Imam Hosein



2- 'Amr Ibn al-Hanq al-Khazâ'i: c'était un Compagnon, un Emigrant(57) qui occupait lui aussi une position auguste auprès du Prophète. Il fut décapité à Mouçol(58) et sa tête fut transportée à Damas. C'était la première fois depuis l'avènement de l'Islam qu'on transportait, ainsi, une tête d'une ville à une autre. Par la suite, sa tête fut apportée à sa femme détenue dans la prison de Mu'âwîyah. Lorsqu'on jeta la tête de son mari dans son giron, elle la regarda et dit aux hommes de Mu'âwîyah: "Vous l'avez éloigné de moi pendant longtemps; puis vous me l'avez offert assassiné. Bienvenue donc à ce cadeau qui ne saurait être ni indésirable ni indésiré".

3- 'Abdullah Ibn Yahiyâ al-Hadrami et ses compagnons.

4- Rachid al-Hejri, qui fut démembré vivant.

Nous avons cité jusque là à titre indicatif les noms de quelques Compagnons éminents qui furent assassinés avec leurs amis par les Omayyades. La liste est loin d'être close. Il ne s'agit pas ici de dresser une liste d'assassinats, mais de montrer l'ampleur de la répression et la légèreté avec laquelle le régime omayyade liquidait des Compagnons du Prophète et des Musulmans intègres, pour leur opposition aux transgresseurs de la Sunna et leurs protestations contre les pratiques illégales.

A travers le témoignage suivant sur des événements qui se sont produits à Basrah, Ibn al-'Athir nous permet de nous faire une idée des massacres perpétrés contre les opposants et avec quelle désinvolture et insouciance les hommes de Mu'âwîyah commettaient leurs crimes:

«Lorsque Ziyâd se fit remplacer par Samra - pendant son absence - à la tête du gouvernement de Basrah, ce dernier accéléra le rythme des exécutions. Selon Ibn Sirine, il a tué huit mille personnes pendant l'absence de Ziyâd. Lorsque Ziyâd retour, lui dit: «N'as-tu pas peur d'avoir assassiné un innocent (parmi eux)?» Samra répondit: «Non, si j'en avait assassiné le double, je n'aurais pas eu une telle crainte». Abou al-Sawâri, al-'Adwi témoigne: «Samra a tué quarante sept membres de ma tribu en une seule journée. Ils étaient tous des colligeurs (59) du Coran».(60)

Outre les massacres et les persécutions des opposants et des adeptes d'Ahl-ul-Bayt, les autorités omyyades menaient parallèlement une campagne de désinformation, de falsification et de déformation contre l'opposition conduite par les deux petits-fils du Prophète. On entendait prononcer depuis les tribunes des Omayyades, des discours provocateurs regorgeant de mensonges, d'injures et de contre-vérités à l'encontre l'Imam 'Ali Ibn Abi Tâlib.

Ces agissements ont suscité la colère de la Umma en général, d'al-Hassan et al-Hussayn, de leur partisans, des Compagnons et des Suivants(61) en particulier, ceux-ci ayant bien connu l'Imam 'Ali, sa position, son jihad justice, sa science et sa plume.

Al-Mas'oudi, citant al-Tabari, rapporte un incident entre Sa'ad et Mu'âwîyah, qui montre que ce dernier était l'instigateur de cette campagne de propagande et que les pieux des Compagnons et les avant-gardes de la Umma s'y étaient opposés:

«Mu'âwîyah accomplissait le pèlerinage et déambulait dans la Maison avec Sa'ad. Lorsqu'il termina, il se rendit à Dar al-Nadwa et fit s'asseoir Sa'ad près de lui sur son lit. Il se mit à injurier 'Ali. Sa'ad s'approcha et dit: «Tu m'as fait asseoir auprès de toi sur ton lit et tu t'es mis à injurier 'Ali. Par Dieu, si j'avais seulement une seule des qualités que possédait 'Ali, je l'aurais aimée mieux que la possession de ce sur quoi le Soleil se lève; et si j'avais les enfants de 'Ali, je les aurais mieux aimés que la possession de ce sur quoi le Soleil se lève! Par Dieu si c'était à mon propos que le Prophète eût dit (ce qu'il avait dit à propos d'Ali), le jour de Khaybar: "Demain je donnerai l'étendard à un homme que Dieu et Son Prophète aiment, et qui aime Dieu et son Prophète; il n'est pas un fuyard; par lui, Dieu donnera la victoire", ce serait préférable pour moi à la possession de ce sur quoi le Soleil se lève. Par Dieu si c'était à moi que le Prophète eût dit - ce qu'il avait dit à l'Imam 'Ali -: "N'acceptes-tu pas d'être à moi ce que Haroun était à Moïse, à cette différence près qu'il n'y aura pas de Prophète après moi?", ce serait mieux pour moi que la possession de ce sur quoi le Soleil brille. Que Dieu ne me pardonne jamais si j'entrais une seconde fois chez toi pour le restant de ma vie ». Puis il se leva et partit.(62)



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