LES DROITS (1)



En fait, cette négligence n'est pas due à un simple effet de hasard ou de hâte, mais à d'autres facteurs aussi ayant trait au désir d'exploiter la femme au nom de la liberté et de l'égalité.

L'un de ces facteurs était l'avidité des industriels qui voulaient faire sortir la femme de sa maison pour aller à l'usine, afin d'exploiter sa potentialité économique. Aussi ont-ils plaidé pour les droits de la femme, pour son indépendance économique, et pour l'égalité de sa liberté et de ses droits avec ceux de l'homme. Mais ce sont eux finalement qui ont obtenu ce qu'ils voulaient vraiment. Dans le chapitre IX de son livre "Les Plaisirs de la Philosophie", Will Durant -après avoir cité certaines théories humiliantes pour les femmes, élaborées par Aristote, Nietzsche, Schopenhauer, et quelques écritures saintes juives, et après avoir rappelé que pendant la Révolution française, bien qu'on ait évoqué un peu la liberté de la femme, il n'y eut pratiquement pas de changement dans la condition de celle-ci- écrit que jusqu'à la fin du XIXe siècle, aucune loi n'obligeait l'homme à respecter la femme. Puis, traitant des causes du changement de la condition féminine au XXe siècle et de la libération de la femme des répercussions de la révolution industrielle, il dit : «Les ouvrières touchaient un salaire inférieur à celui des hommes, et les patrons les préféraient aux hommes en raison de la fréquence de la révolte de ceux-ci. Il y a un siècle, il était difficile pour les hommes de trouver un emploi en Angleterre, alors que les annonces incitaient ceux-ci à envoyer leurs femmes et leurs enfants aux usines. Le premier pas franchi dans la voie de la libération de nos grand-mères fut la loi de 1882, en vertu de laquelle les femmes de Grande Bretagne jouissaient désormais d'un privilège sans précédent, à savoir le droit de garder pour elles-mêmes l'argent qu'elles gagnaient. Cette loi éthique chrétienne a été déposée par les patrons à la Chambre des Communes dans le but d'attirer les femmes d'Angleterre vers les usines. Et depuis cette date-là, jusqu'à nos jours, le désir irrésistible du gain a conduit les femmes à se libérer des corvées de la maison pour être asservies dans le magasin ou l'usine...»

Avec le développement de la machine et la croissance contiuelle de la production, il est devenu nécessaire pour les capitalistes d'employer tous les moyens audiovisuels, intellectuels, émotionnels, artistiques et sexuels, afin de transformer l'homme en un consommateur sans volonté et de lui imposer le surplus de leur production. Là encore les capitalistes avaient besoin de se servir de la femme pour atteindre leur but, mais cette fois-ci ils n'eurent pas besoin des efforts physiques et de l'énergie productrice de la femme en tant qu'un simple travailleur aidant l'homme à la production, mais de la beauté de la femme, de son charme de son attirance et de sa séduisance afin d'inciter les gens à la consommation, obligeant ou persuadant ainsi la femme de vendre son honneur et sa dignité et de devenir un simple objet de consommation. Evidemment tout ceci se faisait au nom de la liberté de la femme et de son égalité avec l'homme.

Les hommes politiques aussi n'ont pas manqué d'utiliser ce facteur pour arriver à leurs fins. Aussi voit-on les femmes régulièrement dans les reportages des journaux et des revues.

Evidemment les jeunes du XXe siècle n'ont pas raté cette occasion inespérée. Afin d'obtenir une femme sans assumer toutes les responsabilités conventionnelles que leur lien avec elle entraîne normalement, et pour pouvoir satisfaire leurs besoins sexuels librement, ils ont plus que tous autres versé des larmes de crocodiles sur les malheurs de la femme et sur la discrimination qu'elle subirait par rapport à l'homme. Et pour pouvoir mieux contribuer à cette "cause sacrée", ils sont allés jusqu'à retarder leur mariage jusqu'à l'âge de 40 ans, voire même jusqu'à rester célibataires pour toujours !

Il ne fait pas de doute que le siècle courant a corrigé de nombreux torts faits à la femme, mais il lui a aussi apporté beaucoup de malheurs. Est-elle donc condamnée à subir fatalement l'une ou l'autre sorte de ces malheurs, les anciens et les nouveaux ? Ou bien ne peut-elle pas se défaire aussi bien de ses malheurs anciens que de ses nouveaux malheurs ?

En fait, il n'est pas du tout fatal qu'elle doive continuer à souffrir. Elle a souffert dans le passé parce qu'on avait oublié qu'elle était un être humain. Elle continue de souffrir maintenant, parce que son tempérament de femme, ses exigences innées et ses capacités particulières ont été ignorés, volontairement ou involontairement.

Ce qui est surprenant, c'est le fait que chaque fois qu'on évoque les différences naturelles et innées entre l'homme et les femmes, certains présument que ces différences seraient le signe de l'imperfection de la femme et de la perfection de l'homme, ce qui les conduit à croire que les hommes jouissent de certains privilèges dont seraient privées les femmes. Ils ne savent pas qu'il ne s'agit pas de perfection et d'imperfection. Il n'était nullement dans l'intention du Créateur de rendre les uns parfaits et privilégiés, les autres défectueux et démunis. Ces gens, qui fondent leurs arguments sur cette présomption étonnante, affirment qu'étant donné que la nature a été injuste envers la femme, nous ne devr ions pas ajouter l'insulte au tort qui lui a été fait, et qu'il est donc plus humain d'ignorer sa qualité de femme. Mais en réalité c'est l'irrespect de la position naturelle de la femme qui conduit le plus souvent à la priver de ses droits. Si les hommes constituaient un front contre les femmes et qu'ils disent : «Etant donné que nous sommes égaux, notre travail, nos responsabilités, nos salaires et nos rétributions devraient être similaires. Vous devez partager avec nous les travaux durs que nous effectuons, toucher un salaire correspondant au volume de travail que vous aurez effectué, et vous ne devez attendre de nous aucune considération, aucun respect et aucune protection. Supportez vos propres dépenses, partagez avec nous les frais d'entretien des enfants, et débrouillez-vous pour vous défendre contre tous les dangers. Vous devez dépenser pour nous autant que nous dépenserions pour vous.» Si une telle situation venait à se présenter, les femmes seraient sûrement les perdantes, car de par leur nature elles ont une capacité de production inférieure à celle des hommes, alors que leurs dépenses sont supérieures aux leurs. Leurs règles, leurs grossesses, leurs douleurs dues au port de l'enfant et à son allaitement, les placent dans une position qui exige la protection des hommes. Elles ont besoin de plus de droits et de moins de responsabilités. Cette position n'est pas particulière aux êtres humains. Elle s'applique également à tous les animaux vivant en couple. Dans le cas de tous ces animaux, le mâle protège instinctivement sa partenaire femelle.

Si nous prenons en considération la position particulière



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