LE CHIISMEd'un autre côté, l'imam alî bénéficiait de lallégeance spirituelle et idéologique d'un grand nombre de compagnons notables, tels salmân, abû tharr, ammâr et dautres... à l'époque dabû bakr et de omar. mais là encore, on ne peut appeler cette allégeance, «chiisme spirituel distinct du chiisme politique»; car elle n'exprime, en fait, que la croyance des dits compagnons, suivant laquelle la direction spirituelle et politique de lappel revient à l'imam alî directement après le décès du prophète. alors que leur croyance à laspect idéologique de lautorité(78) de alî s'était traduite par leur allégeance spirituelle précité, leur croyance à son aspect politique s'est matérialisé dans leur opposition au califat dabû bakr et au courant qui a conduit à l'imam alî. la vision fragmentaire d'un chiisme spirituel dissocié du chiisme social, n'est apparu effectivement et na pris naissance dans l'esprit du chiite que lorsque celui-ci s'est soumis à la réalité, et que la braise ardente du chiisme - cet attachement spécifique (du chiisme) à une direction islamique légale, chargée de poursuivre l'édification de la ummah après le décès du prophète et daccomplir la grande opération de transformation entreprise par celui-ci - s'est éteinte en lui, et s'est transformée en une simple doctrine que l'on garde dans le coeur et dans laquelle on cherche espérance et consolation. là , nous rejoignons lassertion selon laquelle les imams dahl-ul-bayt qui ont succédé à l'imam al-hussayn se seraient retirés de la vie sociale, et désintéressés de ce bas-monde. rappelons à ce propos, tout formule exprimant lattachement à la continuité de la celle-ci ne signifie autre chose que la poursuite de laction de changement entreprise par le prophète, afin de compléter l'édification de la ummah sur la base de l'islam. et cela étant dit, il n'est pas possible de concevoir que les imams puissent renoncer à la vie sociale, sans renoncer du même coup au chiisme! ce qui a laissé croire, donc, que ces imams aient renoncé à laspect social de leur autorité, c'est d'une part le fait qu'ils navaient pas entrepris d'une action armée contre le pouvoir établi, et dautre part le fait que l'on confère à lacceptation d' «aspect social» un sens étroit qui ne comporte que laction armée. nous possédons beaucoup de textes montrant que les imams étaient toujours disposés à passer à la lutte armée s'ils avaient la conviction de l'existence d'hommes prêts à y participer, et de la possibilité de réaliser par cette lutte les buts islamiques escomptés. lorsque nous retraçons lacheminement du mouvement chiite, nous remarquons que la direction chiite, représentée par les imams dahl-au-bayt, croyait que laccession au pouvoir ne suffirait ni ne pourrait suffire à réaliser islamiquement l'opération du changement si ce pouvoir n'était pas appuyé sur des bases populaires, conscientes de ses objectifs (du pouvoir), croyant à sa théorie du gouvernement, disposées à le protéger, capables d'expliquer ses positions aux masses et de résister à tous les tourbillons. c'est pourquoi, pendant la première moitié du siècle qui a suivi la mort du prophète, la direction chiite essaya toujours de reprendre le pouvoir - après en être exclue - par tous les moyens auxquels elle croyait, car elle pensait qu'il existait des bases populaires conscientes ou sur le point de l'être, parmi les muhâjirine, les ançâr et les suivants. mais un demi-siècle plus tard, lorsque ces bases conscientes ont disparu ou presque, et que l'on l'on assistait à la naissance - sous le règne déviationniste - de générations nonchalantes, la prise du pouvoir par le mouvement chiite naurait pu conduire à la réalisation du grand objectif islamique, n labsence d'une assise populaire prête à fournir consciemment le soutien et le sacrifice nécessaires. devant une telle situation, il était indispensable, pour la direction chiite, de mener deux types daction: 1- oeuvrer en vue de constituer les bases populaires conscientes afin de préparer le terrain pour la prise du pouvoir; 2- ramener la conscience et la volonté de la ummah, et les maintenir dans un degré de fermeté et de vie, où elles pourraient immuniser la nation islamique contre le risque de céder totalement sa personnalisé et sa dignité aux gouvernements déviés.
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