LA QUESTION DE L'IMAMATBeaucoup de preuves peuvent être apportées pour appuyer l'idée que le sens du mot mawlâ tel qu'il fut employé par le Prophète à Ghadir Khomm, est le même que celui que nous venons de définir. C'est à -dire que Ali, en vertu de la proclamation du Ghadir Khomm, se voit reconnaître le même rang, le même privilège de proximité à l'égard des croyants, que le Prophète lui-même: "Celui dont je suis les mawlâ, Ali sera son mawlâ." Mais bien entendu, la prophétie est scellée avec le Prophète de l'islam, et Ali n'est pas un prophète. Avant de prononcer la phrase précédente,le Prophète avait posé la question: "N'ai-je pas priorité sur vous avant vous-mêmes?" (Alastu awlâ bikumn min anfusikum?), ce qui corrobore bien le sens que nous donnons ici au mot mawlâ. D'autre part, de la série de questions que le Prophète pose aux croyants -qui lui répondent tous par l'affirmative- on peut inférer que le Prophète, après avoir demandé s'ils attestaient que Dieu est Un, que Mohammad est Son Envoyé, que le Paradis est vrai, que l'Enfer est vrai, etc..., va leur transmettre un autre élément du dogme, à savoir la reconnaissance de la walâya de Ali, au même titre que les autres éléments du dogme. Si comme le pensent certains de nos frères sunnites, le mot mnawlâ signifiait seulement l'ami, celui qui soutient, la walâya de Ali aurait été équivalente et similaire à la walâya de tous les croyants, car la walâya dans ce sens fait partie des premiers enseignements de la fraternité islamique. Il n'y aurait pas eu nécessité de la proclamer devant une telle assemblée, d'autant plus que celle-ci avait été convoquée par le Prophète. Il n'y aurait pas eu aussi besoin de la précéder de tous ces préliminaires relativement longs. A cela, il faut ajouter qu'avant de mentionner le nom de Ali, le Prophète a parlé de sa fin proche, et a informé les musulmans qu'il allait bientôt quitter ce monde. Il est évident alors que la question qui peut naître dans l'esprit d'un auditeur attentif et soucieux du devenir de l'islam est celle de la succession. Le Prophète conscient de cela, va alors désigner l'homme qu'il sait être le seul capable de lui succéder. Il ne pouvait pas retenir plus de cent mille personnes sous une chaleur torride, simplement pour leur annoncer qu'ils doivent aimer Ali, parce que lui-même l'aime, d'autant plus que l'amitié et l'amour entre les croyants sont des choses qui vont de soi dans l'islam, et qu'ils sont inscrits dans le Coran.20 Quand le Prophète eut fini son discours,les compagnons, parmi lesquels se trouvaient Abou Bakr, Omar, Talha et Zoubeyr se rendirent tous auprès de Ali pour lui présenter leurs félicitations et lui souhaiter le succès dans sa fonction d'Emir des Croyants. La cérémonie se poursuivit jusqu'au moment de la prière du coucher du soleil. Omar fut l'un des premiers à lui adresser la parole, en ces termes: "Bravo à toi, ô Ali, te voici devenu mon mawlâ et le mawlâ de tout croyant et de toute croyante!"21 Le poète arabe du temps du Prophète, Hassân ibn Thâbet, n'a pas compris autre chose par le terme mawlâ, que le gouvernement des musulmans (imamat) et la direction de leurs affaires. Dans le poème qu'il composa à cette occasion, il dit: * * *
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