CHIISME DANS L’ISLAMPrèter allégeance (bay'ah) était une vieille pratique arabe accomplie dans les occasions importantes, telles que l'intronisation d'un nouveau roi. Ceux qui étaient gouvernés, et surtout les plus connus d'entre eux, donnaient leurs mains en signe d'allégeance, de consentement et d'obéissance à leur prince ou leur roi, leur manifestant ainsi leur approbation. Le désacord après l'allégeance était considéré comme un déshonneur pour une tribu, de même que résilier un contrat après l'avoir signé officiellement était considéré comme un crime. Suivant l'exemple du Prophète,les gens pensaient que l'allégeance, quand elle était prètée librement et non par force, faisait autorité. Mu'awiyah demanda aux notables de préter allégeance à Yazid mais n'imposa pas cette requéte à l'Imam Hossain, (58) II avait dit à Yazid dans ses dernières volontés, que si Hossain refusait de prèter allégeance il devait faire comme si de rien n'était, car il avait bien compris les conséquences désastreuses qu'aurait entraihées le recours à la force. Mais à cause de son égoisme et de sa témérité, Yazid négligea le conseil de son père et, immédiatement après la mort de ce dernier, ordonna au gouvemeur de Médine d'obtenir de force un serment d'allégeance de l'Imam Hossain, ou alors d'envoyer sa tête à Damas.(59) Après que le gouvernement de Médine eût informé l’Imam Hossain de cette demande, ces dernier demanda un délai de réflexion avant de répondre et partit dans la nuit avec sa famille vers la Mecque. II chercha refuge dans le sanctuaire de Dieu, lieu officiel de refuge et de sécurité. Cet événement advint vers la fin du mois de Radjab et le début de Shaban de l'an 60 de l'Hégire. Pendant près de quatre mois l'Imam Hossain demeura à la Mecque, en réfugié. Cette nouvelle se répandit à travers tout le monde islamique. D'une part, beaucoup de personnes qui étaient lasses des iniquités de Mu'awiyahet encore plus mécontentes lorsque Yazid devint calife, écrivirent à l’Imam Hossaîn et lui exprimèrent leur sympathie. D'autre part,un torrent de lettres commença à affluer, spécialement de l'Iraq et surtout de la ville de Koufa, invitant l'Imam à aller en Iraq et à accepter de prendre la tête de la population locale dans le but de provoquer un soulèvement et de réprimer l'injustice et l'iniquité. Une telle situation était certainement dangereuse pour Yazid. Le séjour de l'Imam Hossain à la Mecque se prolongea jusqu'à l'époque du pélerinage, alors que des musulmans de toutes les régions du monde arrivaient par groupes pour accomplir les rites du Hadjdj. L'Imam découvrit que quelques uns des partisans de Yazid étaient entrès à la Mecque comme pélerins, avec mission de le tuer pendant les rites du Hadjdj, à l'aide d'armes cachées sous leurs robes spéciales de pélerins. (60) L'Imam abrégea les rites du pélerinage et décida de partir. II se dressa au milieu de la grande foule des pélerins et, en un bref discours, annoça qu'il s'apprètait à partir pour l'Iraq. (61) Dans ce discours, il déclara également qu'il tombera en martyr et demanda aux musulmans de l'aider à atteindre le but qu'il s'était fîxé et d'offrir leurs vies sur le chemin de Dieu. Le jour suivant, il partit avec sa famille et un groupe de ses compagnons pour l'Iraq. L'Imam Hossain était déterminé à ne pas préter serment d'allégeance à Yazid et savait très bien qu'il sera tué. II était conscient que sa mort était inévitable en face de la puissance militaire effrayante des Omeyyads, favorisée par la corruption dans certains secteurs, le déclin spirituel, le manque de volonté dans le peuple, surtout en Iraq. Certaines des personnes en vue de la Mecque se tinrent sur le chemin de l’Imam pour le mettre en garde des dangers que comportait son voyage. II répondit qu'il refusait de prèter allégeance et d'approuver un gouvernement injuste et tyrannique. II ajouta qu'il savait que, où qu'il aille, il serait assassiné (62) et qu'il quittait la Mecque pour préserver la Maison de Dieu et éviter que son sang y soit versé. Sur le chemin de Koufa et à quelques jours de marche de la ville, il reçut la nouvelle que l'agent de Yazid à Koufa avait exécuté le représentant de rimam dans la cité ainsi que l'un de ses sympathisants bien connu à Koufa. Leurs pieds avaient été attachés et ils furent trainés dans les rues.(63) La ville et les environs avaient été placés sous stricte surveillance et d'innombrables soldats de l'ennemi attendaient Hossain. II n'y avait pas d'autre choix pour lui que d'avancer vers la mort. Ce fut là que l’Imam exprima sa ferme détermination à aller de l'avant et à mourir en martyr. (64) A soixante dix kilomètres de Koufa dans un désert nommé Karbala, l’Imam et son entourage furent encerclés par l'armée de Yazid. Pendant huit jours, ils demeurèrent là , alors que l'encerclement se rétrécissait et que le nombre des ennemis augmentait. Finalement l’Imam, avec sa famille et un petit nombre de ses compagnons furent encerclés par une armée de trente mille soldats. (65)
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