Le 'Irfân Ou la Gnose mystique



15-A quelle époque une ligne de démarcation se dessina entre les urafâ et les soufis?

16- Dans quel siècle apparurent des personnes et des groupes pratiquant le 'ifrân et atteignant les plus hautes positions dans ce domaine sans qu'ils fassent partie d'une des chaînes gnostiques ni soufies? Qu'est-ce qui caractérise ces groupes et personnes?

 


Leçons 7, 8, 9

Les positions[48][48] et les stations[49][49]

Les ‘urafâ’  considèrent qu’il faut nécessairement traverser certaines positions et stations pour atteindre au véritable ‘irfân.

Le ‘irfân converge avec la théosophie sur un plan et diverge avec elle sur d’autres. Ils convergent en ceci que tous deux visent la connaissance d’Allâh, et divergent sur les points suivants :

1-La recherche théosophique ne se limite pas à la connaissance d’Allâh exclusivement, mais vise à connaître le système de l’existence tel quel, et pour ce faire, il faut connaître un vaste système dans lequel la connaissance d’Allâh est le pilier primordial, alors que le ‘irfân se contente exclusivement de la connaissance d’Allâh, car les ‘urafâ’  pensent que la connaissance d’Allâh équivaut à la connaissance de toutes les choses, et que la connaissance de toute chose doit se faire à la lumière de la connaissance d’Allâh sous l’angle de l’Unicité, ce qui signifie que la connaissance de toutes les choses découlent de la connaissance d’Allâh.

2- La connaissance que le théosophe recherche est la connaissance mentale et intellectuelle, à l’instar du mathématicien lorsqu’il pense à la résolution d’un problème mathématique, alors que la connaissance que vise le ‘irfâni est une connaissance présentielle (hudhûriyyah) et visuelle (chuhûdiyyah), comme la connaissance du biologiste, acquise dans son laboratoire. Car, alors que le théosophe projette de parvenir au ‘ilm-ul-yaqîn (la certitude théorique par information), le ‘irfâni veut atteindre ‘ayn-ul-yaqîn (la certitude de témoin oculaire).

3- L’instrument qu’utilise le théosophe est le ‘aql, le raisonnement et la démonstration, alors que celui du ‘irfâni est le cÅ“ur, et l’éducation et la purification de l’âme. Ainsi, le théosophe s’emploie à étudier le monde avec son esprit, alors que le ‘irfâni s’efforce de se mouvoir avec tout son être pour parvenir à l’essence et à la Réalité (haqîqah) de l’Existence, et à s’unir à cette Réalité comme l’union de la goutte d’eau avec l’immense mer. La perfection innée que recherche l’homme, dans l’optique du théosophe, réside dans la compréhension et la cognition, alors que celle que vise l’homme, d’après le ‘irfâni, réside dans l’arrivée. Le théosophe considère que l’homme incomplet est l’ignorant, alors que pour le ‘irfâni, l’homme incomplet est celui qui se trouve abandonné, exilé et séparé de son origine (préexistentielle).



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