Pphilosophie de l’Islam (Livre 1)Si la direction elle-même a une disposition à la corruption, et que malgré les instructions du système, elle s'implique dans la thésaurisation de la fortune, la discrimination de classe, la vie luxueuse et dans d'autres vices, le système cesse d'être efficace par manque d'adeptes sincères. Dans un tel cas, progressivement, les principales instructions du système sont déformées, car les gouvernants essaient de garder tout sous leur contrôle pour servir leurs propres intérêts, faute de pouvoir oser s'opposer directement et ouvertement au système, étant donné que, tout en étant usurpateurs, ils doivent leur position et leur pouvoir au système lui-même. En outre, ils doivent tenir compte des sentiments du public et du soutien populaire au système. De là , ils prétendent publiquement être les champions de la défense du système, mais ils enfoncent un poignard dans son dos secrètement. Cette tragédie survint vraiment dans l'histoire de l'Islam. Les gouvernants corrompus des Omayyades et des Abbassides n'étaient pas des produits authentiques de l'Islam. Ils se sont emparés de la direction de la société musulmane contre tous les critères islamiques. Puis, pour édifier le haut palais de leur propre pouvoir, ils se mirent à dénaturer l'Islam avec l'aide de leurs agents stipendiés qu'ils avaient choisis parmi les historiens, les prêcheurs, les "traditionnistes" et les exégètes. Dans ce processus, ils ébranlèrent l'entité islamique éducatrice de l'homme. En fait, tel fut le sort de tous les grands mouvements de l'histoire. Il arrive souvent qu'après s'être installés, les pionniers tombent en proie à l'égoïsme et aux dissensions, et que pour obtenir le pouvoir ils commencent à se battre entre eux. Progressivement, les buts et les objectifs du mouvement sont sacrifiés aux individus. Le système est utilisé au service des dirigeants, alors que ceux-ci ne rendent aucun service valable au système. La résistance interne
Cette situation demande une action de l'intérieur de la société. Face à cette tragédie, l'Islam détient un brillant record de soulèvements internes. L'agitation contre 'Othman, le troisième Calife, la grande épuration interne sous le Califat de l'Imam Ali (P), la résistance héroïque de l'Imam al-Hussayn (P), puis son martyre, les mouvements académiques de l'Imam al-Bâqir (P) et de l'Imam al-Çâdiq (P) en vue de la renaissance du système, les soulèvements sanglants des Alawites et des descendants de l'Imam al-Hassan (P), ainsi que d'autres événements qui eurent lieu en Iran, en Egypte et dans d'autres pays musulmans durant les règnes des Omayyades et des Abbassides, tous ces mouvements survinrent en réaction contre la situation odieuse créée parles gouvernants et le système corrompu imposé de force par eux (les détails de ces mouvements intérieurs doivent être abordés dans un livre à part). En tout cas, pour remédier à une telle situation, l'Islam a prescrit les principes de vigilance, de sacrifice de soi, de jihâd intérieur (auto-réforme) ainsi que l'exhortation au bien et l'interdiction du mal. Les envahisseurs influencés
Les guerres et les conflits internationaux cristallisent les événements marquants de l'histoire.(48) L'objectif des croisades était inhumain. Elles furent lancées contre les Musulmans par ceux qui souffraient de rigidité mentale, de préjudice, de conceptions erronées, de discrimination de classe, de stagnation intellectuelle, de retard éducationnel, et de fossilisation médiévale. Ces guerres furent déclenchées dans le but de s'opposer à une nouvelle religion et à un système mondial qui croyaient aux valeurs humaines et qui avaient remplacé la discrimination et l'inégalité par la justice et l'égalité, et mis à la place du paganisme la femme croyance en Un Dieu. Le résultat fut une terrible effusion de sang, une destruction à grande échelle et beaucoup d'incidents ignobles qui se poursuivirent pendant plus d'un siècle. Même dans cette situation, l'Islam joua son rôle constructif. Les croisés se mélangèrent aux Musulmans et découvrirent la grande et riche culture de l'Islam de leurs propres yeux. Ils furent les témoins oculaires du système social avancé des Musulmans, de leurs bibliothèques, leurs centres éducatifs, leurs lois sociales, leurs organisations sociales, leurs centres civiques et toutes les autres réalisations sociales et intellectuelles. Il s'ensuivit que les yeux et les oreilles des croisés furent ouverts. Ils sortirent donc de leur environnement fermé et de l'étroitesse suffocante de leurs systèmes intellectuel et social. Leur plus grande réalisation, au-delà de toute cette effusion de sang et de ce combat, fut leur contact avec la culture et les principes idéologiques de l'Islam. L'Europe se réveilla après un sommeil de mille ans. La pénétration de la culture de l'Islam en Espagne et sur les côtes françaises, ouvrit les portes d'une nouvelle culture et d'une nouvelle pensée aux Européens. Les travaux et les livres islamiques furent traduits de plus en plus en langues européennes. On peut dire justement qu'au début, le progrès industriel et scientifique, et les changements sociaux dans la nouvelle Europe et pendant la période qui suivit la Renaissance, furent inspirés de la culture musulmane.
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