APPEL A L’UNION ISLAMIQUE



Selon le spécialiste et auteur de Princeton Samuel Moffet :

Sous l'ère des Califes et pendant les années troubles des guerres civiles, mises à part les tueries et les horreurs auxquelles on peut s'attendre dans toute guerre, le traitement des chrétiens dans les territoires conquis de Perse et de la Syrie byzantine s'est avéré remarquablement généreux.38 

Quand on examine quelle était leur vie sociale et religieuse sous la loi islamique, il en ressort ceci:

Il existait en territoire musulman une véritable liberté de religion. Personne n'était forcé de changer de religion, et les communautés qui se rebellaient et revenaient plus tard sous l'autorité islamique obtenaient les mêmes droits qu'auparavant. L'autorité islamique, à part quelques rares exceptions, n'intervenait jamais dans l'élection des patriarches ou la nomination des autorités religieuses, et garantissait sa non-ingérence en signant divers accords. Ces communautés continuaient de parler leurs propres langues aussi bien dans leur vie privée que dans leur vie religieuse. Par exemple, les nestoriens qui quittèrent l'Eglise byzantine choisirent d'abandonner le grec au profit de la langue assyrienne (suryani), et furent libres de le faire. Dans les écoles chrétiennes et juives, l'éducation religieuse continua librement, et les monastères et autres institutions qui éduquaient les futurs dirigeants religieux préservèrent leur statut d'autonomie. De même, les sanctuaires des autres dénominations religieuses étaient protégés par les autorités musulmanes. Durant la conquête, les lieux de culte n'ont jamais été saccagés, car les synagogues et les églises voyaient leur protection garantie par les accords signés avec les gens du Livre du temps du Prophète (pbsl).

Dans les accords qui datent des débuts de l'Islam, les clauses permettaient aux musulmans de séjourner dans les monastères durant leurs voyages. Ceci montre que les musulmans cherchaient à développer un dialogue basé sur le respect mutuel avec les gens du Livre. Par ailleurs, ces communautés avaient la permission de reconstruire les églises abandonnées ou de construire de nouvelles synagogues et églises quand ils le souhaitaient.  Par exemple, le monastère Saint Serge hors de Madain a été détruite par le patriarche Mar Emme (644-647), mais reconstruite sous le califat de Osman. Plusieurs exemples de ce genre peuvent être cités: Ouqba, le gouverneur d'Egypte, a aidé les nestoriens à construire une église, pendant le règne de Mu'awiya une église de Edessa a été rénovée et l'église de Marcos a été accréditée à Alexandrie. Le fait que les églises et synagogues en Palestine, Syrie, Jordanie, Egypte et en Iraq sont restées montre le respect des musulmans pour les autres religions révélées. Un autre exemple de la tolérance musulmane est le monastère du mont Sinaï, l'un des lieux de pèlerinage les plus importants de la Chrétienté.

La tolérance musulmane prend source dans le Coran qui dit:

… si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d'Allah est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion)… (Sourate Al-Hajj, 40) 

Les gens du Livre étaient libres de célébrer leurs fêtes, qui faisaient partie intégrante de leurs traditions religieuses, dans leurs lieux de culte et comme ils le voulaient, d'ailleurs les dirigeants musulmans souvent se joignaient à ces célébrations. Le patriarche nestorien Isho'yab III (650-660) écrivit une lettre à l'évêque de Perse après la conquête musulmane qui relatait la tolérance et la compassion des dirigeants musulmans envers les gens du Livre d'un point de vue chrétien:

Les arabes à qui Allah a confié en ce moment la gouvernance du monde … ne persécutent pas la religion chrétienne. En effet, ils la favorisent, honorent nos prêtres et les saints du Seigneur et confèrent des avantages aux églises et aux monastères.39 

En plus de ces libertés et de ce respect, la justice et l'impartialité avec lesquelles ces non-musulmans étaient traités étaient aussi remarquables. Le sens juridique des dirigeants musulmans était reconnu. Et nombre de chrétiens portaient leurs affaires devant les cours islamiques même s'ils avaient leurs propres tribunaux. A un moment, le nombre de chrétiens utilisant les cours islamiques atteignit une telle proportion que le patriarche nestorien Mar Timothée I (780-825) fit une déclaration mettant en garde les chrétiens.



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