Le 'Irfân Ou la Gnose mystiqueLes ‘urafâ’ du IIIe siècle : 1-Bâyazîd al-Bastâmî (Tayfûr Ibn ‘ïssâ) (décédé en 261 h.) : Il est l’un des plus grands ‘urafâ’ et il est originaire de Bastâm. On dit qu’il fut le premier à parler franchement de l’anéantissement en Allâh et de la fusion en Allâh. Il disait de lui-même à ce propos: «Je suis sorti de Bâyazîd comme le serpent sort de sa peau ». Bâyazîd eut quelques écarts langagiers qui lui valurent d’être accusé de mécroyance, alors que les ‘urafâ’ voyaient en ces écarts son appartenance au courant de «sukr» (ivresse spirituelle), c’est-à -dire qu’il fit ses écarts dans l’état de l’anéantissement dans l’Essence divine. D’aucuns prétendirent qu’il fut serveur d’eau dans la maison de l’Imâm al-Sâdiq (p), mais l’histoire infirme cette prétention car Bâyazîd n’était pas contemporain de l’Imâm (p). 2-Bishr al-Hâfî : Il était de Baghdâd mais ses ancêtres étaient de Marw. Au début, il était un débauché et un libertin, mais par la suite, Allâh le guida vers Il eut droit au sobriquet d’al-hâfî (déchaussé, pieds nus), car il marchait pieds nus, mais d’autres évoquent autres causes pour ce surnom. Il mourut en l’an 226 ou 227 de l’hégire. 3-Al-Sirrî al-Siqtî : il était de Baghdad mais on ignore ses origines. Il fut un ami de Bishr al-Hâfî. C’était un homme affectueux, altruiste envers les serviteurs d’Allâh dont il faisait passer l’intérêt avant le sien. Ibn Khalkân raconte dans «Wafiyyât al-A‘yân » qu’al-Sirrî disait : «J’ai demandé à Allâh pardon pendant 30 ans pour avoir dit un jour «Dieu merci » (alhamdu lillâh). On lui demanda : «Comment cela? » Il s’expliqua ainsi : «Une nuit, le feu fut déclaré dans le souk. Je suis sorti alors m’enquérir du sort de ma boutique. On m’informa que le feu ne l’avait pas touchée. Je dis alors : «Dieu merci ». Puis je me suis rendu compte que ce que je venais de dire, trahit mon égoïsme et mon indifférence aux affaires des Musulmans. Aussi me suis-je mis à demander à Allâh de me pardonner depuis lors ». Al-Sirrî était un élève et un adepte de Ma‘rûf al-Karkhî et en même temps le professeur de son neveu (le fils de sa sœur) Junayd al-Baghdâdî. Il avait beaucoup d’écrits sur l’Unicité et l’amour divin. C’est lui qui dit : «Le gnostique est comme le soleil rayonnant sur tous les coins de la terre qui porte le maigre et le gras, et comme l’eau par laquelle se ravivent les cœurs assoiffés, et le flambeau qui éclaire tous les lieux ». Il mourut en l’an 245 ou 250 de l’hégire, âgé alors de plus de 98 ans.
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