LE CHIISME



ainsi, le chiisme est donc né dans le cadre de lappel islamique comme l'expression de la thèse prophétique que le messager avait présentée, sur ordre de dieu, afin de protéger lavenir de lappel.

par conséquent, le chiisme n'était pas un phénomène accidentel sur la scène des événements, mais le résultat nécessaire de la nature de la formation de lappel, de ses besoins et des circonstances originelles qui ont imposé à l'islam d'engendrer le chiisme. en dautres termes, ces circonstances et la nature de la formation de lappel imposaient au premier dirigeant de l'expérience (le prophète) d'en préparer le second dirigeant (l'imam ali) afin que celui-ci, ainsi que ses successeurs, assurent son développement révolutionnaire, oeuvrent en vue de réaliser son objectif d'extirper toutes les séquelles et racines du passé préislamique (jâhilite), et d'édifier une ummah digne de se hisser au niveau des exigences et des responsabilités de lappel.
 
 


deuxième partie :
comment se sont constitués les chiites?

nous savons à présent comment est né le chiisme, il nous reste à savoir comment le secteur chiite s'est constitué t comment la ummah s'est scindée. c'est ce à quoi nous allons essayer de répondre dans les pages suivantes.

lorsqu'on retrace la première phase de la vie de la ummah islamique, à l'époque du prophète, on constate que deux tendances principales et différentes ont accompagné la naissance de la ummah et se sont manifestées depuis les premières années de l'expérience islamique. elles cohabitaient à l'intérieur du cadre de la ummah naissante que le messager avait fondée. cette différence entre les deux tendances conduira à une division doctrinale, apparue directement après le décès du prophète, division qui a scindé la ummah islamique en deux parties: l'une, portée au pouvoir et devenue, de ce fait, majoritaire, lautre exclue du pouvoir et réduite, par conséquent à jouer un rôle d'opposant minoritaire dans le cadre général de l'islam. c'est cette minorité qu'on appellera par la suite, les «chiites».

les deux tendances principales qui ont accompagné la naissance de la ummah islamique du vivant du prophète et depuis le début de l'expérience islamique sont:

1- la tendance qui croit au culte(54) de la religion à son arbitrage et à lacceptation absolue du texte religieux dans tous les aspects de la vie.

2- la tendance qui croit que la foi en la religion n'exige du musulman qu'une culte limité à certaines piétés et certains aspects (de l'islam) relevant du mystère. en dehors de ce cadre limité, elle croit à la possibilité de l'ijtihâd(55) dans les autres domaines de la vie, et par conséquent à la légitimité de changer ou de modifier le texte religieux selon les intérêts du moment et les circonstances de la situation (pour ce qui concerne ces autres domaines de la vie).

bien que les compagnons - en leur qualité davant-garde pieuse et éclairée - aient constitué la meilleure graine et la plus saine pour l'engendrement d'une nation missionnaire (et ce à tel point qu'on peut dire que l'histoire de l'humanité na pas connu une génération doctrinale plus merveilleuse, plus noble ou plus pure que celle que le prophète avait forgée), il faut reconnaître qu'il y avait dans leurs rangs un large courant - du vivant du messager - qui tendait à préférer l'ijtihâd (le jugement personnel) dans lappréciation de l'intérêt (de la ummah ou du fidèle)(56) et sa déduction des circonstances(57), opposé à lautre courant qui croyait à larbitrage de la religion, à la nécessité de se soumettre à elle et d'observer d'une façon scrupuleuse et absolue tous ses textes, dans tous les domaines de la vie. sans doute, l'un des facteurs de ladhésion de la majorité des musulmans au second courant (le courant de l'ijtihâd) réside dans la tendance naturelle d l'homme à agir selon l'intérêt qu'il pressent et apprécie lui-même et non pas conformément à une décision dont il ne comprend pas le sens.

ce courant comptait des représentants audacieux parmi les grands compagnons, tels que omar ibn al-khattâb, qui discutait les décisions du prophète et se permettait de donner un avis personnel, qui nallait pas toujours dans le sens du texte, convaincu qu'il pouvait sarroger ce droit.

notons à ce propos sa position de protestataire à l'encontre du traité de paix de hudaybiyyah, son attitude vis-à-vis de «lappel à la prière» (athân) légal dont il a supprimé la formule (hayya alâ khayr al-amal)(58); ou encore sa position à l'égard du prophète (p) lorsque celui-ci institua «mutaat al-hajj»(59) ainsi que bien dautres positions ijtihâdites(60) qu'il avait prises.



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