LA QUESTION DE L'IMAMAT



Seul Ali et sa famille veillaient le corps du Prophète -que la paix soit sur lui et sur ses descendants-. Les autres compagnons ne marquèrent aucun respect à cet homme qui les avait sauvés des ténèbres de l'Ignorance et de l'égarement et les avait guidés sur la Voie de la Vérité. Ils n'attendirent même pas qu'il fut enterré pour se disputer son héritage.72

Le ton s'éleva lors de cette réunion, chacun essayant de faire désigner au califat celui pour lequel inclinait son désir. Les Ansârs, originaires de Médine, tirèrent argument de l'antériorité de leur adhésion à l'islam, de l'honneur que leur fit le Prophète, et de leur combat dans la Voie de Dieu, et avancèrent leur candidat Sa'd ibn Ubâda, qu'ils amenèrent devant l'assemblée, alors qu'il était souffrant.

Quant aux Muhâdjirouns, ils tiraient prétexte de ce que le Prophète est comme eux, originaire de la Mecque, et de ce qu'ils avaient abandonné leur patrie, leurs proches et leurs biens, pour se porter au secours du Prophète et de la religion nouvelle: il est normal, leur semble-t-il, que le successeur du Prophète soit l'un d'entre eux.

Cet esprit de clan qui dominait les attitudes respectives les portait à l'extrêmisme.73
Omar ibn al-Khattâb proposait la candidature d'Abou Bakr qu'il faisait appuyer par un certain nombre de ses amis, n'hésitant pas à user de la menace.
Abou Bakr prit la parole disant:
"Dieu a envoyé Mohammad -que la paix de Dieu soit sur lui et sur ses descendants-, comme envoyé à Sa création, et comme témoin contre Sa communauté, afin que les hommes adorent Dieu en toute unicité. Alors qu'à part Dieu, ils adoraient d'autres divinités multiples, prétendant qu'elles intercèderaient pour eux auprès de Lui. Ces idôles n'étaient que pierre taillée, et bois sculpté."

Il lut alors deux versets du Coran, le premier fut le verset 18 de la Sourate Jonas (Younas):
"Et ils adoremt, hormis Dieu, ce qui me leur nuit pas et ce qui me leur est point utile, en disant: Voici mos intercesseurs auprès de Dieu.",
et le second, le verset 3 de la Sourate Les Groupes (Az-Zumar):
"Ceux qui omt pris des patrons ('awliyâ'), em dehors de Dieu, disent: Nous me les adorons que pour qu 'il mous rapprochent tout près de Dieu."

Puis Abou Bakr continua ainsi:
Il était très difficile pour les Arabes de renoncer à la religion de leurs ancêtres. Cependant, Dieu a accordé aux premiers Emigrés la faveur de croire dans le Prophète et dans sa mission, de lui prêter secours et d'endurer avec lui, malgré les vexations de leur peuple et les accusations de mensonge à leur endroit.

Tous étaient contre eux, cherchant à'leur nuire. Ils furent les premiers à adorer Dieu sur la terre, à croire en Dieu et à Son Envoyé. Ils sont ses parents et sa Famille. Ils sont ceux qui ont le plus de droit sur cette affaire, après lui. Seul un injuste pourrait le leur contester. Quant à vous, les Ansârs, dont on ne peut nier le mérite dans la religion, ni les services énormes rendus à l'islam, Dieu vous a agréés comme les défenseurs de Sa religion et de Son Envoyé. Il se dirigea vers vous quand il émigra; il choisit chez vous la plupart de ses épouses, et fit de vous ses compagnons.

Pour nous, il n'y a personne -après les premiers Muhâdjirs (les émigrés)- qui soit de votre rang. Nous sommes les chefs et vous êtes les ministres! On ne cessera jamais de vous consulter, et nous ne dirigerons pas sans vous!"

Puis al-Hubâb ibn al-Mundhir ibn al-Janrouch se leva et dit:
"Ö Ansârs! Ne comptez que sur vous-mêmes! Car vos opposants sont (comme) vos prisonniers vivant à votre ombre!
Personne -fut-ce le plus audacieux- n'osera s'opposer à vous. Les gens ne pou rron t que prendre votre parti. Vous avez la puissance et la richesse; vous avez le nombre et l'expérience; la rigueur et le salut Tout le monde attend de voir ce que vous allez faire. Ne divergez pas sinon votre position se distordra, et l'affaire prendra un cours qui vous sera contraire. Et si ces hommes refusent mes propos, qu'ils prennent un chef et que nous en prenions un autre!"

Omar dit:
"A Dieu ne plaise! Deux rois ne peuvent occuper un seul trône! Par Dieu, Les Arabes n'accepteront pas de vous agréer comme chef, alors que leur Prophète n'est pas de vous. Mais les Arabes ne s'interdiront pas de confier leurs affaires à des hommes chez qui est apparue la Prophétie, et auxquels appartient leur dirigeant. Nous avons à ce sujet, et à l'encontre de tout opposant parmi les Arabes, la preuve manifeste et la persuasion claire.



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