Le 'Irfân Ou la Gnose mystique



1- al-waqt الوقت (le temps)

Nous avons abordé ce terme d’après Avicenne dans la leçon précédente et maintenant nous allons voir comment les ‘urafâ’ eux-mêmes le définissent. Le résumé de ce qu’al-Quchayri a dit à ce propos est que le concept du temps est un concept relatif additionnel, car chaque état où se trouve le gnostique requiert de lui une attitude spécifique et étant donné que ledit état spécifique de ce gnostique requiert une attitude particulière, on appelle cet état le temps dudit gnostique. Il est possible qu’un autre gnostique se trouvant dans le même état ait un autre temps ou que le premier gnostique cité ait un autre temps dans d’autres circonstances et que ce temps requière une autre attitude et une autre fonction (devoir). 

Le gnostique doit être donc conscient du temps et connaître l’état auquel l’Au-delà le soumet, et la fonction qu’il doit y assumer. Il doit toujours saisir le temps et c’est la raison pour laquelle on dit que « le gnostique  est le fils du temps Â».

Dans les poèmes iraniens, on utilise le terme de «dam Â» ou « â€˜aych naqd Â» pour désigner le « temps Â». C’est ce qu’on voit souvent dans les poèmes de Hâfidh, et c’est ce qui a encouragé certains esprits malveillants et débauchés –qui essayaient de justifier leur débauche et leur libertinage- de peindre Hâfidh comme un incitateur à une vie plongée dans les plaisirs terrestres et à l’oubli d’Allâh et du jour de la Résurrection, ou à ce que les Occidentaux appellent l’épicurisme[56][56]. 

Dans ces poèmes, Hâfidh a beaucoup recouru à ces termes en pensant à leur valeur symbolique, alors que les gens y voient –à tort- une incitation à la débauche et à la licence. Pourtant, d’autres vers du poète projettent la lumière sur ces poèmes et écartent  leur apparence trompeuse.

Al-Quchayrî dit : « Lorsqu’on dit que le soufi est le fils de son temps, on entend qu’il fait toujours ce qui est le mieux pendant ce temps. On dit aussi «Le temps est une épée tranchante Â», le rater expose l’homme à l’anéantissement.

2 & 3)- : Al-hâl الحال (état) et al-maqâm المقام (station)

Ils font partie des termes techniques courants du ‘irfân. hâl désigne ce qui entre dans le cœur du gnostique involontairement, alors que maqâm indique ce qu’il acquiert et obtient volontairement. Le hâl est, contrairement au maqâm, très fugace, au point qu’on dit que les «états» sont comme l’éclair qui étincelle mais disparaît promptement.

On rapporte de l’Imâm ‘Alî (p) décrivant le gnostique : «Il a ravivé son ‘aql (esprit), fait mourir ses désirs, jusqu’à ce qu’il devînt décharné et son âme limpide, et qu’une brillance très éclairante l’éclairât. Â»[57][57]

Les ‘urafâ’  appellent aussi ces éclats brillants «lawâ’ih لوائح», «lawâmi‘ لوامع », «tawâli‘ طوالِع» selon le cas ou selon la différence de leurs degrés et de leurs positions, de leur intensité et de leur durée.



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