Imam Hosein



Après concertation, on décida de se retrancher sur un mont qui se trouvait près de leur position. Dès qu'ils firent mouvement vers cet objectif, l'armée ennemie, forte de mille hommes et commandée par al-Hor al-Riyâhi, se précipita vers ce même objectif stratégique, malgré la chaleur infernale du soleil, la fatigue et la soif dont souffraient les hommes et les chevaux. Al-Hussayn et ses compagnons réussirent cependant à y arriver les premiers; mais ils furent rejoints presque au même moment par l'armée de Hor. Tout en ordonnant à ses hommes de défendre leurs positions, al-Hussayn, voyant les soldats et les bêtes de l'armée ennemie dans un état d'épuisement et de fatigue manifestement insupportables, leur offrit à boire.

Après ces quelques minutes de repos et de rafraîchissement, al-Hussayn constate que c'était l'heure de la prière de Midi, appela tout le monde(115) à se diriger vers la Mecque pour la prière. Après l'Appel à la Prière, lancé par l'un de ses hommes, il fit un prône dans lequel il expliqua ses principes à l'Hor et à ses soldats, leur rappela le contenu de leurs messages de soutien, et leur demanda de respecter leurs paroles et leurs promesses.(116) Tout le monde garda le silence, et personne ne répondit à ce rappel. Al-Hussayn conduisit la prière et les deux camps prièrent derrière lui. Après quoi, les deux troupes restèrent face à face, mais sans aucun geste de provocation.

Plus tard al-Hussayn accomplit la prière de l'Après-midi et s'apprêta à partir avec ses hommes. Il fit un deuxième discours à l'intention de l'adversaire et vida en guise de rappel deux sacoches pleines de lettres que les Irakiens lui avaient envoyées pour le prier de venir les diriger. Mais al-Hor ne fléchissait pas et entendait empêcher al-Hussayn de poursuivre sa route vers Kûfa. Il lui déclara qu'il avait reçu l'ordre de le conduire à Kûfa et de ne pas le lâcher avant de l'amener à 'Obeidullah.

Al-Hussayn lui dit: «Mais tu seras mort avant d'y arriver». Et il ordonna à ses compagnons: «Partons». Ses hommes enfourchèrent leurs montures et attendirent que les femmes et les enfants fussent prêts au départ. Là, al-Hor et ses soldats leur barrèrent la route. Al-Hussayn perdit patience, se fâcha contre al-Hor et lui dit:

- «Que veux-tu?»

- «Je veux te conduire au gouverneur, 'Obeidullah», répondit-il.

- «Alors, par Dieu je ne te suivrai pas», jura al-Hussayn.

- «Alors, par Dieu je ne te quitterai pas», rétorqua al-Hor.

Alors que les échanges de propos devenaient de plus en plus virulents, al-Hor finit par se montrer plus conciliant et proposa un compromis au petit-fils du Prophète en lui disant: «Je n'ai pas reçu l'ordre de te combattre, mais seulement de ne pas te quitter jusqu'à ce que tu acceptes de me suivre à Kûfa. Si tu refuses de le faire, alors prends n'importe quel chemin, pourvu qu'il ne te conduise ni à Kûfa ni à Médine. Accepte ce compromis provisoire entre nous jusqu'à ce que j'écrive au gouverneur 'Obeidullah. Peut-être Dieu m'évitera-t-IL de faire quoi que ce soit contre toi...».

Al-Hussayn accepta le compromis et prit une route qui se situait à gauche de celle qui conduisait à Qadisiyya. Al-Hor lui dit encore: «Ô al-Hussayn, je te rappelle encore de penser à ta vie, car j'affirme que si tu combats, tu seras tué».



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