dit : « La phrase laqad ji’ta shay’ân nukrân / لقد جئت شيئا نكرا signifie : ‘Tu as accompli un acte particulièrement détestable.’ Il s’agit d’un acte dont la nature est inconnue, que toute humanité ignore. Et si Mûsâ (as) dit de la brèche pratiquée dans le bateau que c’est un imr / إمر, ce qui désigne un acte dangereux suivi par de la peine, de l’affliction, il appelle le fait de tuer un jeune homme innocent une action blâmable, parce que le meurtre est au regard de tous un acte plus vil et plus dangereux que le fait de pratiquer une brèche dans un bateau. Bien que la brèche pratiquée dans le bateau entraîne la noyade d’un certain nombre de personnes, cette conséquence n’est pas intentionnelle, alors que l’intention apparaît très clairement dans l’acte de tuer, c’est pour cela que le meurtre est appelé nukr / نكر. » La réponse de Khidhr (as) à l’objection de Mûsâ (as) De nouveau, ce noble savant, avec ce calme qui le caractérise, répète ce qu’il a dit la fois précédente : « Ne t'avais-je pas dit (alam aqul laka) que tu ne saurais être patient avec moi ? » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 75) à la différence prêt qu’il ajoute le mot laka / لك, qui met plus d’emphase : « C’est bien à toi que je dis cela. » L’ajout du mot laka / لك est une forme de protestation envers Mûsâ (as) ; il lui demande pourquoi il n’a pas tenu compte de sa recommandation. Cela souligne le fait que Mûsâ (as) ne semble pas avoir entendu ce qui lui a déjà été dit lors de la première affaire : « Tu ne saurais être patient avec moi. » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 72). Et que, s’il l’a entendu, il s’est peut-être imaginé que c’était une plaisanterie, et/ou que cela ne s’adressait pas à lui, et c’est pourquoi les propos de Khidhr (as) sous-entendent : « Lorsque j’ai dit : ‘Tu ne saurais être patient avec moi’, je m’adressais à toi, je ne m’adressais pas à quelqu’un d’autre. » Mûsâ (as) demande pardon, ainsi qu’un sursis à Khidhr (as) Mûsâ (as) se rappelle alors son engagement, et cela s’accompagne de honte parce qu’il a par deux fois brisé sa promesse – bien que cela était dû à l’oubli. Petit à petit, il sent que ce que lui dit le maître est peut-être vrai, et même si ses actions ne lui sont pas tolérables au début, il lui demande toutefois pardon une nouvelle fois : « Cette fois aussi ignore-moi, et ne tiens pas compte de mon oubli, mais ‘si désormais je t'interroge sur quoi que ce soit, ne me considère plus comme ton compagnon ; reçois mes excuses.’ » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 76). 'Allâmeh Tabâtabâ’î argumente : « Le sens de ce verset est le suivant : ‘Si après cette fois je t’interroge une nouvelle fois, alors ne me prends plus comme compagnon. » Qad balaghta min ladunni ‘udhrân / قد بلغت من لدنّي عذرا dit : « Tu mérites mes excuses, et ce jusqu’à leur extrémité. » Cette phrase témoigne de l’extrême équité et de la distanciation dont fait preuve Mûsâ (as), et qu’il se soumet à la réalité, aussi amère soit-elle. Autrement dit, après trois examens, il est clair pour lui que leur devoir est de se séparer, parce qu’ils ne sont pas faits du même bois ! L’arrivée au village et la réfection du mur
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