La philosophie de l’Imâmat chez Mollâ Sadrâ



D’après la doctrine (62) de l’unité de l’être (wahdat al-wujûd) et de sa réalité modulée selon différents degrés, comme on l’a vu, l’Imâm jouit du plus haut degré d’intensité de l’être. Pour cette raison, il se trouve au sommet de la hiérarchie ontologique. Il en résulte :

  • Une souveraineté universelle de l’Imâm sur le monde des possibles.
  • Une maîtrise et un contrôle du cours des évènements, et principalement des comportements humains face à ces évènements. Ceci est conforme à ce que disent les traditions, à savoir que toutes les actions des hommes sont présentées au Prophète (s) et aux Imâms (as).

 

Explication et élucidation philosophique des qualités des Imâms (as)

D. L’Imâm est impeccable et possède le plus haut degré de la vertu et de la foi :

Les Imâms bénéficient largement de leur degré d’être extrêmement intense, et en particulier, ils sont préservés de l’erreur et du péché. Car l’erreur et le péché sont causés par l’ignorance et l’imperfection, or l’Imâm est tenu à l’écart de toute confusion et de tout péché. Comment un homme qui n’est pas un ignorant et ne souffre d’aucun défaut et d’aucune faiblesse, pourrait-il tomber dans l’erreur et le doute ? D’autre part, le facteur le plus important de l’aberration chez l’homme réside dans la passion, la colère, la luxure ; or nous avons vu que les degrés supérieurs ne sont pas sous l’emprise des degrés inférieurs et échappent totalement à leur influence. Il s’ensuit que l’Imâm qui est au sommet de la pyramide de l’être ne sera jamais tenté d’accorder le moindre intérêt à la renommée, aux biens, aux richesses et aux ornements de ce monde. C’est exactement pour cette raison que le Noble Prophète de l’islam (s) ne prêtait aucune attention au monde. Parce que ces hommes saints sont à la recherche d’un Bien-aimé que ni la terre ni le ciel ne peuvent contenir. En comparaison avec la Présence divine, ce monde-ci et le monde de l’Au-delà n’ont même pas la valeur d’un grain d’orge.

De ce qui précède, nous tirons les conclusions suivantes :

  • L’Imâm est préservé de l’erreur et du péché. (63)
  • La direction préservée des errements et de la déviation est un privilège exclusif de l’Imâm. En présence d’un Imâm, suivre un autre homme non préservé de l’erreur et lui obéir est contraire non seulement à la Loi mais aussi au bon sens. C’est la raison pour laquelle l’Imâm Rezâ (as) a affirmé que les Imâms étaient les étoiles et les signes de la bonne guidance, (64) conformément au verset coranique (65)  : « Et des repères, tels qu’ils se guident au moyen des étoiles », (Sourate Al-Nahl (Les abeilles) ; 16 : 16). Le Prophète (s) a dit : « Mes compagnons sont comme des étoiles », quelqu’un lui posa la question : « Qui sont tes compagnons ô Envoyé de Dieu ? Â» Il répondit : Ce sont les Douze Imâms après moi, lequel d’entre eux que vous suivrez, vous serez guidés… » (66) . Seuls les Imâms sont la source de vérité, les autres prétendants non qualifiés pour cette fonction sont source de vanité. (67) Les Gens du Rappel (ahl al-Zikr) sont les plus aptes à répondre aux questions de ceux qui ne savent pas. (68) Les khalifes divins sont la porte de la connaissance de Dieu. (69)
  • L’obéissance au guide impeccable est obligatoire du point de vue de la raison et de la Loi, comme l’ont confirmé l’Imâm Mûsâ ibn Ja'far et l’Imâm Rezâ (as) (70) , et la nécessité de se soumettre à l’évidence. (71)
  • Avec la possibilité qu’il existe un guide infaillible, la raison et la Loi divine commandent de chercher à le connaître, en tant que devoir religieux. (72)
  • A défaut de connaître l’Imâm et de se soumettre à lui, les actions de l’homme seront sans valeur et ne seront pas agréées, suite au vice que constitue la négligence d’un principe de base. (73)
  • La fermeté et la droiture dans l’alliance aux Imâms (velâyat) est un devoir et une nécessité. Jamais les hommes ne pourront se dispenser de l’Imâm. (74)

E. L’Imâm en tant que source de charismes et de miracles :

Dans notre exposé au sujet des qualités des Imâms, l’acquisition de l’efficience divine, à savoir la manifestation de la puissance de faire venir à l’être (75) des essences anéanties, la puissance de néantisation des essences existantes, ainsi que la libre gouvernance (tasarrof) du monde de l’être et de la matière de l’univers, ne concerne pas les degrés inférieurs de l’être comme les choses inertes, les végétaux et les animaux, mais est réservée aux êtres qui sont au-dessus de la matière, à savoir les êtres séparés, immatériels. L’homme aussi, en tant que « résumé de l’univers Â», quand il parvient, dans son ascension, au degré de l'immatérialité (tajarrod), est en réalité parvenu à la station créatrice du « Sois ! Â» (Kon). Il acquiert la capacité et la condition requise pour pouvoir agir au nom de Dieu.

Comme l’Imâm se trouve dans la station la plus élevée de l’être, il est normal que la capacité créatrice partielle soit aussi de son attribution. Et comme sa science se trouve au niveau du miracle, sa puissance aussi se trouve au niveau du miracle. Et c’est cela la philosophie du miracle et des charismes, par la science et par les actes, dans le monde sensible et le monde suprasensible, de l’Imâm.

Il en découle :



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