Imam Hosein



- "Mais j'ai peur pour toi. Si tu entres chez lui...", s'inquiéta al-Zubayr.

- "Je n'irai le voir qu'en étant à même de refuser (la prestation de serment d'allégeance)", le rassura al-Hussayn». (42)

C'est donc dans cet esprit de confrontation et de défi courageux et avec une détermination inébranlable qu'al-Hussayn décida dès le début de faire face au pouvoir corrompu et illégitime de Yazid. Car il était conscient des conséquences désastreuses incalculables de la désignation de Yazid à la tête de la direction des affaires et de l'administration de la Umma. Il connaissait parfaitement Yazid et savait pertinemment ce qu'il valait politiquement, moralement et spirituellement. Il fallait absolument l'empêcher de s'emparer du titre de la légitimité qu'il s'efforçait d'obtenir par tous les moyens. L'Imam al-Hussayn savait qu'il n'avait pas d'autre alternative pour l'en empêcher, que le sabre, la révolution, le jihad et le sang.

Aussi convoqua-il ses frères, ses proches parents et son entourage. Trente hommes décidèrent de l'accompagner chez al-Walîd. Lorsqu'ils y arrivèrent al-Hussayn plaça ses hommes de sorte qu'ils pouvaient observer la réunion et intervenir à tout moment, car il n'ignorait pas que la malhonnêteté et la traîtrise étaient le fort des Omayyades. Aussi dit-il à ses compagnons: «Si je vous appelle ou que vous entendez ma voix s'élever, venez tous dans ma direction. Autrement, restez à vos places jusqu'à ce que de revienne».(43)

Il entra chez al-Walîd, près duquel il vit Marwân Ibn al-Hakam. Lorsque le gouverneur de Médine lui demanda, comme il l'avait prévu, de prêter serment d'allégeance a Yazid, al-Hussayn dit: «Émir! La prestation de serment d'allégeance ne doit pas être faite en secret. Si tu appelles les gens demain (pour cette affaire), appelle-moi avec eux».

Marwân Ibn al-Hakam s'empressa d'intervenir sur un ton d'avertissement et de menace: «Non, Emir! N'accepte pas! Récuse son prétexte! S'il persiste à refuser je le décapiterai».

Al-Hussayn se fâcha et dit à ce dernier: «Malheur à toi, fils de Zarqâ. Tu veux me décapiter! Par Dieu tu as menti et tu t'es rendu mesquin».

Puis s'adressant à al-Wâlid, il dit: «Emir! Nous sommes la famille du Prophète, le métal du Message et le lieu de fréquentation des Anges. C'est par nous que Dieu a débuté (le Message) et c'est par nous qu'IL (l')a achevé. Par contre Yazid est un libertin qui ne cache pas son libertinage, un alcoolique et un assassin de l'âme(44) que Dieu interdit de tuer. Quelqu'un comme moi ne saurait donc prêter serment d'allégeance à quelqu'un comme lui. Vous et nous, (nous) allons attendre pour voir lequel d'entre nous est le plus en droit de prétendre au Califat».

Ayant exprimé clairement et sans détour son intention, al-Hussayn sortit. Marwân se fâcha et dit à al-Wâlid: «Tu m'as désobéi!» Ce dernier répondit: «Malheur à toi! Tu m'as conseillé de perdre ma religion et ma vie. Par Dieu je n'accepterais pas la possession de tout ce bas-monde contre l'assassinat d'al-Hussayn. Par Dieu je ne pense pas que quelqu'un puisse rencontrer Dieu avec une balance légère,(45) s'il a sur la main le sang d'al-Hussayn; Dieu ne le regardera pas et ne l'innocentera jamais. Il subirait une douloureuse torture».(46)

L'Imam al-Hussayn retourna auprès des siens, plus que jamais déterminé à mener le jihad et à déclarer la révolution en faisant de la Mecque sa base de départ et le champ d'action de son mouvement.
 



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