Imam Hosein«Tenez vos engagements, car les hommes seront interrogés sur leurs engagements». (Coran, XVII, 34) Les Imams d'Ahl-ul-Bayt (l'Imam 'Ali et ses descendants) représentaient à cet égard l'exemple à suivre. En tant que continuateurs de l'expérience du Prophète, et gardiens du Message ils tenaient à ce que leur conduite politique soit l'incarnation et l'application effective de la jurisprudence politique de la chari'a islamique. La devise: «La fin justifie les moyens» n'ait guère la leur. La morale primait tout lorsqu'ils étaient aussi bien avec les masses populaires qu'avec les adversaires. Cette morale politique leur à certes coûté, très cher, dans la lutte acharnée qu'il ont menée contre la corruption et la déviation des Omayyades et ensuite des Abbassides. Mais qu'importait pour eux! Ce dont ils se souciaient, n'était point de remporter des victoires éphémères et momentanées, mais de fixer des règles et des attitudes que l'histoire devrait enregistrer et que les générations futures devront suivre. Après tout, ils étaient les continuateurs de la Tradition du Prophète, et leur mission ne se limitait pas à leur époque contemporaine, mais s'étendait à toute l'histoire future l'humanité. Ainsi, lorsque les masses populaires, acquises à la cause des Ahl-ul-Bayt, ont souffert le martyre en subissant le traitement cruel que leur réservaient les Omayyades, et qu'ils se sont tournés vers al-Hussayn (après le décès de son frère al-Hassan en l'an 50 H.) pour lui demander de déclencher une action susceptible de conduire à la destitution de Mu'âwîyah, l'Imam al-Hussayn récusa leur initiative en leur faisant valoir qu'il y avait entre lui et Mu'âwîyah un pacte (signé par l'Imam al-Hassan) qu'il continuerait à respecter, pour sa part, et était illégal de dénoncer; et ce, bien qu'il ait refusé catégoriquement la désignation de Yazid comme successeur de son père au Califat. Al-Cheikh al-Mufid, citant les témoignages d'al-Kalbi, d'al-Madâ'inî et d'autres biographes, nous relate dans les lignes suivantes cet épisode de la vie de l'Imam al-Hussayn: «L'Imam al-Hassan était juste décédé, les Chiites d'Iraq envoyèrent à l'Imam al-Hussayn des messages dans lesquels ils affirmaient leur volonté de lui prêter serment d'allégeance en vue de le porter au Califat et de destituer Mu'âwîya. Al-Hussayn rejeta cette requête en arguant du pacte qui existait entre lui et Mu'âwîyah, et qu'il n'était pas permis de le dénoncer avant l'expiration du délai prévu. Il leur dit que c'est seulement après la mort de Mu'âwîya (mort qui marque la fin de la validité de ce pacte) qu'il pourrait étudier et envisager leur proposition concernant sa désignation pour le califat»(38) Yazid s'empare du Califat
Avant de mourir, Mu'âwîyah réussit à aplanir les difficultés et à transférer le pouvoir et la présidence de l'Etat Islamique à son fils Yazid, après avoir brisé la résistance de l'opposition à son projet, moyennant argent, ruse et terreur. Mais malgré ce travail énorme accompli par le fondateur de la dynastie omayyade, le nouveau pouvoir se sentait mal assuré, et Yazid savait qu'il lui était difficile de se faire admettre et de défier les valeurs et les principes de la Umma, laquelle fut éduquée par le Prophète dans l'amour et le respect des Ahl-ul-Bayt, et dans laquelle ce dernier avait insufflé une âme "civilisationnelle" spécifique et des valeurs politiques particulières. La Umma, ou une partie d'elle tout au moins, connaissait donc les qualités de l'Imam al-Hussayn et les défauts de Yazid, elle distinguait clairement la personnalité de celui qui devrait la guider, savait quels étaient ses droits et ses devoirs, et refusait par conséquent la tyrannie de ce régime héréditaire que les Omayyades s'obstinaient à lui imposer. La Umma venait de vivre vingt ans sous un régime autoritaire et despotique, basé sur un parti unique, le parti des Omayyades, qui s'était emparé seul du pouvoir, des biens des Musulmans et de l'administration de l'Etat. Cela a suffit pour que les Musulmans éprouvent un sentiment de révolte contre ce régime qui semblait maintenant vouloir se perpétuer par un système dynastique et héréditaire, et qu'ils se décident à destituer ce nouveau calife (Yazid) imposé par son père et son prédécesseur (Mu'âwîyah). Pour se sortir de cette longue situation difficile de crises, de terreur, de domination politique et de corruption interminable, il était naturel que les mécontents se mettent à la recherche d'un leader révolutionnaire capable d'apporter un changement radical, d'un dirigeant prestigieux capable d'affronter le pouvoir établi et d'un homme de foi et de principes susceptible de mettre fin à la corruption et de rétablir les valeurs de l'Islam. Or, à cette époque-là , personne ne pouvait se mesurer à la personnalité d'al-Hussayn pour assumer un rôle aussi difficile. Al-Hussayn était le petit-fils du Prophète, le fils de l'Imam 'Ali, le maître de Quraich et le meilleur de ses contemporains par son savoir, sa piété, sa compétence et sa morale. C'était un homme de notoriété publique; aucun Musulman n'ignorait sa haute position, et personne ne méconnaissait sa personnalité. Courageux, tout le monde se rappelle le ferme refus qu'il opposa à Mu'âwîyah lorsque celui-ci obligea les Musulmans à prêter serment d'allégeance à son fils Yazid qu'il avait désigné pour sa succession. Yazid lui-même était conscient de toutes ces qualités qui faisaient d'al-Hussayn le danger numéro un pour son pouvoir. Aussi concentrant sa pensée et ses craintes sur la personne d'al-Hussayn. Dès les premiers jours de son accession au pouvoir, il écrivit à Walîd Ibn 'Otbah Ibn Abi Sufiyân, gouverneur omayyade de Médine, une lettre dans laquelle il lui demanda:
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