La rencontre de Mûsâ (as) et de Khidhr (as) selon le Coran et les hadithsPour finir, afin de dissiper toute forme de doute chez Mûsâ (as) et qu’il sache avec certitude que tous ces actes sont conformes à une mission et à un plan particuliers, Khidhr (as) ajoute : « Je n'ai pas fait tout cela de ma propre initiative » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 82), car cela correspond au contraire à l’ordre et à la recommandation de Dieu. Cette phrase fait allusion au fait que tous les actes de Khidhr (as) lui ont été édictés par quelqu’un d’autre, à savoir Dieu le Glorifié, et qu’ils n’étaient pas commandés par sa propre âme. En effet, « voici l'explication que tu n'as pas eu la patience d'attendre (mâ lam tasti' 'aleyhi sabran). » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 82). Le mot tastati‛ / تستطع / « capacité, pouvoir », provient d’istitâ‛ / استطاع et de yastî‛ / يسطيع, et a le sens d’istitâ‛ / استطاع et de yastatî‛ / يستطيع. L’interprétation d’usage du Coran consiste en cette réalité que contient chaque chose, comme l’interprétation du rêve consiste à l’expliquer, comme l’interprétation du décret est régie selon ce même principe, et comme l’interprétation de l’acte consiste dans le jugement du bien qu’il contient et en son terme réel. Il en va de même dans tout autre contexte qui requiert une interprétation. Ainsi, lorsqu’il dit : « voici l'explication que tu n'as pas eu la patience… », Khidhr (as) indique que dans ce qu’il avance comme explication pour les trois circonstances, expliquant chaque action pour chaque circonstance, figure la cause réelle de ces circonstances, à l’inverse de ce que Mûsâ (as) a retenu de l’apparence de ces événements, bien que son Excellence (as) ait compris le lien de causalité entre l’histoire du bateau et la mort de ses occupants, et bien qu’il ait vu le meurtre comme mobile ayant conduit à tuer le jeune homme et la reconstruction du mur comme un manque de sagesse dans la vie. Certains exégètes disent : « Khidhr (as) observe dans ses paroles une belle civilité à l’égard de son Seigneur, s’attribuant la partie de ses actes qui ne se trouve pas dénuée de manque. Il dit par exemple : ‘J’ai voulu l'endommager’ (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 79), et il exprime, en s’adressant aux autres, ce dont il est à la fois l’origine et ce qui lui a été permis par Dieu, il dit par exemple : ‘et nous avons voulu que leur Seigneur…’ (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 81), et aussi : ‘nous avons craint’ (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 80). Tandis que ce qui revient à Dieu le Très-Haut et constitue Son plan, il le Lui réserve entièrement en disant : ‘et ton Seigneur a voulu qu'ils découvrent leur trésor à leur majorité.’ » (sourate Al-Kahf (La caverne) ; 18 : 82). Une question concernant le trésor L’une des questions qui se pose au sujet du récit du trésor est la suivante : quelle est l’origine du trésor à propos duquel l’ami savant de Mûsâ (as) insiste pour qu’il demeure caché ? En outre, pourquoi cet homme de foi, le père des orphelins, a-t-il enseveli un trésor ? Certains prétendent que ce trésor, plus qu’une dimension matérielle, comporte une dimension spirituelle en réalité. Selon la plupart des hadiths shiites et sunnites, il s’agit d’une tablette sur laquelle sont gravées des paroles de sagesse. Quelles sont ces paroles de sagesse ? C’est une question débattue parmi les exégètes. Dans le Kâfî, il est rapporté de l’Imâm al-Sâdeq (as) : « Ce trésor n’était ni de l’or ni de l’argent, il s’agissait seulement d’une tablette sur laquelle se trouvaient quatre phrases : ‘Point de divinité hormis Dieu, celui qui a foi en la mort (éternelle) ne rit pas, celui qui a la certitude du jugement divin (et a ses responsabilités en tête) ne se réjouit pas, et celui qui a la certitude des prédestinations divines ne craint rien d’autre que Dieu.’ » Cependant, d’autres hadiths parlent d’une tablette en or et il apparaît que ces deux assertions ne sont pas contradictoires, car le premier hadith nous indique qu’il ne s’agissait pas d’une grande quantité de dinars ou de dirhams, comme on pourrait se l’imaginer quand on évoque un trésor. Supposons à présent que nous retenions le sens premier du mot « trésor » et que nous l’interprétions comme un amas d’or et d’argent, cela ne pose pas de problème, car le trésor interdit correspond à un montant considérable de biens précieux qu’un être humain enfouit durant une longue durée alors que la communauté en a grand besoin. En revanche, lorsqu’il il s’agit par exemple d’un bien qui se vend et s’achète et que l’on cache dans la terre, un jour ou plusieurs jours (par exemple, dans le passé il était courant, du fait de l’insécurité, d’enterrer ses biens afin de les protéger ne serait-ce qu’une nuit), et qu’entre-temps le propriétaire de ce bien vienne à mourir, un tel trésor ne peut en aucun cas constituer un problème. La rencontre de Mûsâ (as) et de Khidhr (as) selon les hadiths Parmi les récits intéressants de la vie de Mûsâ (36) (as) se trouve sa rencontre avec son Excellence Khidhr (37) (as). Le discours de Mûsâ (as) et son péché véniel Lorsque Pharaon et ses sujets sont noyés dans le Nil, les Banî Isrâ’îl (38) , sous la conduite de son Excellence Mûsâ (as), sont victorieux après des années de lutte. Aussi, les rênes du pouvoir incombent à Mûsâ (as). S’adressant aux Banî Isrâ’îl, il prononce alors un discours en présence d’une immense assemblée (que l’on peut faire correspondre à la fête de la victoire). La réunion est particulièrement splendide. Un individu demande soudain à Mûsâ (as) : « Connais-tu quelqu’un qui soit plus savant que toi ? » Mûsâ (as) lui répond : « Non. » Dans un hadith rapporté par Ibn ‘Abbâs d’Abî ibn Ka‛b, nous lisons que l’Envoyé de Dieu (s) rapporte ceci : « Un jour, Mûsâ (as) prononce un discours parmi les Banî Isrâ’îl. Quelqu’un lui demande : ‘Qui est le plus savant à la surface de la terre ?’ Mûsâ (as) répond : ‘Je ne connais personne qui soit plus savant que moi.’ A ce moment, il est révélé à Mûsâ (as) : ‘Nous avons un serviteur, au confluent des deux océans, qui est plus savant que toi.’ Là , Mûsâ (as) demande à pouvoir rencontrer ce savant, et Dieu lui montre le moyen de parvenir à ce but. » Un hadith identique est rapporté de l’Imâm al-Sâdeq (as). En vérité, il s’agit d’un avertissement à Mûsâ (as) : en dépit de tout son savoir et de toute sa connaissance, il ne doit jamais se considérer comme le plus savant.
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