Le 'Irfân Ou la Gnose mystiqueLe ‘irfâni voit que pour parvenir à la destination originelle et la véritable gnose, il est nécessaire de traverser une série de «manâzil » (positions) et de « maqâmât » (stations) qu’on appelle en termes techniques «al-sayr wa-l-sulûk » (le cheminement et la conduite). Les ouvrages spécialisés de ‘irfân ont traité exhaustivement de ces «positions» et «stations», et nous ne pourrons pas les aborder dans notre exposé même succinctement, nous contentant de citer quelques extraits concis de ce que dit Avicenne sur ce sujet, car celui-ci, bien qu’il fût un philosophe, il n’avait pas un style sec, notamment vers la fin de sa vie, où il pencha vers le ‘irfân auquel il a consacré un chapitre de son livre «al-Ichârât» (lequel était son dernier ouvrage apparemment), qu’il intitula «Maqâmât al-’ârifîn». Il convient donc de citer quelques extraits de ce beau chapitre aux contenus sublimes : Le Définition des zâhid, ‘âbid, ‘ârif «Celui qui renonce aux biens et aux plaisirs de ce bas-monde est dénommé zâhid (ascète), celui qui s’applique assidûment à accomplir les actes de piété, tels que la prière rituelle, le jeûne etc. est appelé ‘âbid, et celui qui concentre sa pensée exclusivement au Monde divin avec l’intention intime d’illuminer son âme par le rayonnement de Bien que par ces quelques mots Avicenne définisse le zâhid, le ‘âbid et le ‘irfâni, mais implicitement il a aussi défini le zuhd (ascétisme), la ‘ibâdah (l’adoration) et le ‘irfân, car la définition de l’ascète en tant que tel, l’adorateur en tant que tel et le gnostique en tant que tel, requiert la définition de l’ascétisme, de l’adoration et de la gnose mystique. Ainsi, l’ascétisme consiste à renoncer aux plaisirs de ce monde, l’adoration à accomplir des actes de piété spécifiques tels que Lorsque Avicenne dit «Il est possible qu’on cumule dans certains cas deux ou trois de ces qualificatifs », il fait allusion à un point important, car il est possible que l’on soit en même temps ascète et adorateur, ou adorateur et gnostique, ou ascète et gnostique, ou encore ascète, adorateur et gnostique, bien qu’Avicenne n’ai pas explicité ce détail mais il voulait dire qu’une personne puisse être ascète et adorateur sans être gnostique, mais il est impossible qu’elle soit gnostique sans être en même temps ascète et adorateur. Pour mieux expliquer ce qui vient d’être noté, disons qu’il y a entre l’ascète et l’adorateur des points communs et des points particuliers à chacun, ce qui fait que quelqu’un pourrait être ascète sans être adorateur, ou adorateur sans être ascète, ou bien entendu, à la fois ascète et adorateur. Tandis que ce rapport diffère lorsqu’il s’agit du gnostique par rapport à l’ascète et à l’adorateur : alors que le gnostique est forcément adorateur et ascète, mais que l’adorateur et l’ascète ne sont pas nécessairement gnostiques. On verra que la philosophie de l’ascétisme du gnostique diffère naturellement de celle de l’ascétisme des autres, de même que la philosophie de son adoration diffère de celle de l’adoration d’autrui. Bien plus, l’esprit et la quiddité de l’ascétisme et de l’adoration du gnostique diffèrent de l’esprit et de la quiddité de l’ascétisme et de l’adoration d’autrui : «L’ascétisme chez le non-gnostique est une sorte de transaction : il troque les biens de ce monde contre les biens du monde de l’au-delà , alors que chez le gnostique il consiste à purifier son cœur de tout ce qui obstrue son attention envers Allâh et une élévation par rapport à tout ce qui n’est pas
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