Le 'Irfân Ou la Gnose mystiqueLa gnose islamique s’acheminait vers sa perfection progressivement à travers les siècles. Comme nous avons pu le constater dans les précédentes pages, à chaque siècle apparaissaient de grands ‘urafâ’ qui contribuaient à cette marche vers le perfectionnement progressif du ‘irfân, et ce jusqu’à la venue d’Ibn ‘Arabî au VIIe siècle où il fit un grand bond en avant dans la gnose islamique et l’amena vers l’apogée de sa perfection, vers une nouvelle étape jamais atteinte auparavant. De même, Ibn ‘Arabî fonda le second volet du ‘irfân, c’est-à -dire son volet théorique et philosophique. Ceci dit tous les ‘urafâ’ venus après Ibn ‘Arabî vivront des restes de sa table. En outre, il fut l’objet d’étonnement de son époque au point que les avis le concernant étaient contradictoires : les uns le rehaussaient à la position la plus sublime de la piété et voyaient en lui l’ami parfait d’Allâh, un pôle, d’autres le rabaissèrent au plus bas niveau de la mécréance en le traitant tantôt de «mumît-ud-dîn» (l’anéantisseur de la religion) ou de «mâhî-d-dîn» (l’effaceur de la religion). Toutefois, Sadr-ul-Muta’allihîn, le grand philosophe et le génie de l’Islâm le vénérait et le tenait en grande estime. Il le préférait même à al-Fârâbî et à Avicenne. Il écrivit environ trois cents livres dont la plupart -sinon la totalité- furent publiés. Le plus important d’entre eux s’intitule «al-Futûhât al-Makkiyyah», un ouvrage très volumineux, ou même une vraie encyclopédie de ‘irfân. Une autre œuvre importante de lui a pour titre «Fuçûç al-Hikam». Bien que ce soit un petit livre, il est considéré comme le texte gnostique le plus précis et le plus profond. Il y eut de nombreux commentaires sur ce livre qui ne pourrait être compris que par une ou deux personnes à chaque époque. Muhyy-id-Dîn Ibn ‘Arabî mourut et fut enterré à Damas où sa tombe existe toujours. 6-Çadr-ud-Dîn Muhammad al-Qûniyawî : Il est natif de Qûniyah en Turquie. Il était un élève et un adepte de Muhyy-id-Dîn Ibn ‘Arabî et le fils de son épouse. Contemporain d’al-Mawlawî al-Rûmî et d’al-Khawâjah Naçîr-ud-Dîn al-Tûcî, celui-ci le respectait beaucoup et échangeait des lettres avec lui, alors que celui-là avait des relations solides et cordiales avec lui à Qûniyah et priait derrière lui dans les Prières en assemblée qu’il dirigeait. Il semblerait aussi, qu’al-Mawlawî était son élève et que l’influence d’Ibn ‘Arabî très visible dans les écrits de ce dernier avait pour origine ce qu’il avait appris de lui (de Qûniyawî). On dit aussi qu’un jour al-Mawlawî entra chez al-Qûniyawî et que ce dernier lui céda le dossier sur lequel il était assis, ce qu’il refusa gentiment en lui disant : «Que répondrais-je le Jour de Al-Qûniyawî était celui qui a expliqué le mieux les idées et les opinions d’Ibn ‘Arabî, et sans ces explications, il aurait été quasi impossible de comprendre ses écrits. La pensée d’Ibn ‘Arabî est clairement reflétée dans « al-Mathnawî » et «Dîwâne Chams». Les ouvrages d’al-Qûniyawî faisaient partie des programmes scolaires de la philosophie et de la gnose islamique durant les six derniers siècles. Parmi les livres connus d’al-Qûniyawî on peut citer «Miftâh-ul-Ghayb», «al-Nuçûç» et «al-Fukûk». Al-Qûniyawî mourut en l’an 672 de l’hégire (la même année où moururent al-Mawlawî et al-Khawâjah Naçîr-ud-Dîn al-Tûcî) ou en 673. 7- Mawlânâ Jalâl-ud-Dîn Muhammad al-Balkhî al-Rûmî (décédé en 672 H.) : Il fut plus connu sous la dénomination d’al-Mawlâwî et il est l’un des plus grands ‘urafâ’ de l’Islâm et des génies du monde. Son origine remonte à Abû Bakr. Son livre «al-Mathnawî » est un océan de gnose et de sagesse et renferme des détails minutieux du savoir spirituel, social et gnostique. D’autre part, al-Mawlâwî compte parmi les poètes de la première classe en Iran.
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