Les étapes de la voie mystique



Le véritable monothéiste poursuit aussi son avance avec Dieu, et reste en compagnie de Dieu tout au long des différentes étapes de son voyage. Il ne considère jamais la multiplicité sans perdre de vue l’unité. Jamais, la vision de la création ne voile sa contemplation du Créateur. Bien au contraire, il voit dans la création un signe du Créateur. Et par ce miroir, il a tiré un vrai profit, car il peut contempler la beauté captivante du Créateur dans tous les miroirs du ciel et de la terre. Et en fin de compte, il devient un exemple de guidance et tel un ange éclaireur, il se repose au Paradis, car le secret de toute unité transcendante et le fond de toute forme ne vivent que par et avec l’esprit. Et dans ce mouvement, aussi, il n’existe aucune distinction entre la femme et l’homme, parce que le voyage réel dans les étapes de l’unité divine est effectué par l’humanité qui est au-dessus de la masculinité et de la féminité.

Les étapes du « voyage Â» spirituel

Dans les ouvrages de gnose, les demeures et étapes du voyage mystique sont l’objet de discussion détaillée. Avicenne écrit dans son Kitâb al-Ishârât wal-Tanbihât, le Livre des Directives et des Remarques (10)  : « Le premier des degrés du mouvement des gnostiques est ce qu’ils appellent eux-mêmes la volonté. C’est une sorte de nostalgie et de désir qui survient en l’homme suite à une preuve, une dévotion et une conversion et qui le pousse à se saisir de la corde ferme de la Vérité. L’esprit et la conscience sont alors mis en mouvement pour réaliser l’union avec cette vérité. Â»

Les gnostiques croient en un principe qu’ils expriment ainsi : « Les fins ultimes consistent dans le retour aux commencements Â».

Il est évident que si l’on veut que la fin ultime soit le commencement lui-même, deux hypothèses peuvent être posées : l’une est que le mouvement s’effectue sur une ligne droite et que la chose mobile, après avoir atteint un point déterminé, change d’orientation et retourne par le même trajet qu’elle a parcouru en venant. En philosophie, il a été démontré qu’un tel changement d’orientation implique nécessairement un moment de repos, fut-il imperceptible, outre le fait que ces deux mouvements sont contraires.

La deuxième hypothèse est que le mouvement s’effectue sur une ligne courbe dont les distances par rapport à un point déterminé seraient invariables. Cela revient à dire que le mouvement s’effectue sur un arc de cercle. Il va de soi que si le mouvement a lieu sur une ligne circulaire, il finira sa course au point où il l’a commencé. L’objet mobile sur une ligne circulaire commence par s’éloigner du point de départ, et il finira son voyage au point le plus éloigné du point de départ. Ce point est celui-là même que l’on viserait si on voulait tracer une diagonale reliant le point de départ au point d’arrivée et passant par le centre du cercle. Dès que le mobile sera parvenu à ce point, sans marquer une pause, il entamera le voyage du retour à son origine, qui sera alors appelé point de retour. 

Les gnostiques appellent « axe de la descente Â», le trajet du mouvement du point de départ jusqu’à son point le plus éloigné. Le trajet inverse qui va du point le plus éloigné au point d’origine, est appelé « axe ascendant Â» ou axe de la remontée.

Il y a une philosophie au sujet du mouvement des choses jusqu’au point le plus éloigné. Cette philosophie est selon les termes des philosophes, le principe de la causalité, et dans le vocabulaire gnostique le principe de la manifestation. Quoiqu’il en soit, le mouvement des choses dans l’axe de la descente est comme un mouvement qui reçoit une impulsion par l’arrière.

Mais le mouvement des choses à partir du point le plus éloigné en direction du point d’origine donne lieu à une autre philosophie. Cette philosophie est le principe du désir et de l’inclination de tout rameau à retourner à son tronc, à son principe. En d’autres termes, le principe selon lequel tout être séparé de son origine, devenu étranger, esseulé, aspire à retourner à sa patrie.

Les gnostiques sont persuadés que cette aspiration est inhérente à chaque atome de l’existence, et également à l’homme, mais il arrive qu’en ce dernier elle soit dissimulée ou patente. Ce sont les préoccupations qui empêchent ce sens de se réveiller, mais suite à une série d’alertes, cette tendance inconsciente finit par voir le jour et prendre le pas sur les autres. C’est l’apparition et l’émergence de cette aspiration que l’on désigne par le terme de volonté.



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