QUESTIONS DE SCIENCESplotin (270 av. jc), d'origine grecque, est le fondateur du néo-platonisme. sa "doctrine de l'être" décrit les dégradations de l'âme insufflée au corps (après être, esprit), à "partir de l'intelligence universelle" (qui s'identifierait, peut-être, à l'âme globale suscitée); c'est une doctrine du salut qui nous enseigne la démarche par laquelle notre âme peut retrouver l'unité originelle et se fondre en elle. plotin fait, sans doute, allusion, dans cette optique théologico-philosophique, à "la descente de l'esprit dans le corps, telle une colombe ", comme l'a bien dépeint le platonicien avicenne (ibn sîna), dans un poème célèbre. dans ce processus transcendant de l'âme, l'hindouisme retrace ce trajet de l'esprit, vers son sublime couronnement, dans ce que la tradition brahmanique appelle "force serpentine". avicenne (ibn sîna) (980-1037 ap. jc) est un philosophe iranien, grâce auquel et à son homologue averroès, les scolastiques d'occident connurent aristote et la pensée grecque. thomas d'aquin (1225-1274 ap. jc), philosophe italien, élabora, plus tard, sa somme théologique, pour démontrer que seul dieu existe par lui-même, réalité mise en avant, par une suite d'arguments rationnels qui tendent à prouver que dieu est premier etre et cause finale ; il est l'ordonnateur souverain du monde, rien ne peut s'expliquer sans lui, l'amour étant, en l'occurrence, la première condition du culte. le thomisme, doctrine philosophique, devint la synthèse théologique qui tend, comme le fit averroès, à concilier l'essentiel de la pensée d'aristote avec les dogmes révélés. la métaphysique et l'ethique d'aristote étaient les livres de chevet d'avicenne. il raconta lui-même avoir consacré, vainement, plus d'un mois, pour en déchiffrer les secrets. "après s'être recueilli – dit-il – à la mosquée, le quarantième jour, à la suite de la prière du fajr (l'aube), le mystère finit par se clarifier et l'énigme par s'éclaircir".
Q : averroès, dans son discours décisif (fasl al maqâl), veut prouver que l'interprétation philosophique du coran, comme l'activité philosophique, sont légalement obligatoires, pour ceux qui sont aptes à s'y adonner. le verset 7 de la sourate iii ne nous éclaire-t-il pas sur ce point ? R : " c'est lui – dit le coran – qui fit descendre sur toi le livre dont certains versets sont bien explicites, ce sont l'ecriture mère, et d'autres prêtent à confusion ... ; or, ne sait son interprétation que dieu, et les gens bien enracinés, dans la science disent: nous y avons cru; tout vient de notre seigneur " (sourate 3, verset 7) ; toute interprétation du coran, qu'elle soit d'ordre philosophique, poétique ou mystique, ne saurait être admise, si elle allait à l'encontre du sens explicite d'autres versets ; car – dit un hadith – " le coran comporte sa propre exégèse ". donc, les divers versets s'expliquent les uns les autres, même s'ils sont apparemment équivoques ; mais, il faut que l'exégète soit bien à la hauteur, connaissant tous les atouts "islamiquement" scientifiques, qui doivent se corroborer. cela est, aussi vrai, pour les hadiths, dont certains termes confus ou ambigus sont énoncés, formellement, dans d'autres. les traditionnistes citent le cas du mot "doukh" interprété, dans d'autres traditions, par " doukhkhân " (fumée). la condition, sine qua non, d'une interprétation légitime, ne doit pas remettre en cause , les normes essentielles du credo de l'islam. ibn roshd, fqih chevronné, et, en même temps, philosophe autorisé, étant le premier commentateur d'aristote, est infiniment apte à saisir cette connexion nécessaire et indispensable, entre la pensée discursive et celle du coran. cela est d'autant plus vrai que le secret des religions révélées réside dans la culture des sciences, considérées bien comme telles, la préférence donnée aux options humaines, la prise en considération du prolongement de l'homme dans sa destinée transcendante et l'équilibre, sciemment maintenu dans le cosmos, entre la raison et l'intuition, l'esprit et la matière. là , la philosophie islamique partage, en général, ce point de vue. pour avicenne, entre autres philosophes, les connaissances rationnelles, prises comme critères d'interprétation, sont sur un même plan, avec la connaissance introspective de la foi, transmise par révélation. il ne saurait y avoir contradiction entre ces connaissances. ibn sina est, ainsi, sûr de ces conclusions philosophiques, et tout désaccord ou incompatibilité avec le dogme religieux, n'est qu'une apparence qu'il conviendra de dissiper.
Q : la sourate iii parle des versets fondamentaux et d'autres qui constituent des développements et sur lesquels des malveillants se basent, pour créer le désordre et satisfaire leur goût de discussions, mais seuls les vrais savants, gens sensés, tirent parti des enseignements révélés dans ces versets. ainsi, n'est-ce pas une invite à user de notre raison, de notre intelligence, afin de mieux interpréter la lettre du coran, et par là -même d'en apprécier, l'esprit, seul à même de revivifier le cœur ? R : dans son livre mon petit catéchisme , jean guiton souligne bien, concernant la bible et les evangiles, que " dieu n'a pas écrit, mais il a fait écrire ces livres, en soufflant aux apôtres et aux prophètes ce qu'il voulait nous faire savoir. on appelle ce souffle l'inspiration. les livres écrits par les prophètes sont appelés, livres inspirés ". quant à maurice bucaille, il dit : " dans l'ancien testament, comme dans les evangiles, figurent, à côté des sujets d'inspiration divine, des affirmations qui sont la traduction de certaines croyances profanes véhiculées par des traditions , tels les deux récits de la création que nous offre la genèse ". parlant du coran, bucaille ajoute : " il contient la parole de dieu, à l'exclusion de tout apport humain, la possession de manuscrits du premier siècle de l'ère islamique authentifie le texte actuel ". d'autre part, une différence fondamentale existe entre le christianisme et l'islam, à savoir l'absence, pour le premier d'un texte révélé et fixé, alors que le coran répond à cette définition. mais, comment interpréter le coran révélé ? est-ce une mission à la portée de tout le monde ?. le coran exige des interprètes qu'ils soient de vrais savants. le prophète s'est ingénié à interpréter lui-même certains versets ambigus. c'est ce qu'on appelle "et-tafsîr bilmaâthour", auquel boukhari a réservé 250 pages , dans son recueil. le messager d'allah a bien affirmé : "dieu m'a révélé le coran et, avec lui, un apport similaire". c'est la source de toute interprétation adéquate que le prophète avait inculquée, de son vivant, à son compagnon abdellah ibn 'abbâs, qualifié d'interprète du coran. notre apôtre sidna mohammed, conscient de l'impact de cette mission périlleuse, consultait parfois l'ange gabriel sur les significations de certains versets, et le sens réel qu'on doit attribuer à telle ou telle chose, pour mettre fin à tout désaccord.
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