Correspondances



 

 Correspondance 80

25 Safar 1330

 Il n'y a pas eu d'unanimité.

 Nous disons: le prophète a voulu signifier par cette parole: 'Elle ne se rassemble pas dans l'erreur", ni dans l'égarement, lue la nation évitera l'erreur et l'égarement dans les affaires à propos desquelles elle est consultée; elle décide en choisissant ce qui est conforme aux différentes opinions. C'est seulement ainsi que nous pouvons comprendre cette parole. Mais lorsqu'un groupe de la nation accomplit un acte et se permet ensuite d'obliger les hommes de confiance à entériner sa décision, aucune preuve ne confirme sa justesse. La nomination d'Al Saqîfa ne fut pas une consultation, mais elle a été conclue par le deuxième calife, Abu 'Obeyda et d'autres. Ce faisant, ils surprirent les gens de confiance. Cependant, les conditions leur étaient favorables. Même Abu Bakr affirma que sa nomination ne fut réalisée ni par consultation, ni dans le calme, et, dans un sermon du début de son califat, il s'excusa, disant: "ma nomination fut une erreur, Allah évita son mal, et je craignis la sédition."([159]) Omar témoigne également, devant témoins, dans un sermon qu'il fit un vendredi sur la chaire du prophète, à la fin de son califat. Ce célèbre sermon est rapporté par Al-Bukhârî dans son Sahîh. Il dit en toutes lettres: "J'ai appris que l'un d'entre vous([160]) a dit: "Par Allah, si Omar meurt, je nomme un tel. Ne soyez pas surpris si l'on vous dit que la nomination d'Abu Bakr fut une erreur, car elle le fut, mais Allah évita son mal". (Puis il dit): "Celui qui nomme quelqu'un sans consultation, risque, lui et celui qu'il a nommé, d'être tués". Il dit encore: "Certains rappellent que lorsque le prophète (SAW) est mort, les Ançars étaient en désaccord avec nous, qu'ils s'étaient tous réunis dans la tribune de Bani Sa'ida, et qu'étaient absents de notre assemblée Ali, Al-Zubayr et d'autres."([161]) Il poursuit en rappelant les désaccords et les disputes qui se déroulèrent à Al-Saqifa, menaçant l'intégrité de l'Islam. Omar se trouva obligé, à ce moment-là, de nommer Abu Bakr.

Il est notoirement connu que les membres de la famille du prophète, creuset du message, n'ont pas assisté à la nomination. Ils étaient réunis dans la maison de Ali, en présence de Salmân, Abu Dhirr, Al-Miqdâd, Ammâr, Khouzayma b. Thâbet, Abiy b. Ka'b, Farwa b. Omrou, Daqat al-Ansâri, Al-Barrâ' b. 'Azeb, Khaled b. Sa'ïd b. Al-'Ass al-Amawi, ainsi que d'autres. Comment peut-on parler d'unanimité avec l'absence de tous ceux-là, et notamment des membres de la famille de Mohammed qui sont, pour la nation, ce qu'est la tête pour le corps, les yeux pour le visage, la chose précieuse et la confidence du prophète, l'équivalent du Livre, l'arche du salut de la nation et la porte de sa rémission, sa sécurité contre l'égarement dans la religion, le phare de sa guidance, comme nous l'avons montré plus haut. Leur situation n'a pas à être démontrée car la conscience en témoigne.

Al-Bukhâri et Muslim ont confirmé dans leurs Sahîhs, de même que d'autres auteurs et traditionnistes, l'absence d'Ali à cette investiture. Ils notent également qu'il ne s'était pas réconcilié avec ceux qui y participèrent avant le décès de Fatima (a.s.), soit six mois après la nomination, contraint à se réconcilier et à faire la paix pour sauvegarder l'intérêt musulman général dans ces conditions difficiles. Le hadith qui mentionne ce fait est rapporté par Aïsha qui dit: Al-Zahrâ' avait abandonné Abu Bakr, elle ne lui adressait plus la parole après la mort du prophète, jusqu'à sa mort"([162]). Ali non plus ne se réconcilia pas avec eux, les accusant d'avoir accaparé sa part du califat. Dans ce hadith, on ne décèle aucune trace d'approbation de leur nomination lors de la réconciliation, mais quelle éloquence dans son argumentation lorsqu'il dit à Abu Bakr:

Si tu l'étais par la parenté, comme tu l'as prétendu à tes rivaux, d'autres que toi sont plus méritants et plus proches du prophète

Si tu as été calife par la consultation, comment cela peut-il être alors que les consultés étaient absents?([163])

Al-'Abbas b. Abdel Muttaleb protesta à ce propos contre Abu Bakr, lui disant dans une discussion: Si tu l'avais demandé en tant que membre de la famille du prophète, tu as pris notre droit, et si tu l'as demandé en tant que croyant, nous en faisons également partie et avons le dessus, et si cela était, que ce soit alors en tant que croyant, mais cela ne peut se faire en nous y contraignant"([164])



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