Imam Hosein«Nulle calamité n'atteint la terre ni vous-mêmes, sans que cela ne soit écrit dans un livre, avant même d'être créé. Voilà qui est facile pour Dieu!» (Coran, LVII, 22) Al-Sajjâd et les autres survivants du massacre restèrent quelque temps à Damas avant de la quitter pour Médine au moment où l'on expédiait les têtes des martyrs à Karbalâ'. A Médine la nouvelle de l'assassinat d'al-Hussayn et ses compagnons, et de l'arrivée de leurs veuves et enfants plongea la population dans une tristesse et un deuil profonds, doublés d'une colère à peine retenue et en pleine gestation. La ville ne tarda pas à se soulever sous le commandement de 'Abdullah Ibn Randhalah pour manifester son refus du régime omayyade. Elle paiera cher cette révolte et son amour pour al-Hussayn ainsi que son allégeance à Ahl-ul-Bayt. Il convient de se référer à ce propos à son Eminence Aboul-A'lâ al-Mawdoudi(165), l'une des plus grandes figures de l'Islam contemporain, lequel écrit: «La primauté de la politique sur la religion et la transgression des lois de la Chari'a pour des considérations politiques - pratiques que Mu'âwîyah avait instituées pendant son Califat - ont porté leurs fruits les plus pourris à l'époque de son successeur (Yazid) qu'il avait choisi lui-même. En effet trois événements majeurs qui ont secoué le monde islamique tout entier se sont produits pendant le califat de Yazid: 1- Le premier était l'assassinat d'al-Hussayn. 2- Le second, la guerre d'al-Harra qui a eu lieu en l'an 63 H., vers le fin du Califat de Yazid. Les péripéties de cette guerre peuvent être résumées comme suit: les habitants de Médine ont ni par constater que Yazid était un scélérat, un libertin et un injuste. Aussi se sont-ils révoltés contre son autorité, ont démis son gouverneur à Médine, et l'ont remplacé par 'Abdullah Ibn Handhalah. Lorsque Yazid fut mis au courant de cet événement, il dépêcha à cette ville une armée de douze mille hommes, commandée par Muslim Ibn 'Oqbah (...). Cette armée a marché sur Médine et l'a reconquise. Yazid a donné ordre à ses soldats de sévir à leur guise dans cette ville, dont tous les quartiers ont été pillés pendant trois jours et dans laquelle l'armée omayyade s'est livrée à un véritable génocide. Ainsi sept mille personnes parmi la noblesse et dix mille autres parmi la population de Médine ont été massacrées. Ce qui est encore plus révoltante, c'est que cette armée barbare a transgressé impudiquement et sans hésitation l'immunité des foyers la ville et violé ses femmes. Et c'est à tel point que (selon Ibn Kathir): "MILLE FEMMES SONT TOMBÉES ENCEINTES PENDANT CES JOURS-LÀ SANS S'ÊTRE MARIÉES"». Commentant avec indignation ces actes de barbarie, al-Mawdoudi, ajoute: «Pis, ils (ces soldats de Yazid) se sont livrés à ces agissements, non pas dans une ville ordinaire, mais ms la cité du Messager, à propos de laquelle celui-ci a dit(166): "Quiconque veut du mal à Médine, Dieu le fondra au Feu comme on fond le plomb", et "Quiconque terrifie les Médinois injustement, Dieu le terrifiera, et l'anathème de Dieu, des Anges et de tout le monde sera jeté sur lui...". »C'est pour cette raison qu'Ibn Kathir justifie qu'une partie des Mujtahids musulmans ait autorisé que l'on maudisse Yazid et que l'imam Ahmad Ibn Hanbal(167) ait approuvé que l'on profère cette damnation».
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