LES DROITS (1)



Si nous considérons cette question d'un point de vue purement philosophique, la réponse en est simple. Ce sont les choses matérielles du monde qui subissent des changements constants, qui se développent et déclinent, et qui sont sujettes à l'évolution et à la décadence. Quant aux lois universelles, elles ne changent pas. Par exemple, les êtres vivants évoluent conformément à des lois spécifiques, et les scientifiques ont mis en évidence les lois de cette évolution. Il n'y a donc pas de doute que les êtres vivants changent constamment, mais les lois de leur évolution et de leur développement ne sont soumises à aucun changement. En parlant des lois, il faut noter qu'il n'y a pas de différence entre les lois naturelles et les lois positives, car il est possible que celles-ci, qui avaient été conçues et promulguées par l'homme, aient eu pour source la nature elle-même, et qu'elles soient conformes au processus d'évolution des individus et de la société humaine.

En tout cas, les interrogations sur la compatibilité ou l'incompatibilité de l'Islam avec les exigences de l'époque n'ont pas qu'un aspect philosophique et général. La question qui se pose le plus souvent est que, puisque les lois sont promulguées en fonction des besoins de l'homme, et que les besoins sociaux de l'homme sont évolutifs, comment les lois sociales pourraient-elles dès lors être immuables ?

Cette question est pertinente, et la réponse en est que l'un des miracles de l'Islam est justement le fait qu'il a promulgué des lois immuables pour les besoins immuables de l'homme, et des lois souples et élastiques pour ses besoins provisoires et changeants. C'est ce que nous allons expliquer avec plus de détails et dans les limites où notre exposé nous le permet.

Avec quoi le Temps est-il lui-même Compatible ? Avant de répondre à cette question, nous aimerions attirer l'attention sur deux points :

Le premier point est que la plupart des gens qui parlent de progrès, de développement et de changement dans une situation supposent que tout changement social, surtout si sa source se trouve en Occident, est la conséquence du progrès et du développement. C'est là l'une des idées les plus erronées que la génération actuelle ait entretenues.

Ces gens ont l'impression qu'étant donné que les moyens de la vie changent de jour en jour, et que ceux qui sont imparfaits sont remplacés par de plus perfectionnés, et puisque la science et l'industrie progressent constamment, par conséquent tous les changements dans la vie humaine forment une sorte de progrès et d'avancée, et sont de ce fait les bienvenus. Bien plus, ils pensent que de tels changements sont inévitables et doivent intervenir nécessairement un jour ou l'autre.

En réalité tous les changements ne sont ni le résultat direct du progrès de la science et de l'industrie, ni inévitables. Car alors que la science progresse, la nature rebelle de l'homme ne reste pas inactive. La science et la raison poussent l'homme vers la perfection, alors que la nature humaine rebelle l'attire vers la perversion et la déviation. Car les désirs naturels de l'homme s'efforcent de se servir de la science pour mieux assouvir la volupté humaine. Ainsi, tout en étant réceptive au progrès et à la perfection, l'époque est tout aussi réceptive à la perversion et à la déviation. Nous devons donc progresser avec l'évolution du temps, mais tout en combattant la corruption. Les réformateurs et les réactionnaires luttent tous les deux contre le temps, à cette différence près que les premiers se battent contre la perversion de l'époque, et que les réactionnaires combattent contre son progrès. Si nous considérons le temps (l'époque) et ses changements comme le critère de tout le bien et de tout le mal, quel est alors le critère de jugement du temps lui-même ? Si tout doit se conformer au temps, à quoi le temps lui-même doit-il se conformer ? Si l'homme doit suivre les bras croisés le temps et ses changements, que restera-t-il alors du rôle constructif et créatif de la volonté humaine ? L'homme est embarqué sur le véhicule du temps, qui est en mouvement. Il ne doit pas oublier ou négliger de guider et de contrôler son véhicule. Autrement, il serait pareil à une personne montée sur un cheval et qui se laisse guider par la volonté du cheval.

Adaptation ou abrogation ?

 



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