LES DROITS (2)



 

l'auteur du Commentaire du Coran, "Al-Manâr", après avoir dit qu'à son avis l'arbitrage est obligatoire, se réfère à la divergence des juristes sur la question du caractère obligatoire ou recommandé de cet acte, et commente : «Ce qui manque pratiquement aux Musulmans, c'est justement cet acte qui peut présenter des avantages incalculables. Car alors que les divorces sont fréquents et que les désaccords et les litiges envahissent les foyers des ménages, on ne songe même pas à tirer le moindre avantage du principe de l'arbitrage, pourtant prescrit explicitement dans le Coran, tandis que les ulémas perdent leur énergie dans des discussions à propos de l'obligation ou de la recommandation de cet acte ! Personne ne vient leur dire cependant : Que cet acte soit recommandé ou obligatoire, pourquoi n'essayez-vous pas de l'appliquer ? Pourquoi perdez-vous votre temps dans la polémique et les discussions ? Si on ne le met pas en pratique, et que les gens ne bénéficient pas de ses avantages, qu'importe qu'il soit obligatoire ou recommandé !»

Concernant les conditions que les arbitres peuvent imposer au mari pour que la réconciliation puisse avoir lieu, al-Chahîd al-Thânî dit qu'ils ont le droit, par exemple, d'exiger de lui qu'il loge son épouse dans une ville ou une maison particulière, qu'il ne mette pas sa mère ou son autre épouse dans la même maison que la première -même s'il y a deux chambres séparées-, qu'il paie comptant la dot fixée au moment du mariage, ou encore qu'il rembourse immédiatement une dette qu'il aurait contractée envers sa femme.

En bref, tout acte convenable qui serait susceptible de dissuader le mari de répudier sa femme est légal et recommandé.

Voilà la réponse à la question que nous avons soulevée plus haut, qui était de savoir si la juridiction qui représente la société a ou non le droit d'intervenir et de prévenir la résiliation du contrat de mariage.

Le tribunal peut, bien sûr, intervenir, parce que la décision du mari de divorcer de sa femme n'est pas dans tous les cas un signe de la mort réelle du mariage, c'est-à-dire que tous les cas de décision de divorce ne signifient pas l'extinction totale de la flamme de l'amour du mari pour sa femme, ni la chute de la femme de sa position naturelle et l'incapacité du mari de rester avec elle. Car il faut savoir que la plupart des cas de divorces sont dus à un moment de colère, à une négligence fortuite ou à une erreur. Donc, toutes les mesures que la société peut prendre pour entraver un divorce consécutif à un coup de colère ou à une négligence involontaire, sont les bienvenues en Islam.

Un tribunal d'arbitrage, étant le représentant de la société, peut ordonner aux offices de divorce de ne pas prononcer le divorce avant qu'il (le tribunal) ne leur signifie l'échec de ses efforts en vue de réconcilier entre les deux époux. Entre-temps, le tribunal déploie tous les efforts possibles pour ramener le couple à la réconciliation. S'il constate l'impossibilité de cette réconciliation, il envoie aux responsables de ces offices un avis de constat d'échec, et leur donne ainsi le feu vert pour prononcer le divorce.

2 - Les services antérieurs rendus par l'épouse à la maison familiale

Le divorce perfide, non seulement dissout la vie familiale sacrée, mais crée aussi à la femme d'autres problèmes particuliers inacceptables. Supposons qu'une femme vive avec son mari depuis des années, considère sa maison comme étant la sienne, et travaille avec application et dévouement afin de la transformer en un vrai foyer familial. Très souvent, comme le font toutes les femmes, à l'exception de celles appartenant à la société civile moderne, elle fait des économies en réduisant les dépenses de vêtements, de nourriture et de maison, au point de susciter la colère du mari, et elle hésite à engager une servante pour l'aider dans les travaux domestiques. Elle sacrifie sa jeunesse, son énergie et sa santé pour son mari et son foyer. Maintenant, supposons que le mari d'une telle femme ait subitement le caprice de divorcer d'avec sa femme pour se remarier avec une nouvelle femme appelée à occuper cette même maison que la première a construite avec beaucoup de peine et d'efforts, en sacrifiant la fleur de sa jeunesse, et sa santé, une maison qui est devenue après tant d'années l'incarnation de ses peines et espoirs, et qu'elle va perdre à cause d'un caprice subit de son mari qui veut détruire le fruit de ses efforts et de ses peines. Que faire dans une telle situation ?

Ici le problème n'est pas seulement une question de désintégration de la famille et de dissolution du lien du mariage, pour qu'on dise que la trahison du mari conduit à la mort du mariage, et que le fait d'imposer cette femme au mari traître, la dévalorise et rabaisse sa position naturelle. Il s'agit d'un problème bien plus grave : la femme perd son foyer, elle est privée de tout ce qu'elle avait, on veut céder son nid conjugal à sa rivale, on lui escamote le fruit de tous ses efforts, peines et services rendus ! Tant pis pour le mari, la maison, la vie familiale et conjugale ! Mais tout être humain veut avoir un refuge et un foyer, et il est attaché à son nid qu'il a échafaudé pièce à pièce, de ses propres mains. Si on veut sortir un pigeon de son nid qu'il a construit lui-même, il se défendra. Une femme n'a-t-elle pas le droit de faire la même chose. La conduite du mari n'est-elle pas une injustice évidente?



back 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 next