LA QUESTION DE L'IMAMAT
Qui nous disputera l'autorité de Mohammad et le domaine où s'exerçait cette autorité, à nous qui sommes ses proches et sa famille, sinon un faux contestataire, un malveillant ou un criminel!" al-Hubâb ibn al-Mundhir se leva et dit: "Ô Ansârs! Défendez-vous, et n'écoutez-pas ce que dit cet homme, ni ses amis, sinon ils vous dépouilleront de tout ce qui vous revient dans cette affaire. S'ils refusent d'acquiescer à votre demande, alors exilez-les, et emparez-vous du pouvoir! Car, par Dieu, vous avez plus de droit qu'eux! C'est par vos épées que ceux qui n'avaient pas de religion en ont aujourd'hui une."
Omar dit:
"Alors, que Dieu te tue!" Et ils se bagarrèrent… Abou 'Obeyda dit alors: "Ô Ansârs! vous fûtes les premiers à défendre et à aider le Prophète; ne soyez pas les premiers à changer et à bouleverser les choses."74
Puis Bachir ibn Sa'd (un cousin de Sa'd ibn Ubâda qui était contre lui) se leva pour approuver les paroles de Omar: "Ô Ansârs! Par Dieu, bien que nous ayons eu quelque vertu à combattre les polyhéistes, et quelque antériorité dans cette religion, nous n'eûmes d'autre intention en cela que la satisfaction de notre Seigneur, l'obéissance à notre Prophète, et l'acquisition de bonnes oeuvres pour nous-mêmes. Il n'est pas convenable d'en tirer de l'orgueil devant les gens. Mohammad-que les salutations divines soient sur lui et sur ses descendants-est de (la tribu de) Qoreïch, et sa tribu a plus de droit sur lui que nous. Je souhaite que Dieu ne me verra jamais en train de contester ce droit. Craignez Dieu, et ne vous opposez pas à eux et ne leur disputez pas ce droit!"
Abou Bakr dit alors: "Voici Omar et Abou Obeyda! Prêtez serment d'allégeance à celui d'entre eux que vous voulez!"
Ces deux derniers dirent: "Non, par Dieu, nous ne prendrons jamais cette charge alors que tu es parmi nous. Tu es le meilleur des Mudâjirouns, le "deuxième des deux, quand ils se trouvaient dans la grotte" (Coran), et celui que le Prophète a désigné pour diriger la prière en son absence. Or, la prière est ce qu'il y a de mieux dans la religion des musulmans. Qui donc devrait avoir la précellence sur toi, et prendre cette charge contre toi! Tends la main afin que nous te prêtions allégeance!" Comme ils allaient lui prêter serment, Bachir ibn Sa'd se hâta et les précéda. Il fut le premier à prêter serment à Abou Bakr.
Al-Hubâb ibn al-Mundhir l'interpela alors en ces termes:
"Ô Bachir, que tu sois abandonné des tiens! Quel besoin avais-tu de faire ce que tu as fait? Voulais-tu par jalousie empêcher ton cousin d'accéder à la charge de chef?" Il répondit: "Non, par Dieu! Non, par Dieu! mais je détestais de contester aux gens un droit que Dieu leur a reconnu."
Quand les gens de (la tribu de) Aws virent l'acte de Bachir ibn Sa'd, ils se demandèrent s'ils ne valait pas mieux suivre son exemple, et abandonner Sa'd ibn Ubâda, candidat du clan des Khazradji. "Les Khazradji, dirent-ils, ne nous laisseront jamais une part de ce pouvoir; levons-nous et prêtons serment à Abou Bakr!" Le projet des Khazradji fut rompu. Il y eut mêlée pour saluer Abou Bakr, et l'on faillit écraser Sa'd ibn Ubâda, gisant sur sa civière. Ses compagnons intervinrent pour le protéger des coups.
Omar dit: "Tuez-le! Que Dieu le tue!" Abdurrahman ibn , Awf se leva pour dire: "Ô Ansârs! Bien que vous ayez du mérite, il n'y a pas dans vos rangs, des hommes pareils à Abou Bakr, Omar et Ali!" Al-Mudhir ibn al-Arqam répondit: "Nous ne récusons pas le mérite de ceux que tu viens de nommer! Il y a parmi eux un homme qui ne serait contesté par personne, s'il demandait ce droit" (Il faisait allusion à Ali ibn Abi Taleb)75
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