LES DROITS (2)



Sous l'angle du comportement et de l'éducation «Le partage du mari est l'exemple criard de l'incongruité, car il n'y a pas dans le monde pire ennemi pour une femme que la co-épouse. La polygamie excite les co-épouses l'une contre l'autre, et conduit le mari à recourir à la force et à la violence contre elles, transformant ainsi le climat familial -qui devrait être un climat de tranquillité et d'entente- en un champ de bataille, de conflit, de haine et de vengeance. Les hostilités et les rivalités entre les mères [les co-épouses] glissent vers les enfants, les divisant en deux ou plusieurs parties montées les unes contre les autres, transformant le climat familial -qui devrait être normalement une école spirituelle pour les enfants et une source d'inspiration de l'affection et de la bienveillance- en une école d'hypocrisie et de perfidie.»

Le fait que la polygamie soit à l'origine de toutes ces traces de mauvaise éducation ne fait pas de doute. Mais nous devons faire la distinction entre les traces dues à la nature de la polygamie et celles résultant du comportement du mari et de sa nouvelle épouse. A notre avis, tous ces problèmes n'ont pas pour origine la nature de la polygamie. La plupart d'entre eux résultent de la façon de son application.

Supposons qu'un mari et son épouse mènent une vie conjugale normale. Entre-temps le mari rencontre une autre femme et l'idée de se marier avec elle se met à le hanter. Après un accord secret entre les deux, la seconde femme surgit, envahit la maison, le mari, la vie et l'autorité de la première épouse. On peut imaginer facilement quelle serait sa réaction ! Rien dans le monde ne peut perturber une femme autant que l'impression d'être méprisée par son mari. Etre incapable de préserver l'affection de son mari est le plus grand échec pour une femme. Lorsque le mari devient arrogant et licencieux, et que la seconde épouse joue le rôle de maraudeuse, il est absurde de s'attendre à ce que la première épouse reste patiente.

En revanche, les choses seraient tout à fait différentes, et le conflit interne considérablement réduit, si la première épouse savait que son mari a besoin avec raison d'une seconde femme et qu'il n'en a pas assez d'elle. Le mari doit, pour sa part, éviter de se montrer arrogant et de se plonger dans la sensualité. Lorsqu'il prend une seconde femme, il doit, plus que jamais, être aimable et bon avec sa première épouse et respecter plus que jamais ses sentiments. La seconde femme, quant à elle, doit savoir que la première a certains droits qu'il faut respecter. En un mot, toutes les parties concernées doivent se rappeler qu'elles participent à la solution d'un problème social.

La loi de la polygamie est une solution progressive d'un problème social, et elle est fondée sur les plus larges intérêts de la société. Ceux qui l'exécutent devraient posséder une pensée large et profonde et avoir reçu une bonne éducation islamique.

L'expérience a montré que si un mari n'est ni licencieux ni arrogant, et que la femme est convaincue qu'il a besoin d'une seconde épouse, elle arrangerait elle-même volontiers le second mariage de son mari. Auquel cas tous les troubles évoqués plus haut ne se produiraient pas, étant donné que la plupart d'entre eux résultent de la mauvaise conduite des maris.

Sous l'angle moral On dit que «la polygamie signifie un libre cours donné à la sensualité, puisque le mari est autorisé à satisfaire sa volupté, alors que la morale exige de l'homme qu'il suive le moins possible ses désirs, car, de par sa nature, plus l'homme cède à ses désirs, plus leurs flammes s'attisent.»

Dans "L'Esprit des Lois", Montesquieu, parlant de la polygamie, écrit : «Le Roi du Maroc avait dans son harem des femmes de toutes les races, jaune, noire, blanche, etc. Si cet homme avait eu le double du nombre des femmes qu'il avait, il aurait demandé encore davantage. Car la volupté, comme l'avarice et la mesquinerie, plus on y cède plus elle s'accentue. Et de même que l'or et la fortune conduisent à l'augmentation de l'avarice et de l'avidité, de même la polygamie entraîne des aberrations sexuelles (sodomie) car, dans le domaine des désirs, plus l'homme avance, plus il dévie de la règle. A Istanboul, lorsque la révolution éclata, on découvrit que la maison d'un gouverneur était dépouillée de toute femme ; la raison en était qu'il satisfaisait ses désirs sexuels exclusivement avec des garçons.»

Cette objection comporte deux affirmations discutables :



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