CHIISME DANS L’ISLAMPour arriver à ses fins, il choisit le huitième Imam comme successeur, espérant ainsi surmonter deux difficultés: premièrement, empécher les descendants du Prophète de se rebeller contre le gouvernement puisqu'ils en feraient eux-mêmes partie, et deuxièmement faire perdre aux gens leur croyance spirituelle et leur attachement intérieur aux Imams. Ceci se réaliserait en laissant les Imams s'enfoncer dans les affaires mondaines et la politique du califat qui avait toujours été considéré par les shi'ites comme mauvais et impur. De la sorte leur organisation religieuse s'écroulerait et ils ne représenteraient plus un danger pour le califat. Ces desseins une fois accomplis, l'éloignement de l'Imam ne présenterait aucune difficulté pour les Abbassides. (84) Afin de mettre en action son projet, Ma'mûn demanda à l'Imam de venir de Médine à Marw. Lorsqu'il y arriva, Ma'mûn lui offrit d'abord le califat et ensuite, la succession au califat. L'Imam s'excusa et refusa la proposition, mais il fut finalement conduit à accepter le principe de la succession, à condition qu'il ne se mélit pas des affaires gouvernementales ni de la nomination et de la révocation des agents gouvernementaux. (85) Cet événement eut lieu en 200 H/814. Mais Ma'mûn réalisa rapidement qu'il avait commis une erreur, car il y eut une propagation rapide du shi'isme, un attachement croissant du peuple à l'lmam et une audience étonnante de l’Imam auprès du peuple et même de l'armée et des agents gouvernementaux. Ma'mûn chercha un remède à ses difficultés et fit empoisonner l'Imam. Après sa mort, l’Imam fut enterré dans la ville de Tûs en lran,qui se nomme actuellement Mashad. Ma'mûn fit preuve d’un grand intérêt pour la traduction des oeuvres intellectuelles et scientifiques en arabe. II organisa des réunions dans lesquelles les savants des diffèrentes religions et sectes se réunissaient et menaient des débats scientifïques et académiques. Le huitième Imam participa également à ces assemblées et se mêla aux discussions avec les savants d'autres religjons. Plusieurs de ces débats sont enregistrés dans les collections de hadiths shi'ites. (86) Le neuvième Imam L'Imam Mohammad Ibn Ali at-Taqi, parfois nommé al-Djawâd ou Ibn al-Rida" était le fils du huitième Imam. II est né en 195/809 à Médine et, selon des traditions shi'ites, est mort martyr en 220/835, empoisonné par sa femme, la fille de Ma'mûn, sur l'instigation du calife Abbasside Mu'tasim. Il fut enterré aux côtés de son grand-père, le septième Imam, à Kizimayn. II devint Lmam après la mort de son père, sur Ordre divin et par décret de ses prédécesseurs. Au moment de la mort de son père, il était à Médine. Ma'mûn l'appela à Baghdid qui était alors la capitale du califat et lui manifesta extérieurement beaucoup de bienveillance. II donna même sa fille en mariage à l'Imam et le gaid à Baghdâd. En réalité, il voulait de cette manière exercer une étroite surveillance sur l'Imam, à la fois de l'extérieur et de l'intérieur de sa famille. L'Imam passa quelques temps à Baghdâd et puis, avec le consentement de Ma'mûn, repartit pour Médine où il resta jusqu'à la mort de Ma'mûn. Quand Mu'tasim devint calife, il appela l’Imam à Baghdâd, et comme on l'a dit plus haut, le fit empoisonner par sa femme. (87) Le dixième Imam L'Imam Ali Ibn Mohammad Naqi (parfois désigné comme al-Hâdl) était le fils du neuvième Imam. II est né en 212/827 à Médine et, selon des traditions shi'ites, fut empoisonné par Mu'tazz, le calife Abbasside, en 254/868.(88) Le dixième bnam était contemporain de sept calife Abbassides: Ma'mûn, Mu'tasim, Wâthiq, Mutawakkil, Muntasir, Musta'in et Mu'tazz. Ce fut sous le règne de Mu'tasim que son noble père mourut empoisonné à Baghdâd. A ce moment, Ali Ibn Mohammad Naqi se trouvait à Médine. Il devint Imam par Ordre divin et par décret des Imams précédents. Il demeura à Médine, y enseignant les sciences religjeuses jusqu'à l'époque de Mutawakkil. En 243/857, à la suite de fausses accusations lancées contre lui, Mutawakkil ordonna à l'un de ses officiers d'inviter l’Imam à Samarrah qui était alors la capitale. II écrivit lui-même à l’Imam une lettre pleine de délicatesse, l'invitant à venir à la capitale où ils pourraient se rencontrer. (89) A son arrivée à Samarrah, on fit preuve d’un certain respect et de courtoisie à son égard. Simultanèment, Mutawakkil essaya par tous les moyens possibles de le troubler et de le déshonnorer. Plusieurs fois il convoqua l’Imam dans le but de le tuer ou de le disgracier, et fit fouiller sa maison.
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