QUESTIONS DE SCIENCESle mysticisme spiritualiste et la philosophie rationaliste semblent s'y entendre, car la conception avicennienne de la transcendance aimante vers dieu, trouve une certaine complémentarité dans la dialectique d'ibn 'arabi : " j'étais un trésor caché – dit la sainte tradition – et j'ai aimé à être connu. alors, j'ai engendré les créatures, afin d'être connu par elles". cet amour prééternel de dieu, ce désir de se révéler à des créatures pour se faire aimer, est une séquence de manifestation, une succession de théophanies où les hommes ne sont que les formes épiphaniques de dieu.
Q : le croyant musulman peut-il recevoir une initiation d'un prophète ou d'un wali d'allah disparu ? R : chaque initié semble être en général, une manifestation par laquelle, un prophète ou un apôtre, transmet la forme épiphanique de l'etre divin, qui s'y concrétise. cette dernière est alors revêtue de l'un ou de plusieurs des noms ou attributs d'allah; chaque nom divin manifesté, étant le seigneur de l'être qui le manifeste, c'est-à -dire l'apparence des formes. les supports des noms divins seraient donc les propres existences latentes de l'initié, ses propres individualités, qui aspirent à l'etre, à travers les noms divins. en effet, chacun de nos actes, initiés ou non initiés, est mobilisé, grâce à un attribut dont il est la manifestation théophanique. au fond, cette conception est caractérisée par une double dialectique de lumière et d'amour. il s'agit de la quintessence de la pensée, aussi bien soufie, que philosophique, car avicenne " n'aurait pu se saisir sans le mouvement initial de mystique naturel qui le traverse ". cette philosophie avicennienne est une philosophie d'influence musulmane où le référent coranique devient une base qui s'unit à certaines influences métaphysiques. ibn sina ne saurait se comprendre sans l'islam. il rejoint les soufis les plus " orthodoxes ", en précisant que seul le prophète – tout prophète – est apte à pénétrer et vivre l'harmonie secrète qui relie l'homme au cosmos. l'initié, habitué à orienter son intellect pour recevoir l'illumination des substances séparées, en vient, dans le miroir purifié de son âme, à s'élever jusqu'à la compréhension intime des fondements de la loi religieuse. Q : qu'est-ce-que ce flux émanateur de lumière ? R : la prière conduit l'âme à l'intimité du monde de la domination et des mondes plus élevés de la toute puissance divine ; l'âme humaine raisonnable est apte à recevoir, par degrés, une communication toujours plus haute de cette lumière du flux émanateur, dont elle-même est formée, et qui découle, en nécessaire surabondance de l'essence divine, c'est-là , la nature même de la connaissance mystique. chez ibn sina, cette conception de la transcendance de l'être vers dieu, trouve une certaine complémentarité dans la dialectique apparemment contradictoire d'ibn arabi. le dieu révélé - dirait le grand mystique andalou - est un dieu qui pense et qui œuvre, qui supporte les attributs divins et est capable de relations. Q : mais, arrivé à ce stade, le saint serait-il dispensé des prescriptions coraniques ? R : quand bien même son intellect en arrive à refléter, comme un miroir transparent, les lumières du divin, le saint doit continuer à se soumettre aux obligations religieuses. l'observance des prescriptions positives de la loi divine, la pratique des actes cultuels, faciliteront au croyant sincère, quelle que soit sa confession révélée, la mise en relation avec le corps du ciel, la captation de l'influx des sphères célestes et l'intensification de la sympathie qui relie le microcosme au macrocosme. c'est là le secret de cette double acception philosophique et mystique qui active les mondes, à travers l'impact cosmique des noms divins, dont s'inspirent, tous les messagers et prophètes. si larbi ibn sayah, estime que cet ésotérisme, dûment appliqué, aura pour effet certain la purification de l'âme, d'une part, par l'élimination des vices et la concrétisation des vertus, et, d'autre part, par une sublimation et une luminescence intimes dont la fruition spontanée et immédiate est le jaillissement d'idées concises qui se reflètent sur le miroir poli de l'âme dégagée de toute flétrissure. dans cette transcendance de lumière, " les projections se précisent, les reflets prennent forme et l'éclair devient étoile filante ". toutefois, quelques éléments artificiels peuvent fausser ce processus transcendant différencié des procédés hypnotiques ou des pouvoirs extranormaux. Q : a quoi faites-vous allusions ?
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