LES DROITS (1)A notre avis, il y a, à part les facteurs historiques, un facteur psychologique et local aussi qui a conduit l'Orient musulman à se désintéresser de la question des droits rationnels dont il avait posé lui-même la première fondation. En effet, il y a une différence psychologique et morale entre l'homme oriental et l'homme occidental. L'homme oriental a un penchant pour la morale, alors que l'Occidental penche vers les droits. L'Orient affectionne la morale et l'Occident adore les droits. L'Oriental, par la force de sa nature orientale, conçoit son humanité à travers l'affection, le pardon, l'amour de son prochain, sa philanthropie et son esprit chevaleresque, alors que l'Occidental la conçoit dans la reconnaissance de ses droits, dans la défense de ceux-ci et dans sa tendance à empêcher quiconque de les lui ôter. Mais l'humanité a besoin de la morale tout comme elle a besoin des droits, car elle est liée autant à la morale qu'aux droits, et ni ceux-ci ni celle-là ne peuvent constituer le seul critère de l'humanité. Or la religion musulmane possédait, et possède toujours, cette qualité qui consiste à s'intéresser à la fois aux droits et à la morale. De même que la fidélité, le pardon et la philanthropie sont considérés comme des valeurs morales sacrées en Islam, de même la connaissance des droits, et la défense de ces droits, sont considérées comme des questions humaines sacrées dans notre religion. Il faut dire que l'esprit oriental a fini par être dominant chez les Musulmans, et, par conséquent, bien qu'au début ils se soient intéressés à la fois à la morale et aux droits, à la longue le domaine de leur activité s'est réduit à la morale seulement. En tout cas, à présent, la question qui nous intéresse est une question philosophique et rationnelle, une question de raisonnement et d'argumentation, question liée à la vérité de la justice et à la nature des droits. Or la justice et les droits existaient avant la promulgation de toute loi dans le monde, et on ne saurait changer la substance de la justice et du droit par la promulgation d'une loi positive [promulguée par l'homme]. Montesquieu a écrit : «Avant que l'homme ne promulguât des lois, il était possible que des relations humaines justes se fondent sur les lois qui gouvernent les relations entre les êtres. C'est l'existence de ces relations qui a conduit à la promulgation des lois. Dire qu'avant la promulgation des lois par l'homme il n'y avait pas un ordre juste ou injuste pour réguler les relations humaines, équivaudrait à affirmer que les diamètres de cercles qu'on n'a pas encore dessinés ne sont pas égaux.» Herbert Spencer a écrit : «La justice est entremêlée avec quelque chose d'autre que les sentiments, à savoir, les droits naturels des individus. Et pour que la justice ait une existence extérieure, nous devons respecter les droits naturels.» La plupart des intellectuels européens sont d'avis que la déclaration des droits de l'homme a dérivé des droits naturels. En d'autres termes, d'après eux, la théorie des droits naturels n'a été autre que la déclaration des droits de l'homme. De même que nous avons vu des intellectuels et penseurs européens comme Montesquieu et Spencer ont exprimé des vues sur la justice conformes à la doctrine des théologiens musulmans relative au beau et au laid rationnels et au principe de la justice, de même, il y a, parmi les savants musulmans, quelques-uns qui ont renié l'existence des droits innés et ont affirmé que la justice est une question contractuelle (positive). Similairement, une telle croyance est partagée par certains penseurs européens aussi, tels que le philosophe anglais Thomas Hobbes, qui a nié l'existence de la justice en tant qu'une réalité. La Déclaration des Droits de l'Homme est une Philosophie et non une loi Il est ridicule de dire qu'étant donné que la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui garantit l'égalité des droits entre l'homme et la femme, a été ratifiée officiellement par le parlement d'un pays donné, les hommes et les femmes de ce pays sont censés avoir des droits égaux. Après tout, la Déclaration universelle des droits de l'homme ne fait pas partie de la compétence du Parlement pour que celui-ci puisse les ratifier ou les rejeter. En effet, les contenus de cette charte ne sont pas des contrats et accords pour que les pouvoirs législatifs d'un pays puissent les ratifier ou non.
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