Imam Hosein



Lorsqu'on se penche sur cette période difficile de l'histoire de l'Islam, on remarque que l'Imam 'Ali avait à faire face à trois blocs politiques:

1- Le parti Omayyade, dirigé par Mu'âwîyah Ibn Abi Sufiyân.

2- Le bloc des Khârijites (scissionnistes) qui firent sécession dans l'armée de l'Imam 'Ali après s'être révoltés contre lui.

3- Le bloc de Â'ichah et de Talhah et al-Zubair Ibn al-'Awâm.

Après une période de guerres et de conflits entre l'Imam 'Ali et ces partis, ce dernier a pu venir à bout du mouvement de de Â'ichah et de Talhah et al-Zubair lors de la célèbre bataille d'Al-Jamal qui s'est déroulée à Basrah. Il a pu vaincre également l'armée du Mu'awiyah dans la bataille de Çiffine qui a débouché sur un arbitrage et des négociations que l'Imam 'Ali a fini par refuser, ayant constaté que Mu'âwîyah avait bel et bien recouru à une ruse de guerre et à une machination politique visant à diviser son armée. En effet, une partie de cette armée avait refusé l'arbitrage et s'était mutinée. La mutinerie a conduit l'Imam 'Ali à livrer bataille aux sécessionnistes (la Bataille d'al-Nahrawân) qui furent vaincus et dispersés.

Dans ce climat de confrontation, de guerres sanglantes et de conflits, un groupe de Khârijites ont élaboré un plan pour l'assassinat de Mu'âwîyah, de 'Amr Ibn al-'Âç et de 'Ali Ibn Abi Tâlib. Ils ont mis leur plan à exécution, pour ce qui concerne le dernier nommé. Ainsi, un jour, alors que l'Imam 'Ali faisait sa prière de l'Aube à la Mosquée de Kûfa, 'Abdul Rahmân Ibn Muljim le frappa d'un coup d'épée empoisonnée sur la tête. C'était le 19 Ramadân de l'an 40 Hégirien. Il mourra en martyr, après deux jours d'agonie, des suites de sa blessure, le 21 Ramadân. Avec cet assassinat la Umma perdit le plus cher de ses hommes, le modèle exemplaire de ses avant-gardes, le porte-drapeau des Musulmans.

Après le martyre de cet homme politique et d'Etat, de cet homme de doctrine et de principes, l'équilibre social et politique du mouvement de la Umma et de sa pensée fut rompu, le Message commença à être vidé de son contenu, et la Tradition du Prophète et de ses successeurs, bafouée. Le "Califat Bien Dirigé"(20) qui présidait jusqu'alors à la destinée de la Umma et qui s'efforçait de maintenir et de poursuivre la Tradition du Prophète, s'éclipse et s'effondra sous les martellement des coups que lui assénaient des hommes avides de pouvoir personnel, pour céder la place au parti omayyade qui ne s'embarrassait de rien pour s'imposer aux Musulmans.

Ainsi dès l'assassinat de l'Imam 'Ali, le gouverneur de Syrie, Mu'âwîyah, estima que le moment était venu pour étendre le champ de son Califat sécessionniste à tout le territoire de la Umma, en se proclamant cette fois-ci Calife de tous les Musulmans, et ce, bien qu'il sache, comme tous les Musulmans, que le Califat revenait à la personnalité prestigieuse que fut l'Imam al-Hassan, en raison de sa sainteté, de sa position politique et sociale élevée, de la grande estime en laquelle l'avait tenu le Prophète, du testament de son père l'Imam 'Ali, le désignant pour sa succession, et du serment d'allégeance que lui prêtèrent les Musulmans. Aussi, écrivit-il au Calife Bien-Dirigé légitime, l'Imam al-Hassan, pour le sommer d'abdiquer s'il ne voulait pas guerroyer.

Al-Hassan n'était pas homme à céder au chantage. Sachant qu'il avait la légalité et la légitimité pour lui, il ne pouvait guère donner l'impression d'abdiquer de son plein gré. Les Musulmans lui ayant prêté serment d'allégeance, son devoir était d'assumer le Califat et ses responsabilités. Aussi mobilisa-t-il ses armées et engagea-t-il un combat acharné contre les dissidents que commandait Mu'âwîyah.

Ce dernier, sachant qu'il ne pouvait pas compter seulement sur la force armée pour vaincre le Calife légitime, le petit-fils du Prophète, fidèle à lui-même et fort de l'expérience perfide qu'il avait acquise lorsqu'il se mutina contre la légitimité du quatrième successeur officiel du Prophète, l'Imam 'Ai, étala la carte maîtresse de sa stratégie: la ruse et la corruption. Il se mit à la recherche d'hommes et de commandants attachés aux artifices matériels de ce bas-monde, dans l'armée légitime de l'Imam al-Hassan. Il leur offrit pots-de-vin et commissions, et leur fit des promesses de promotion. Le virus de la corruption produisit ses effets vénéneux.



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