Les étapes de la voie mystiquePar conséquent, ce dont la femme est privée, à savoir la fonction prophétique légiférante, n’est pas non plus un concomitant pour le (voyage) retour de Dieu à la création, et ce qui conditionne ce retour, à savoir la prophétie informatrice et annonciatrice est indifférente au sexe, c’est-à -dire qu’elle revient aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Et c’est cette même absence de discrimination entre les deux qui est devenue le sujet de controverse profonde, et qui a alimenté le jugement rendant illicite aux femmes le troisième et quatrième voyage mystique. L’intention en est que c’est la sainteté qui est l’appui de la prophétie légiférante, et que dans la sainteté, il n’existe aucune différence entre l’homme et la femme, même si dans certaines fonctions exécutives, qui sont justement celles de la prophétie légiférante, il existe une différence entre les deux. La gnose, qui repose sur le dévoilement de la réalité et sa contemplation, procède aussi de la pratique initiatique aux degrés de l’être. Elle considère ceux qui cheminent dans la ruelle de l’Union (avec Dieu) en même temps qu’elle est témoin de l’itinéraire des différents voyages. La raison discursive confirme beaucoup des acquis de la gnose. Le Coran, qui est fait de preuves solides et de gnose authentique, considère la quintessence des deux comme admise et digne de reconnaissance. Ce que le gnostique considère est que toutes les choses sont constamment en état de renouvellement. Et dans ce renouvellement, il n’y a pas de distinction entre ce qui est solide et fluide, durable et éphémère, immatériel ou matériel. Et le but de tous ceux et celles qui cheminent sur la voie spirituelle est de voir Dieu, de même que toutes les caravanes sont des manifestations diverses de Dieu. Ce verset coranique énonce ainsi clairement le but du voyage : « Toi, l’homme qui t’évertues vers ton Seigneur, alors tu Le rencontreras (8) » (Sourate Al-Inshiqâq (Le déchirement) ; 84 : 6) La différence entre les pèlerins est dans le choix de la manifestation spécifique et l’obtention d’un Nom particulier dont ils sont à chaque instant la forme d’apparition singulière. Certains ont une prédilection pour les Noms de beauté, de douceur et de bonté, et d’autres se sentent plus d’intimité avec les Noms de majesté, de domination. Pour cette raison, la résurrection des « gens de la beauté » sera au Paradis, et celle des « gens de la majesté » en Enfer. En fin de compte, chacun sera mis en relation avec un des Noms divins et sera sous sa protection et son égide Tâ Yâr ke râ khâhad o meylash be ke bâshad En attendant de voir ce que l’Etre Aimé choisira, c’est Lui qui dira où va son penchant (9) Il n’existe aucune discrimination fondée sur l’effort, sur l’itinéraire et sur la naissance entre le monothéiste et l’athée. Mais l’athée a toujours cheminé dans le monde de la multiplicité et a mené son effort de la création à la création, avec la création, dans la création et pour la création, c'est-à -dire en un mot dans le monde de la matière. En aucune des étapes de son voyage, il n’a pu réaliser que son but premier et son véritable compagnon était Dieu. A aucun moment, il n’a pris conscience de l’unité, gardant la tête bien enfouie dans le sable de la multiplicité. Il tisse un cocon autour de lui-même pour s’y enfermer dans la pauvreté et l’obscurité, ignorant son Créateur, devenant le symbole de l’égarement, ou comme le diable fourbe qui ne sort jamais la tête de l’enfer, et qui est au fond de toute multiplicité impure et dans toute matière dépourvue d’âme. Et dans ce cheminement descendant, orienté vers le bas, il n’existe pas de différences entre la femme et l’homme, parce que la foi dans le Dieu unique ou l’incroyance dépendent de l’esprit, et l’esprit comme nous l’avons déjà dit n’est ni du genre masculin ni du genre féminin.
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