La philosophie de l’Imâmat chez Mollâ Sadrâ
G. L’existence ne sera jamais dépourvue d’Imâm Le sujet portant sur le fait que la terre ne sera jamais dépourvue de la présence d’un « Hojjat », d’une Preuve de Dieu (89) , – que la présence de la Preuve divine est nécessaire et que l’existence ne peut se poursuivre sans elle –, repose sur l’idée que l’existence de l’Imâm est une nécessité de l’effusion divine dans le monde de l’être, ce qui implique que tant que le monde de l’être subsistera, l’existence de l’Imâm sera nécessaire et indispensable. D’autre part, en raison du besoin des hommes d’une guidance céleste, l’Imâm est le flambeau éclairant de la guidance, le garant et le protecteur de la révélation divine, ainsi que la référence légale de l’herméneutique coranique, c'est-à -dire qu’il est l’autorité la plus compétente pour faire l’exégèse du texte coranique. Et de ce point de vue, tant qu’il y aura des hommes, il y aura un Imâm. C’est pour cela que dans les traditions chiites, il est dit que le dernier homme à mourir sera l’Imâm, et que s’il ne restait plus que deux hommes sur la terre, l’un deux serait l’Imâm. L’Imâm Rezâ (as) a dit : « Sans la présence de la Preuve de Dieu, la terre s’écroulerait », parce que le monde de l’existence, privé du soutien de l’Effusion continue et du secours divin, ne connaîtrait pas d’autre destinée que le néant. Outre cela, la nécessité de la présence de l’Imâm peut aussi se démontrer par les arguments suivants :
H. Obéir à l’Imâm : source de bonheur ; s’opposer à lui : source d’infortune Avec les qualités que nous avons exposées et qui sont requises de l’Imâm, il est évident que se rallier à l’Imâm, lui obéir, reconnaître son rang et témoigner de sa légitimité ne peut que garantir le bonheur dans ce monde et dans l’autre. Par contre, s’opposer à lui, lui désobéir ne peut être que source de malheur et d’égarement. Les Imâms sont les piliers du monde de l’être, et les seuls moyens pour assurer le salut de l’humanité. (96) Pour cette raison, ceux qui prétendent faussement à l’Imâmat, au califat divin et qui nient cette dignité divine accordée à la Famille du Prophète (s), ou qui soutiennent ces dénégateurs de la vérité divine, sont tous voués au châtiment divin. (97) Selon une tradition du Prophète (s) : « Mourir sans avoir connu l’Imâm, c’est mourir dans l’ignorance (jâhiliya) et la perdition ». (98)
Les traditions rapportent que : « La parole de la Famille de Mohammad, (Salla Allah ‘alayhi wa âlihi wa sallam)(99) est une parole difficile et rare que seul un prophète envoyé, un ange rapproché ou un croyant dont le cœur a été éprouvé, peuvent croire pleinement et supporter. » (100) Cela s’explique par le principe que la connaissance de la station de l’Imâm requiert impérieusement un degré d’être élevé et parfait, ou proche de la perfection, correspondant à cette noble station. Il n’est donc pas donné à tout le monde de se mettre à l’ombre du seuil de ces Êtres Beaux et Lumineux. La capacité limitée des hommes ordinaires ne leur permet pas d’embrasser du regard ce soleil flamboyant, et cette mer sans rivage de l’Imâmat. C’est pourquoi nos Imâms impeccables (as) font remonter le lien de la reconnaissance de la walâya (101) , tout comme la reconnaissance de l’unité divine, au moment initial où les êtres étaient des poussières dans les mains de Dieu : dans Sa Main droite, les partisans des Imâms, et dans la gauche, leurs ennemis. De même, ils considèrent les chiites et les partisans de la walâya (alliance et vassalité avec les Imâms) comme faisant partie intégrante de l’Imâmat, c'est-à -dire qu’ils ont été créés de la même origine et de la même matière qu’eux. Ce qui est pur l’est depuis les origines. Pour connaître les Imâms, il faut une pureté intérieure, une capacité en rapport et une aptitude spéciale, car ces Purs sont l’âme du monde ; l’âme de l’âme. Même si en apparence, ce sont des hommes comme les autres hommes.
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