CorrespondancesQuant aux textes concernant la politique, l'administration et le gouvernement, ou comment régler les bases de l'Etat, décidé des affaires du royaume, envoyer l'armée, les compagnons ne pensaient pas qu'il était nécessaire de les adopter et de s'y engager à tout instant; ils ont même considéré que leurs propres opinions à leur propos étaient susceptibles d'être étudiées ou discutées. Ils pensaient qu'en contredisant le prophète, ils obtiendraient une élévation de leur statut, ou une quelconque utilité pour leur pouvoir. Ils pensaient même obtenir la satisfaction du prophète, croyant probablement que les Arabes ne se soumettraient pas à Ali et n'adopteraient pas le texte le concernant, car il les dirigera dans la voie d'Allah, il fera couler le sang pour élever la parole divine, il démasquera tout opposant à la victoire de la vérité, mais la parole divine fut révélée malgré tous leurs désirs. Ils ne lui obéiraient donc que par la force, ne se soumettraient pas au texte le concernant que par la contrainte, ils lui feraient porter la responsabilité de tout le sang musulman versé au temps du prophète (SAW) comme il était de coutume dans les cas semblables. Car, dans la tribu du prophète (SAW), seul Ali méritait de porter cette responsabilité, car il était de coutume de tout ramener au meilleur de la tribu, à celui qui donnait l'exemple dans le clan. Ali était de toute évidence le plus représentatif des Hashimites, et le meilleur après le prophète. C'est pour cette raison que les Arabes furent à l'affût après lui, troublant sa situation, ayant conçu la rancune pour lui et pour sa famille, voulant à tout prix prendre leur revanche sur eux. Tout cela arriva, le malheur couvrit le ciel et la terre. Ainsi, Quraysh en particulier et les Arabes en général voulaient prendre leur revanche d'Ali qui avait été ferme envers les ennemis d'Allah, et dont les coups furent terribles contre ceux qui outrepassaient les limites de la religion et violaient les interdits d'Allah le Tout-Puissant. Ils craignaient qu'il n'ordonne le bien et n'interdise le mal, ils redoutaient sa justice parmi ses sujets, son équité entre les gens dans toutes les affaires, où il ne convoitait personne et n'était indulgent envers personne. Le puissant et le fort étaient pour lui faibles et humiliés tant qu'il n'a pas pris ce qu'ils devaient rendre, le faible et l'humilié était pour lui forts et puissants jusqu'à ce qu'il leur rende leur droit. Depuis quand les tribus arabes se soumettent-elles docilement à quelqu'un comme lui, alors qu'ils "sont les plus forts en mécréance et en hypocrisie, les plus propres à méconnaître les bornes dans ce que Dieu a fait descendre sur Son messager([169])" et "tout comme une partie des habitants de Médine: ils s'obstinent dans l'hypocrisie. Tu ne les connais pas; nous les connaissons.([170])" De même, Quraysh et les autres Arabes jalousaient Ali pour les faveurs qu'il reçut d'Allah, car il avait atteint, dans son savoir et ses actes pour Allah, Son prophète et les gens informés, un rang inaccessible à ses rivaux, face auquel les capables ont dû reculer: il avait obtenu d'Allah et de Son prophète une prééminence et un statut particulier, vers lesquels tendent les cous de ceux qui le souhaitent, à l'extrémité desquels se rompent les cupides. C'est la raison qui fit battre de jalousie les cœurs des hypocrites qui s'étaient unis, pour s'opposer au pacte, aux scélérats, aux infidèles, aux tyrans et aux renégats. Ceux-là rejetèrent le texte qui fut vite oublié. Je ne me rappelle plus de ce qui advint, On crut que c'était bien. Ne me demande pas le reste. De même, Quraysh et les autres Arabes avaient hâte de faire circuler la succession dans leurs tribus, ils le souhaitaient et ils agirent selon leurs intentions, violant le pacte et consacrant leurs efforts à briser le contrat. Ils se félicitèrent mutuellement de l'avoir oublié et se sont promis de ne jamais se le rappeler. Ils s'accordèrent à écarter, dès le premier jour, la succession de son responsable légitime, cité dans les textes du prophète. Ils l'établirent par le vote et le choix, afin que chacun de leur quartier ait l'espoir d'y accéder un jour, même après un certain laps de temps. S'ils avaient suivi le texte et accepté le califat de Ali, après le Prophète (SAW), la succession n'aurait pas été dévoyée hors de sa descendance purifiée, que le prophète (SAW) ait associée, le jour de Ghadir et à d'autres occasions, au Livre, en l'érigeant en exemple à suivre, jusqu'au jour dernier, pour les gens convenables. Mais les Arabes ne pouvaient accepter de limiter la succession dans une maison particulière, alors qu'elle était convoitée par toutes les tribus et autour de laquelle tournoyaient les espoirs de tous les quartiers. Elle dépérit jusqu'à dévoiler ses reins et que tout misérable puisse l'obtenir. Aussi, celui qui examine l'histoire de Quraysh et des Arabes au début de l'Islam sait qu'ils ne se sont soumis à la prophétie hachémite que lorsqu'ils se sont affaiblis et qu'ils ne leur restaient aucune puissance. Comment pouvaient-ils admettre que la prophétie et la succession soient concentrées dans Banî Hashîm. Omar b. Al-Khattab avait dit à Ibn Al-Abbas dans une discussion: "Quraysh déteste que vous concentriez en vous la prophétie et la succession, vous avez dépouillé les gens"([171]). 2- Les justes ancêtres étaient dans l'incapacité, ce jour-là , de les obliger à suivre le texte, craignant leur rébellion en cas de résistance et les pires conséquences issues d'un tel conflit. L'hypocrisie se manifesta au grand jour à la mort du prophète (SAW), les bases de la religion furent secouées, les cœurs des Musulmans furent disloqués, ils devinrent tel un troupeau trempé dans la nuit pluvieuse, entre des loups agressifs et des bêtes maléfiques. Des groupes d'Arabes ont apostasie, d'autres ont voulu les suivre, comme nous l'avons expliqué dans la correspondance 82. Ali comprit, dans ces conditions, que vouloir gouverner allait faire surgir la colère des assaillants et le vice des empressés, alors que les esprits étaient troublés et les hypocrites à l'affût, se mordant les doigts de dépit, au moment où les apostats se rebellaient, et que les nations impies s'apprêtaient. Les Ançars se sont opposés aux Muhâjirîns, ils s'en sont détournés en disant: un émir de vous et un autre de nous. En tenant compte de l'intérêt de la religion, il fut amené à cesser de réclamer la succession, à s'éloigner de la question, sachant que la réclamer dans cette situation aurait plongé la nation dans le danger, car elle se serait éloignée de sa religion. Il choisit d'abandonner, choisissant l'Islam, mettant en avant l'intérêt général et préférant l'au-delà à l'ici-bas. Il resta donc chez lui pour préserver son droit, pour protester contre ce qui fut dévoyé, ne participant pas à l'investiture, jusqu'à ce qu'on le sorte de force. S'il avait accouru pour nommer le successeur, il n'aurait eu ni argument ni preuve, mais ce faisant, il réussit à préserver à la fois la religion et son droit, ce qui montre la sagacité de son opinion, sa clémence équilibrée, l'ouverture de son esprit et sa préférence pour l'intérêt public. Y a-t-il attitude plus généreuse, plus vénérable que celle de cet homme qui avait pour Allah l'Exalté un statut si élevé! Les trois califes et leurs proches ont, quant à eux, interprété à leur manière le texte qui le nommait successeur pour les raisons évoquées. Il ne faut pas s'en étonner après notre explication relative à l'interprétation assidue des textes du prophète (SAW) traitant de la politique et de l'administration, de l'organisation des bases de l'Etat et des décisions concernant les affaires du royaume. Ils ne l'ont probablement pas considéré comme faisant partie des affaires religieuses, ce leur fut donc facile de le contredire; et lorsque l'affaire fut arrangée en leur faveur, ils s'efforcèrent d'oublier ces textes, se montrant très ferme envers quiconque se les rappelle ou les indique. Lorsqu'ils réussirent à assurer la sécurité, à diffuser la religion de l'Islam, à conquérir les royaumes, à s'emparer de la fortune et de la puissance, sans pour autant commettre d'actes vils, leur renommée s'éleva, leur respect s'accrut, leur bonne réputation s'établit. Ils furent bien aimés, et les gens se mirent à les imiter en oubliant ces textes. Vinrent plus tard les Omeyyades qui n'avaient d'autres soucis que d'écraser et d'anéantir les Ahlul Bait. Malgré cela, il nous est parvenu suffisamment de textes manifestes à partir de hadiths authentiques. Saluts. SH.
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