Le 'Irfân Ou la Gnose mystique



4 & 5) -: Al-qabdh قبض (contraction) et al-bast Ø¨Ø³Ø· (décontraction)  

 Ces deux mots revêtent une signification particulière chez les ‘urafâ’. Qabdh dénote la crispation, la contraction de l’âme du gnostique, et bast, sa décontraction et sa décrispation. Les ‘urafâ’ ont beaucoup traité de la question de la contraction et de la décontraction de l’âme, de leurs causes et de leur pourquoi.

6 & 7)- : jam‘ جمع (rassemblement, rencontre) et farq فرق (séparation)

Les ‘urafâ’  ont beaucoup utilisé ces deux mots. Al-Quchayrî dit à ce propos : Â« Ce que le gnostique obtient par lui-même et grâce à ses propres efforts pour mériter «le maqâm Â» de l’adoration, est «farq Â», et ce qu’Allâh lui offre est «jam‘». En d’autres termes, celui qu’Allâh rapproche de Lui à cause de ses actes d’adoration et d’obéissance est dans un état de «farq Â» et celui qu’Allâh couvre de Sa Grâce et de sa Mansuétude il est dans un état de «jam‘». 

8 & 9) -: ghaybah  غيبه (absence) et dhuhûr ظهور  (apparition)  

«Ghaybah Â» signifie ne pas voir les créatures et ne pas les sentir, et c’est là un état que connaît parfois le gnostique dans lequel il devient inconscient de ce qui se passe autour de lui, en raison de son absorption dans sa présence auprès de son Seigneur. Il se peut même que de graves événements surviennent autour de lui ou à lui-même sans qu’il s’en rende compte. Les ‘urafâ’  rapportent à cet égard des récits quasi mythiques. Ainsi al-Quchayrî relate qu’un jour alors qu’Abû Hafç, un forgeron de Nishâpour, travaillait, quelqu’un est passé le voir et lui récita un verset coranique qui le mit dans un état d’inconscience (ghaybah). Aussi introduisit-il machinalement sa main nue dans le fourneau pour en sortir le fer fondu, mais son apprenti eut la présence d’esprit de crier pour le prévenir, cri qui le sortit de son inconscience et sauva sa main.

Ailleurs, al-Quchayrî rapporte qu’un jour al-Chiblî entra chez al-Junayd dont l’épouse était assise à côté de lui et qui, voyant ce visiteur, voulait quitter le lieu. Mais son mari lui dit de rester à sa place en lui expliquant qu’al-Chiblî se trouve dans un état d’«absence Â» (ghaybah) et que par conséquent il n’est pas conscient de sa présence. Elle s’exécuta donc et restait sur place. Al-Junayd se mit à parler un peu avec al-Chiblî, lequel peu après commença à pleurer. Al-Junayd se tourna alors vers son épouse et lui demanda de se couvrir, car «al-Chiblî est sur le point de reprendre conscience Â» lui expliqua-t-il.

C’est ainsi que les ‘urafâ’  expliquent l’état dans lequel se plongent « les amis proches d’Allâh Â»[58][58] lors de leurs prières au point de ne plus être conscients de ce qui se passe autour d’eux.

Plus loin nous expliquerons que les «amis proches d’Allâh Â» connaissent un état encore plus sublime que celui de «ghaybah» (absence). 

10 - 13)- : Thawq ذوق  le goût), chirb شرب (le boire), sukr  سكر (l’ivresse), rayy ري (l’arrosage) :



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