Le 'Irfân Ou la Gnose mystique



Nous terminons ainsi notre bref historique du ‘irfân depuis ses prémices jusqu’au IXe siècle où le ‘irfân a pris –à notre avis- une autre forme. En effet, jusqu’à cette date indiquée, les personnalités scientifiques et culturelles du ‘irfân appartenaient toutes aux chaînes soufies, et les personnalités centrales du soufisme étaient les sommets scientifiques et culturels du ‘irfân et léguèrent de grandes œuvres dans ce domaine. Mais dès qu’on dépassa le IXe siècle la situation a changé, car :

Premièrement : Toutes les figures centrales du soufisme ou du moins la plupart d’entre elles qui vont apparaître n’auront pas le haut degré scientifique que connurent leurs prédécesseurs. On pourrait même dire que le soufisme était dominé depuis lors par l’attachement aux apparences, ce qui déboucha naturellement sur l’émergence de certaines hérésies.

Deuxièmement : D’aucuns se sont spécialisés dans le ‘irfân théorique qu’avait fondé Ibn ‘Arabî bien qu’ils n’eussent appartenu à aucune des Voies soufies et ont atteint un tel haut degré de spécialisation qu’aucun soufi n’a pu atteindre.

Par exemple Çadr-ul-Muta’llihîn al-Chirâzî (décédé en 1050 H.) et son disciple, al-Faydh al-Kâchânî (décédé en 1091 H.), ainsi que son disciple al-Qâdhî Sa‘îd al-Qummî n’appartenaient à aucune des chaînes du soufisme, et étaient pourtant plus au fait du ‘irfân théorique d’Ibn ‘Arabî que n’importe lequel de leurs contemporains parmi les figures centrales du soufisme. Cette nouvelle donne continua jusqu’à notre époque où feu Aghâ Muhammad Redhâ al-Hakîm al-Qamcha’î, et feu Aghâ Mirzâ Hâchim al-Rachtî, qui comptaient parmi les savants et les théosophes du siècle dernier, étaient des spécialistes du ‘irfân théorique sans appartenir aux Voies soufies. Et en règle générale, depuis que furent établis les fondements du ‘irfân théorique à l’époque d’Ibn ‘Arabî jusqu’à celle de Çadr-ud-Dîn al-Qawnawî, le ‘irfân avait une empreinte philosophique. Mais, après cette époque, cette situation a pris une autre tournure. Ainsi, on peut remarquer que la plupart des spécialistes du ‘irfân théorique au Xe siècle n’étaient pas des adeptes du ‘irfân pratique, du voyage spirituel[46][46] et de la Voie[47][47]. Et même s’ils l’étaient, ils n’appartenaient officiellement à aucune des Voies soufies connues.

Troisièmement : On peut voir à partir du Xe siècle des personnes et des groupes (dans le monde du chiisme) pratiquer «al-Sayr wa-l-Sulûk Â» (le voyage spirituel) et atteindre une haute position dans le ‘irfân sans faire partie d’aucune des chaînes gnostiques ou soufies connues. Mieux, ils les ont ignorées ou rejetées ou même s’y sont radicalement opposés. Ce qui caractérise cette catégorie de personnes -qui étaient des faqîh aussi- c’est qu’elles ont concilié les règles de la Conduite (sulûk) et celles du fiqh (la jurisprudence musulmane).   


Questions (Leçons 5-6)

    1 - Qui était le premier soufi à s'être exprimé par les symboles et les signes?

2-Qui avait donné le premier des règles et un ordre à la doctrine "soufisme-'ifrân" ?

3-Qui était l'auteur du livre "al-Lum'ah" ?

4- Quel est le titre du livre qu'écrivit Abû Tâlib al-Makkî et auquel il doit sa notoriété?



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