LE CHIISME



la gravité de la situation qui devrait prévaloir après la disparition du prophète naurait donc pu échapper, aucun dirigeant ayant exercé une action missionnaire, et a fortiori au «sceau des prophètes»(15) (le prophète muhammad-p).

et si l'on admet:

- quabû bakr ne s'est pas permis de quitter la scène (de la vie) avant d'intervenir activement dans le sort de sa succession afin de garantir lavenir du califat, en prétextant une mesure de précaution;

- que les musulmans ont accouru à omar lorsqu'il a été blessé en l'implorant: «si tu nous faisais une promesse(16) (si tu désignait un successeur)», craignant le vide qui serait créé après sa mort, et ce, bien qu'une certaine maturité politique et sociale ait commencé à se dessiner chez la umma, dix ans après la disparition du messager, et que omar, partageant leur appréhension, ait désigné six successeurs possibles;

- que omar était conscient de la gravité de la situation le jour de la saqîfah(17), et des complications que pourrait créer la désignation improvisée dabû bakr au califat, puisqu'il a déclaré à ce propos: «c'était une erreur et allah nous en a évité les conséquences fâcheuses»(18); et puisquabû bakr lui-même a justifié sa hâte à accepter du prophète, par la gravité de la situation (créée à la suite de la mort du prophète) et de la nécessité de lui trouver une solution rapide, en déclarant (lorsqu'on la blâmé davoir accepté le pouvoir): «le messager de dieu a rendu l'âme alors que les fidèles navaient pas assez de recul pour oublier la jâhiliyyah. c'est pourquoi, mes amis m'ont chargé de cette responsabilité».(19)

si tout cela est donc vrai, il est tout naturel et évident que le précurseur et prophète de lappel islamique, était encore plus conscient que tout autre de l'islam après sa mort, et qu'il comprenait mieux que quiconque la nature de la situation et les exigences de laction de transformation révolutionnaire qu'il exerçait auprès d'une umma qui venait de quitter la jâhiliyyah de fraîche date, selon l'expression dabu bakr.

2- la seconde hypothèse absurde qui expliquerait la prétendue passive du prophète vis-à-vis du sort et de lavenir de lappel après sa mort, c'est de penser que, bien qu'i fût conscient du danger que comporte cette passivité, il ne fit rien qui pût prévenir lappel de ce danger, et ce parce qu'il aurait considéré lappel dans un esprit intéressé, se contentant de le protéger tant qu'il vivait lui-même, afin d'en tirer profit et de jouir de ses avantages, sans guère se soucier de la suivre de lappel après sa propre disparition.

hypothèse dautant plus insensée que, même si l'on dépouillait le prophète de sa qualité de messager de dieu et que l'on oubliait qu'il était en contact permanent avec la providence pour tout ce qui concerne lappel, même si nous nous contentions de le considérer comme un dirigeant missionnaire, pareil à lautres dirigeants de message, cette hypothèse ne pourrait sappliquer à lui, dirigeant missionnaire inégalé dans le dévouement qu'il montrait pour lappel, dans la fidélité qu'il lui vouait et dans les sacrifices qu'il lui offrait jusquau dernier moment de sa vie.

toute son histoire en porte témoignage. même lorsqu'il était sur son lit de mort et que sa maladie saggravait sérieusement, il na cessé de se préoccuper d'une bataille dont il avait établi des plans et pour laquelle il avait préparé larmée de usâmah. c'était de son lit de mort qu'il ne cessait de donner les ordres suivants, entrecoupés de pertes de conscience répétées: «prépares larmée de usâmah! mettez-la sur pied de guerre...»(20).

si le prophète s'est montré si préoccupé par l'un des aspects militaires de lappel, alors même qu'il s trouvait sur son lit de mort, et tout en sachant qu'il mourrait avant davoir cueilli les fruits de cette bataille, comment peut-on concevoir qu'il ne se souciait pas de lavenir de l'islam et qu'il n'établissait pas des plans pour le prévenir des dangers qui le guetteraient après sa mort?



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