LE CHIISME



toute supposition visant à faire croire le prophète avait oeuvré en vue de confier la direction et la tutelle de lappel directement après sa disparition à la génération des muhâjirine et des ançâr, accuserait implicitement le plus grand et le plus clairvoyant guide missionnaire de toute l'histoire des expériences révolutionnaires (de transformation), d'être incapable de distinguer de conscience requis au niveau de la base populaire de lappel, du degré de conscience requis au niveau de la direction de lappel ou de son imamat(48) (avant-garde) idéologique et politique.

iii - lappel est une opération de transformation et un mode de vie nouveau. il comporte donc la reconstruction de la ummah t l'extirpation des racines et des séquelles de la jâhiliyyah (la société préislamique).

la ummah islamique - dans son ensemble - navait vécu cette opération de changement que pendant une décennie tout au plus. or, cette courte période ne suffit pas normalement et selon la logique des messages doctrinaux et des mouvements révolutionnaires (de changement), à former, chez la génération qui na vécu que pendant dix ans l'expérience du changement, un niveau de conscience, d'objectivité, de libération des séquelles du passé, et dassimilation des données du nouveau message, susceptible de la qualifier pour la tutelle du message et la responsabilité de poursuivre sans dirigeant l'opération du changement. pour que la ummah ait pu atteindre le niveau qui la qualifie pour assurer cette tutelle, elle avait besoin d'une plus longue période de régence. c'est là la logique de tous les messages doctrinaux.

mais cette affirmation ne traduit pas seulement une simple déduction. elle exprime aussi une vérité que les événements survenus après la mort du prophète-dirigeant corroborent et qui est apparue au grand jour, un demi-siècle (ou même moins) plus tard à travers l'exercice du pouvoir (la direction ou la tutelle de lappel) par la génération des muhâjirine et des ançâr. en effet, un quart de siècle à peine après que cette génération s'est chargée de la tutelle de lappel, le «califat bien dirigé»(49) et l'expérience missionnaire ont commencé à s'écouler sous les coups violents des anciens ennemis de l'islam - mais opérant cette fois-ci de l'intérieur et non pas de l'extérieur de lappel - qui avaient pu s'infiltrer progressivement dans les centres d'influence, et s'emparer insolemment et violemment de la direction en profitant de son inconscience. ils n'ont pas tardé à obliger la umma, ainsi que sa génération davant-garde, de renoncer à sa personnalité et à sa direction. il s'en est suivi que la direction du message s'est transformée en une propriété héréditaire qui bafouait la dignité des fidèles, assassinait les innocents, gaspillait les biens de la umma, suspendait les peines prescrites, gelait les dispositifs de la loi, disposait à sa guise des destinées des musulmans, que les dépouilles (al-fay') et les biens sont devenus une ferme privée des quraych, et le califat, un ballon avec lequel jouaient les gamins des omayyades.

ainsi, l'expérience de lappel après la mort du prophète et les résultats auxquels elle a abûti un quart de siècle plus tard corroborent ;a conclusion que nous avons tirée plus haut et selon laquelle: «confier la direction» (ou l'imamat) intellectuelle et politique à la génération des ançâr et muhâjirine, directement après la mort du prophète, est une mesure prématurée et que par conséquent, il n'est pas raisonnable de penser que le prophète ait pris une telle mesure.

 


la troisième voie

la troisième voie qui se présentait au prophète, c'est la seule qui paraît adaptée à la nature de la situation et raisonnable à la lumière des circonstances de lappel et ses adeptes et de la conduite du messager. il sagissait pour le prophète de prendre une attitude active(50) vis-à-vis de lavenir de lappel après sa mort, en désignant, sur ordre de dieu, un personnage, choisi en fonction de son enracinement dans l'entité de lappel, et en lui assurant une formation spéciale de dirigeant missionnaire afin qu'il puisse incarner lautorité intellectuelle et la direction politique de l'expérience, poursuivre (après la disparition du messager), avec le soutien de la base populaire consciente, constituée des ançâr et les muhâjirine, la direction de la ummah, et son édification doctrinale pour la hisser à un niveau qui la qualifie pour assumer elle-même les responsabilités de direction.

cette voie, comme on peut le constater, est en effet la seule voie qui pouvait garantir la sauvegarder de lavenir de lappel et la protection de l'expérience contre les risques de déviation dans sa ligne de développement. et c'est ce qui s'est produit effectivement.

les hadith prophétiques concordants qui affirment que le messager assurait à un compagnon une formation missionnaire particulière et une culture doctrinale spéciale, en vue de le préparer à assumer la tâche de lautorité intellectuelle (haute référence intellectuelle) et de la direction politique (de l'expérience) et qu'il lui avait confié cette tâche ainsi que lavenir de lappel, confirment que le prophète-guide a bien choisi la troisième voie qui, comme nous lavons vu, était la seule voie valable que la nature de la situation mettait en évidence.

le compagnon en question n'était autre que alî ibn abî tâlib (p), désigné en raison de ses racines profondes dans lappel, puisqu'il était le premier à combattre pour l'islam et contre tous ses ennemis, qu'il était élevé par le prophète chez lequel il avait ouvert les yeux sur le monde, qu'il avait grandi à ses côtés et qu'il a eu toutes les occasions de s'entendre avec lui et de s'identifier à sa ligne. personne dautre que alî, na pu se doter de toutes ces qualités.



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