CHIISME DANS L’ISLAM6- Le shi'isme duodécimain et ses différences avec l'Ismaélisme et le Zaidisme Le shi'isme majoritaire, dont sont dérivés les groupes mentionnés ci-dessus, est le shi'isme duodécimain, également appelé «imamite». Ainsi que nous l'avons déjà dit, le shi'isme apparut comme une protestation concernant deux questions fondamentales de l'Islam, sans qu'il désavouât pour autant les principes religieux qui à la suite de l'enseignement du Prophète, prévalèrent parmi les musulmans contemporains. Ces deux questions concernaient le gouvernement islamique et l'autorité en matière de sciences religieuses, lesquels étaient tous deux considérés par les shi'ites comme un privilège particulier de la famille du Prophète. Les shi'ites affirmaient que le califat islamique, dont la direction ésotérique et la fonction de guide spirituel étaient des éléments inséparables, appartenaient à Ali et à ses descendants. Ils croyaient de même que, selon des indications du Prophète, les Imams de la famille du Prophète étaient au nombre de douze. Le shi'isme soutenait, de plus, que les enseignements exotériques du Coran, qui constituaient les commandements et les règles de la Shari'ah et comprenaient les principes d'une vie spirituelle complète, étaient valables et applicables à tous et à toutes les époques, et étaient inabrogeables jusqu'au jour du jugement. Ces commandements et ces règles devaient être appris sous la direction de la famille du Piophète. La différence entre le shi'isme duodécimain et le zaidisme est claire : Les zaidis ne considèrent habituellement pas que l'imamat appartient à la seule famille du Prophète, et ne limitent pas le nombre des Imams à douze. De même, ils ne suivent pas la jurispridence de la famille du Prophète comme le font les shi'ites duodécimains. La différence entre le shi'isme duodécimain et l'ismaélisme réside dans le fait que pour ce dernier, l'imamat gravite autour du nombre sept et que la prophètie ne prend pas fin avec le Saint Prophète Mohammad. II en résulte, que pour eux, des changements et des transformations dans les commandements de la shari'ah, de même que l'abandon du devoir de suivre la shari'ah — surtout parmi les batinis — sont admissibles. Au contraire, les shi'ites duodécimains considèrent le Prophète comme étant le « sceau de la prophétie » et croient qu'il a douze successeurs. Ils tiennent l'aspect extérieur de la shari'ah pour valable et impossible à abroger. Ils affirment que le Coran possède à la fois un aspect exotérique et un aspect ésotérique. 7- Résumé de l'histoire du shi'isme duodécimain Comme on l'a dit dans les pages précédentes, la majorité des shi'ites sont duodécimains. Ils constituaient initialement le groupe des amis et des partisans d'Ali qui, après la mort du Prophète et pour défendre le droit de la famille du Prophète dans les questions concemant le califat et l'autorité religieuse, commencèrent à protester contre les vues qui prévalaient alors et se séparèrent de la majorité des musulmans. Pendant le califat des «califes bien dirigés» (11/632 - 35/656), les shi'ites subirent un certain nombre de pressions qui s'amplifièrent encore davantage sous le califat omeyyade (40/661 - 132/750), quand la protection de leurs vies et de leurs biens ne fut plus assurée. Pourtant, plus la pression exercée sur eux était forte, plus ils s'affermissaient dans leur foi. Leur oppression contribua en fait à la diffusion de leurs croyances et de leurs enseignements. A partir du milieu du 2ème/8ème siècle, quand les califes abassides établirent leur dynastie, le shi'isme fut à même de vivre mieux en raison de l'état de relâchement et de faiblesse du gouvemement. Toutefois les conditions redevinrent très rapidement difficiles et se maintinrent telles jusqu'à la fin du 3ème/9ème siècle. Au début du 4ème/10ème siècle, avec l'avènement des Buyides shi'ites, le shi'isme gagna en puissance et put être plus ou moins libre de pousuivre ses activités. II commença à mener des débats scientifiques érudits, ce qu'il poursuivit jusqu'à la fin du 5ème/11ème siècle. Au début du 6ème/12ème siècle, avec l'invasion mongole, et en conséquence de l'engagement général dans la guerre, du chaos et de la continuation des croisades, les divers gouvernements islamiques n'exercèrent pas une pression excessive sur les shi'ites. De plus la conversion au shi'isme de quelques souverains mongols de Perse et la domination des souverains Marashi (qui étaient shi'ites) au Mazandaran contribuèrent largement à l'expansion de la puissance et du territoire shi'ites.
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