LES DROITS (1)Toutefois, à notre avis, la question la plus fondamentale ou tout au moins, l'une des questions les plus fondamentales relatives aux droits familiaux est de savoir si le système domestique est indépendant de tous les autres systèmes sociaux et qu'il a ses propres critères et logiques spécifiques, ou s'il est tout simplement l'un des nombreux systèmes sociaux sur lequel s'appliquent les mêmes critères et philosophie qui régissent les autres. La raison de cette interrogation est que, d'une part, dans ce système, les principales parties concernées appartiennent à deux sexes opposés, et, d'autre part, il implique la procréation et la succession des parents et des enfants. La nature a façonné d'une façon différente les organes de reproduction des deux parties. La société domestique est semi-naturelle et semi-contractuelle. Elle est dans une position intermédiaire entre la société instinctive -telles celles des abeilles et des fourmis dont les droits et les devoirs sont prédéterminés par la nature et sans aucune possibilité de sortir des règles- et la société contractuelle, telle la société civile des êtres humains, laquelle a un aspect naturel ou instinctif. Comme on le sait, les anciens philosophes considéraient la philosophie de la vie familiale comme une branche indépendante de la "sagesse pratique" et croyaient à l'existence d'une logique et d'un critère spécifique à cet aspect de la vie humaine. Ainsi, Platon, dans "La République", et Aristote, dans "La Politique", et Avicenne, dans "Al-Chifâ'" avaient regardé ce sujet sous cet angle. En ce qui concerne les droits de la femme dans la société, il y a là encore une controverse et une interrogation sur le point de savoir si les droits naturels et humains de la femme et de l'homme sont identiques ou différents, ou en d'autres termes si les droits accordés par la nature aux êtres humains sont mono-sexuels ou bi-sexuels, et si la sexualité masculine ou féminine affecte ou non, d'une manière ou d'une autre, les droits et les obligations humains. Dans le monde occidental, un mouvement des droits de l'homme émergea au 17e siècle, accompagnant l'essor des mouvements philosophiques et scientifiques. Les écrivains et les penseurs du 17e et du 18e siècles firent des efforts louables pour mettre en circulation leurs idées sur les droits inaliénables de l'homme. Jean-Jacques Rousseau, Voltaire et Montesquieu, qui appartenaient à cette catégorie d'écrivains et de penseurs, sont de grands bienfaiteurs de la société humaine, et on peut dire que les services qu'ils ont rendus à l'humanité ne sont nullement inférieurs à ceux des grands inventeurs et découvreurs. Leur idée fondamentale consistait à dire que l'homme a une série de droits et de libertés naturels et innés qui sont absolument inaliénables et intransférables et auxquels on ne peut renoncer. Tous les hommes, qu'ils soient gouvernants ou gouvernés, noirs ou blancs, riches ou pauvres, sont égaux. Le résultat de ce mouvement social et intellectuel se manifesta d'abord en Angleterre, ensuite aux Etats-Unis et enfin en Au 19e siècle, de nouvelles idées économiques, sociales et politiques émergèrent dans le domaine des droits de l'homme. De nouveaux développements conduisirent à l'apparition du socialisme, à la participation des travailleurs aux profits industriels et au transfert du gouvernement des mains des capitalistes vers les dirigeants travaillistes. Jusqu'à la fin du 19e siècle, toutes les discussions engagées et toutes les mesures prises avaient trait aux droits des employés sur les employeurs. Au 20e siècle, la question des droits de la femme fut soulevée, et, pour la première fois en 1948, la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme des Nations Unies proclama l'égalité des droits entre l'homme et la femme.
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