Le 'Irfân Ou la Gnose mystique



Si nous ignorons la date exacte à laquelle ce groupe s’est donné l’appellation de ‘urafâ’, du moins nous sommes sûr que celle-ci fut répandue au IIIe siècle de l’hégire, à en croire l’affirmation d’al-Sirrî al-Siqtî (décédé en l’an 243 H.)[34][34]. Toutefois, Abû Naçr al-Sarrâj al-Tûcî rapporte dans son livre «al-Luma‘» - un écrit très crédible dans le domaine du ‘irfân et du soufisme- un récit de Sufiyân al-Thawrî , qui laisse penser que cette désignation est apparue vers la première moitié du IIe siècle[35][35].

 En tout état de cause, il n’existait pas au I er siècle de l’hégire de groupe dénommé soufisme. Cette appellation n’est apparue qu’au IIe siècle, et le regroupement de personnes sous cette désignation est survenu en ce siècle aussi et non pas au IIIe siècle comme l’ont soutenu certains[36][36]. 

 Mais l’absence d’un groupe désigné sous cette appellation pendant le premier siècle de l’hégire ne signifie nullement que les dévots des compagnons étaient de simples adorateurs et ascètes au même degré de foi naïve dépourvue de la brillance de la vie spirituelle, comme aiment le dire les Occidentaux et les occidentalisants. En effet, il y avait des Compagnons marqués par leur forte spiritualité, et le niveau de foi de tous les Compagnons n’était pas le même. Ainsi Salmân al-Fâresi et Abû Tharr, par exemple, n’étaient pas au même degré de foi, comme en attestent de nombreux hadiths dont celui-ci : «Si Abû Tharr savait ce qu’il y a dans le cÅ“ur de Salmân, il l’aurait tué Â»[37][37]. 

 Les ‘urafâ’  du IIe Siècle :

  1-Al-Hassan al-Baçrî : De même que le kalâm (la scolastique musulmane) commence avec Hassan al-Baçrî (décédé en 110 H.) de même le terme ‘irfân débute par lui.

Il est né en l’an 22 de l’hégire et vécut 88 ans dont la plus grande partie au Ier siècle.

Il est clair qu’al-Hassan al-Baçrî ne fut pas connu comme soufi, mais on le compta parmi les soufis pour avoir écrit un livre intitulé «Ri‘âyat huqûq Allâh» (Le respect des droits d’Allâh) que l’on peut considérer comme le premier livre soufi. L’unique copie existant de ce livre se trouve à l’université d’Oxford. Selon Nicholson : «Le premier Musulman à avoir écrit sur la vraie manière de vivre soufie est al-Hassan al-Baçrî, puis il fut suivi par d’autres qui expliqueront les fondements du soufisme pour atteindre aux hautes positions (spirituelles), en commençant par la repentance et en passant par une série d’autres pratiques qu’il faut effectuer successivement pour s’élever jusqu’à la Position Sublime»[38][38].   

Il est à noter que les ‘urafâ’  eux-mêmes font remonter certaines chaînes de la Voie soufie, telle celle des Cheikhs d’Abû Sa‘îd Abû-l-Khayr[39][39], à al-Hassan al-Baçrî et de là à l’Imâm ‘Alî (p). De même, dans son « Fihrast Â» (Article 5, 5ème Art) Ibn al-Nadîm fait remonter la chaîne d’Abû Muhammad Ja‘far al-Khuldî à al-Hassan al-Baçrî, et affirme que ce dernier était le contemporain des 70 survivants de la Bataille de Badr.

Il apparaît, d’après certains récits, qu’al-Hassan al-Baçrî était plus tard pratiquement l’un de ceux qui ont eu la réputation de soufis. Nous rapporterons certains de ces récits dans un autre contexte. Il est à noter aussi qu’al-Hassan al-Baçrî avait des racines iraniennes.

2-Mâlik Ibn Dînâr (décédé en 131 H.) : Il était de Bassora et il s’adonna à un ascétisme excessif et au détachement de ce monde.



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