Le 'Irfân Ou la Gnose mystiqueThawq et tathawwuq ont la même signification. Les ‘urafâ’ estiment que les connaissances scientifiques ne peuvent ni attirer ni susciter le désir, car l’attirance et le désir sont le fait ou la conséquence de Ainsi, le tathawwuq تذوّق (gustation) c’est le talath-thuth تلذّذ (le plaisir goûté ou dégusté) et le thawq gnostique signifie la perception présentielle du plaisir procuré par les théophanies (manifestations) et les dévoilements. On appelle le plaisir primaire « thawq » (goût ou gustation), sa continuation « chirb » (le boire), l’ivresse ou la réanimation qui s’ensuit « sukr » et le fait de s’en rassasier « rayy ». Les ‘urafâ’ considèrent que ce qui se produit par le thawq (dégustation) c’est le semblant de l’ivresse (tasâkur تساكر) et non pas l’ivresse elle-même, alors que la conséquence du boire « chirb » est l’ivresse (sukr), tandis que ce qui suit le « rayy » (arrosage) et le rassasiement (imtilâ’ اÙمتلاء) ce sont le « çahw صØÙˆ » (éveil) et le « ifâqah اÙÙاقه» (réveil). Et c’est pour cette raison que les ‘urafâ’ ont utilisé très souvent le mot vin par métonymie, pour exprimer leur intention. 17- Khawâtir خواطر (les idées) Les ‘urafâ’ désignent ce qui est jeté dans le cÅ“ur du gnostique sous le vocable « wâridât واردات» (importations, entrées) lesquelles se présentent tantôt sous forme de «qabdh قبض » (contraction) ou «bast بسط » (détente), « surûr سرور » (gaieté) ou « huzn Øزن » (tristesse), tantôt sous forme de parole « kalâm » ou « khitâb خطاب» (discours), comme si le gnostique entendait quelqu’un l’appeler de l’intérieur, auquel cas on dénomme les «wâridât واردات» : « khawâtir خواطر » (idées). Les ‘urafâ’ ont beaucoup dit à propos des khawâtir ». Par exemple, ils disent que les « khawâtir » sont parfois rahmaniyyah رØمانيّة (émanant du Miséricordieux) parfois « shaytâniyyah شيطانية» (émanant du satan) et parfois « nafsâniyyah Ù†Ùسانية» (personnelles ou émanant du soi-même). C’est pourquoi ce sont des choses très sensibles, car satan pourrait contrôler à travers elles l’homme dans les situations de faute et de déviation. En effet Allâh dit : « Les diables inspirent à leurs alliés de….. » (Coran : 6/121). Ils disent aussi que l’homme parfait doit être toujours capable de distinguer les idées miséricordieuses des idées sataniques. Le critère de cette distinction est de voir ce à quoi appellent ces idées et ce qu’elles interdisent. Si elles incitent à ce qui est contraire aux enseignements du Législateur (Allâh ou 14-16)- : Mahw Ù…ØÙˆ (effacement), mahq Ù…ØÙ‚ (anéantissement), çahw صØÙˆ (éveil) De même les mots « mahw » (effacement) et «çahw» (éveil) reviennent très souvent dans le langage des gnostiques (‘urafâ’). Ils entendent par «mahw» le fait que le gnostique atteint un stade où il s’anéantit dans l’Essence divine et que dès lors il ne se considère pas comme les autres. Et si cet état d’anéantissement atteint un degré où toutes les traces du « moi » disparaissent, il est dénommé alors «mahq». Tous ces deux états de «mahw» et de « mahq » sont plus avancés que la position de «ghayb » précité. Car le «mahw» et le «mahq» sont certes un anéantissement, mais c’est un anéantissement dont le gnostique peut sortir pour retourner à l’état de «baqâ’» (permanence), mais pas dans le sens de rechute ou de descente, mais au sens de rester en permanence en Allâh. Cet état qui dépasse celui de «mahw» est justement dénommé « çahw» (éveil)
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