La philosophie de l’Imâmat chez Mollâ SadrâPour devenir ce que nul ne peut imaginer Puis je deviendrai néant, et le néant me chante à l’oreille comme l’orgue : En vérité c’est vers Lui que se fait notre retour (17) ! (18) C- Le principe de la primauté de l’Être Selon la doctrine de la « priorité originelle de l’exister » (19) ou de « l'authenticité de l'être » (asâlat al-wujûd), l’être ou l’existence est la source de tous les effets et qualités, car le sens de priorité ne désigne pas autre chose que le lieu de naissance des effets. En réalité, étant donné que rien d’autre que l’être ne vient à l’existence externe, il s’ensuit que tous les effets et qualités ne prennent leur origine que de l’être. Et comme l’être, ils possèdent une réalité graduelle ou modulée (mushakkak) présentant des degrés nombreux et inégaux. Par exemple, la vie, la science, la volonté, la puissance, l’action active ou passive… sont des réalités qui sont issues et dérivées de la réalité de l’être. Ces qualités sont inhérentes à l’être et n’en peuvent être dissociées. Car si ces réalités et qualités étaient hors de la réalité de l’être, elles n’auraient aucune réalité en vertu du principe de la priorité originelle de l’être. Or il n’y a aucune autre réalité que celle de l’être. (20) Par conséquent, la réalité authentique et véritable est l’être même, c'est-à -dire l’existence (al-wujûd). Tous les biens et toutes les perfections sont des effets de l’être. Et comme l’être possède des degrés différents en fonction de son intensité plus ou moins forte, ses effets aussi seront de degrés différents et variables. Par exemple, la science chez l’Être Nécessaire ne sera pas la même que la science chez les intellects ou les âmes. Elle sera plutôt inégale, en fonction de la perfection ou des défauts. Ou encore, le mot science désigne une même signification qui s’applique à l’homme ou à Dieu, mais en Dieu, cette science est infinie alors que chez l’homme elle est limitée. Ce qui est certain, c’est qu’aucun degré de l’être ne sera dépourvu de ces qualités et effets. (21) Mais autant ce degré d’être s’affaiblira, autant ces effets et qualités perdront en puissance. Dans ce sens que par exemple, la hylé, (hayûlâ) (22) et la matière des matières, qui du point de vue de l’être, ne possède aucune actualité (fe’liyat), ses effets et concomitants de l’être sont aussi dépourvus de toute espèce d’actualité.
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